Décès du professeur Ahmed Kerroumi: L’homicide volontaire, piste privilégiée des enquêteurs

Décès du professeur Ahmed Kerroumi

L’homicide volontaire, piste privilégiée des enquêteurs

Par : K. REGUIEG-YSSAAD, Liberté, 27 avril 2011

Les blessures apparentes sur la tête, au-dessus des sourcils, sur la joue droite, ainsi que sur la nuque dénotent “d’une résistance que la victime aurait opposée à son agresseur”, indique-t-on.

La thèse de l’homicide volontaire avec préméditation ayant provoqué le décès du professeur, Ahmed Kerroumi, semble retenir l’attention des enquêteurs qui privilégient cette piste eu égard aux premiers résultats de l’expertise médicale légale, avons-nous appris, mardi, de source médicale, au CHU d’Oran.
Selon cette dernière, le rapport en question met en évidence l’état de décomposition du corps de la victime qui serait morte depuis trois jours avant la découverte du corps, après sa disparition dans la matinée du 19 avril. Notre source affirme, en effet, que la mort du militant politique et syndical pourrait remonter à un intervalle de 24 heures suivant le jour de sa disparition. Les traces de blessures apparentes sur la tête, au-dessus des sourcils, sur la joue droite, ainsi que sur la nuque dénotent “d’une résistance tenace que le malheureux aurait opposée à son agresseur”, indique-t-on de même source.
En clair, une lutte sans merci aurait été engagée entre la victime et son meurtrier “qui tenait à ce que la victime se taise”, relève-t-on par ailleurs. Des traces de sang ont été découvertes sur le rebord de la cuvette des toilettes. “Ce détail renseigne sur la férocité de l’agresseur qui aurait violemment heurté la tête du professeur contre le bidet”, explique-t-on de même source.
Le décès du professeur résulterait de coups violents assenés
particulièrement à la nuque. Ces résultats scientifiques mettent un terme aux rumeurs les plus folles colportées ici et là. “Nous avons effectué trois autopsies sur la victime, qui écartent de façon tangible toutes les supputations différentes quant aux causes réelles de la mort tragique de la victime”, affirme, pour sa part, un médecin spécialiste du CHU d’Oran. Notre interlocuteur confirme que la mort a été causée par des coups portés à la tête à l’aide d’une chaise. “Il n’existe aucune trace de blessure provoquée par un objet contondant”, ajoute-t-on de même source. La disparition du professeur, Ahmed Kerroumi, avait été signalée dans la journée du 19 avril par son épouse. Le corps sans vie ne sera retrouvé que le 23 avril au siège du MDS à Oran, soit cinq jours après la disparition.
À noter que le véhicule de marque Peugeot 206 appartenant à la victime reste introuvable jusqu’à ce jour. Une source policière indique qu’alors que la victime agonisait, elle aurait été traînée jusqu’aux toilettes pour y être achevée de façon cruelle. La brigade criminelle relevant de la sûreté de wilaya a ouvert une enquête pour déterminer avec exactitude les tenants et les aboutissants de cette affaire qui a défrayé la chronique locale et nationale. Marié et père de deux enfants, Ahmed Kerroumi était très apprécié par ses étudiants et ses collègues de travail du département des sciences de l’information et de la communication qu’il a intégré depuis dix ans, quand il a été ouvert à l’institut de bibliothéconomie, à l’Enset. Ce département était encore une section qu’a dirigée un certain temps Mohamed Koursi qui se souvient parfaitement du professeur Ahmed Kerroumi.
Philosophe de formation, le défunt a assuré les charges de pédagogie et de méthodologie et préparait un doctorat en sciences de la communication à Alger. Affable, courtois et sociable, l’universitaire-chercheur, membre de la CNCD-Oran, laisse derrière lui un parcours syndical et politique ininterrompu depuis son adhésion au Pags, devenu par la suite MDS.