«Deux chefs terroristes encombrants»

HATTAB ET EL PARA ENFIN ENTRE LES MAINS DE LA JUSTICE

«Deux chefs terroristes encombrants»

Par Mohamed BOUFATAH , L’Expression, 26 décembre 2011

Le dossier de Hassan Hattab et d’El-Para n’est parvenu à la justice qu’en 2011.

Le sort de Hassan Hattab et El Para est désormais connu. «Le premier est sous contrôle judiciaire tandis que le second est en détention provisoire à Serkadji», a fait savoir le procureur général près la cour d’Alger, Belkacem Zeghmati. Ainsi, le feuilleton judiciaire invraisemblable des cas de Hassan Hattab et El Para ou Amari Saïfi n’a pas encore connu son épilogue. Hassan Hattab, qui aura longtemps été l’ émir de la zone 2 des GIA, et fondateur en 1998 du Gspc, est actuellement «sous contrôle judiciaire». «Il est placé sous contrôle judiciaire par le juge d’instruction après l’expiration de la période de sa mise en résidence protégée», a-t-il indiqué hier en marge de l’ouverture de l’année judiciaire.
Hassan Hattab, qui s’était livré officiellement aux autorités le 22 septembre 2007, a été placé en «résidence protégée» pour une période de 3 mois renouvelables 3 fois au maximum, conformément aux nouvelles dispositions du Code de procédure pénale. Celles-ci prévoient dès l’inculpation, soit le mandat de dépôt et donc l’incarcération, soit l’assignation à résidence, décidée par le juge d’instruction territorialement compétent.
La mise «en résidence protégée» a été décidée dès la levée de l’état d’urgence et l’entrée en vigueur de l’ordonnance portant amendement du Code de procédure pénale, les 6 et 7 mars derniers. Coupé totalement de ses «hommes» et condamné à mort par la direction du Gspc, alors entre les mains de Nabil Sahraoui, il avait réussi à fuir avec quelques éléments qui lui étaient fidèles, pour s’isoler dans sa région natale. Cependant, il ne sera pas convoqué comme témoin dans l’affaire des touristes enlevés dans le sud du pays, comme demandé par le collectif de défense. «Ce n’est pas opportun de le convoquer en qualité de témoin», a-t-il déclaré.
Le dossier de Hassan Hattab et d’El-Para n’est parvenu à la justice qu’en 2011. Ce dernier a bénéficié des dispositions de la Charte pour la paix et la Réconciliation nationale comme ses autres acolytes Athmane Touati, l’ancien «mufti» du Gspc. De son côté, Amari Saïfi, dit «El-Para» est en détention provisoire à la maison d’arrêt de Bab Djedid, Serkadji, selon la même source. El Para avait été remis par les services libyens aux autorités algériennes en 2005, après son arrestation par les rebelles tchadiens, en 2004.
Les chefs d’inculpation retenus contre les deux chefs terroristes par la justice algérienne étaient notamment: «constitution d’un groupe terroriste armé semant la terreur et un climat d’insécurité parmi la population, homicide volontaire avec préméditation et guet-apens, port d’armes à feu et munitions, kidnapping des touristes étrangers, vol avec utilisation d’armes à feu et dépôt d’explosifs dans des édifices publics.» Concernant l’affaire du scandale de Sonatrach, qui tourne au flop judiciaire, le procureur général a expliqué que l’instruction dans ce dossier présenté comme une affaire du siècle «n’ est pas encore terminée», autrement dit bâclée. «Le délai réglementaire n’a pas permis au juge d’instruction de mener une instruction assez poussée, donc le juge n’a pas eu le temps d’enquêter. Par conséquent, le parquet a fait appel et la chambre d’accusation a conclu que l’instruction n’était pas complète et demande un complément d’information sur d’autres aspects liés à cette affaire, notamment en ce qui concerne l’exécution de certaines commissions rogatoires au nombre de 4 à 5 qui n’ont pas été encore entendues», a-t-il dit.
S’agissant du procès en appel, opposant la direction générale de la Sûreté nationale (Dgsn) à la société Algerian Business Multimedia (ABM), M.Zeghmati a refusé de commenter car selon lui, le parquet est partie dans cette affaire. «Le ministère public est partie dans ce conflit. Je n’ai pas de commentaire à apporter sur une décision de justice. C’est au président de la chambre pénale en charge du dossier de trancher. C’est ce qu’il a fait», a-t-il estimé. Pour rappel, la défense s’est retirée lors de la dernière audience, au motif qu’elle n’a pas encore reçu le rapport d’enquête. Ce rapport, selon la défense, a conclu à la régularité des contrats portant fourniture de matériels informatiques, passés entre la Dgsn et la société Algerian Business Multimédia (ABM). Interrogé sur le nombre d’affaires liées au blanchiment d’argent, le même responsable dira sans donner de détails qu’«il y a quelques affaires pendantes au niveau des pôles spécialisés qui sont passés de 2 à 4 au niveau de la cour d’Alger». Par ailleurs, la cour d’Alger et ses différents tribunaux ont enregistré «un chiffre effarant en matière d’affaires relevant du pénal autrement dit la délinquance ou la petite criminalité». «Le nombre d’affaires pénales explose et augmente d’année en année», a-t-il soutenu. La cour à elle seule a examiné 26.812 affaires pénales et traité 23.424 durant l’année 2010-2011 tandis qu’on a enregistré 138.404 affaires de ce genre au niveau des tribunaux d’Alger.