Réhabilitation de la profession, indemnités, logement…: Les magistrats vident leur sac

Réhabilitation de la profession, indemnités, logement…: Les magistrats vident leur sac

par Houari Barti, Le Quotidien d’Oran, 3 mars 2013

Des magistrats représentant les 10 cours de l’ouest du pays se sont réunis, hier, au niveau du pôle judiciaire d’Oran pour débattre des moyens à mettre en œuvre pour assurer l’indépendance du secteur de la justice mais aussi pour exprimer leurs préoccupations liées à l’exercice quotidien de leur profession, notamment celles ayant trait au volet socioprofessionnel.

Cette réunion régionale, la cinquième du genre, après celles d’Alger, Blida, Chlef et Constantine, en attendant celle de Ghardaïa, programmée pour samedi prochain, intervient dans un contexte marqué par une certaine «exaspération» de la part du corps des magistrats, notamment sur la question salariale et sur celle relative au droit au logement. A ce propos, M. Djamel Aïdouni, président du Syndicat national des magistrats (SNM), dira, en marge de cette rencontre, que toutes ces préoccupations d’ordre socioprofessionnel seront transmises au ministre de la Justice, garde des Sceaux. Il s’agira notamment, a-t-il précisé, de demander l’octroi de trois nouvelles indemnités, au même titre que d’autres secteurs tels les hauts cadres de l’Etat. «Nous avons appris que le Premier ministre a signé avant-hier un nouveau décret au profit notamment des P/APC et P/APW qui toucheront désormais 2 fois le salaire d’un magistrat», a indiqué le président du syndicat des magistrats. Aussi, a-t-il ajouté, pour la question relative au logement, les magistrats n’ont pas droit à plusieurs formules qui sont proposées actuellement par l’Etat, mis à part la formule du logement promotionnel qui est quant à elle jugée largement «au-dessus de leurs moyens». On proposera également, lors de notre prochaine rencontre avec le ministre, des projets de création de centres de santé et de loisirs au profit des magistrats, a-t-il encore ajouté. Autre question et non des moindres, celle ayant trait à l’indépendance de la justice, notamment sur la question portant sur les mécanismes régissant le travail des commissions de supervision des élections électorales, qui, selon M. Aïdouni, doivent être revus et corrigés. Par ailleurs, et lors des différentes interventions des magistrats, et hormis cette question relative au volet socioprofessionnel, l’accent a été mis sur la nécessité «de réhabiliter la fonction de magistrat et lui redonner tous ses caractères de noblesse» dans une époque où «le magistrat peut être, à tort ou à raison, traîné, en toute impunité, dans la boue». N’étant pas tenus, une fois n’est pas coutume, par le principe sacro-saint de devoir de réserve, vu le caractère syndical de la rencontre, plusieurs magistrats n’ont pas hésité à vider leur sac, en soulignant les contraintes qu’ils rencontrent au quotidien dans l’exercice de leur fonction, notamment en ce qui concerne la charge de travail, certains magistrats affirmant traiter quotidiennement jusqu’à 300 dossiers.

D’autres questions sont mises sur la table, notamment le droit à la formation, qui est «accordé à certains et pas à d’autres», sans qu’il y ait de critères clairs ni de transparence en matière d’éligibilité. Idem pour la question relative à l’exercice au sein de la Cour suprême, dont les membres, soutient-on, «doivent être élus et non désignés», comme cela se fait dans les pays démocratiques.