Le diplomate algérien Hasseni inculpé par la justice française

Le diplomate algérien Hasseni inculpé par la justice française

Pouvoir des juges ou juges du pouvoir ?

Par Ali Djezairi, Le Jeune Indépendant, 15 octobre 2008

Coup de théâtre hier à Paris dans l’affaire politico-judiciaire dans laquelle est impliqué notre diplomate Mohammed Ziane Hasseni, directeur en charge du protocole du ministère des Affaires étrangères, auquel on voudrait imputer une curieuse responsabilité dans l’assassinat de l’avocat algérien Ali Mecili en 1987. La cour d’appel a confirmé l’inculpation de Hasseni malgré le non-lieu requis par le parquet général.

Le premier coup asséné par l’appareil judiciaire français a été donné lors de l’arrestation brutale de Mohammed Ziane Hasseni le 15 août dernier au niveau de la PAF française de l’aéroport de Marseille, lors d’un un voyage privé. La méthode musclée et sans aucune réserve, normalement accordée au titulaire d’un passeport diplomatique, renseigne sur une certaine complaisance des autorités politiques, d’habitude si promptes à protéger les usages en matière de contentieux avec les officiels d’un pays tiers. La presse internationale a eu à souligner ce voyage sous escorte et sans ménagement de notre haut commis de l’Etat, transféré comme un vulgaire voyou, par train, de Marseille vers Paris.
Après moult protestations de l’accusé qui a été mis en examen suite à une instruction judiciaire essentiellement basée sur de prétendues révélations publiées en avril 1993 par le journaliste Michel Naudy dans son livre un Crime d’Etats, l’affaire Mecili, le parquet de Paris décide de sa mise sous contrôle judiciaire assortie à une interdiction de quitter le territoire. Assisté de son conseil, en l’occurrence maître Pelletier, M. Mohammed Ziane Hasseni n’a pas cessé de clamer son innocence dans ce qui apparaît comme une confusion de filiation liée à un autre individu portant le même nom. Pourtant, le 16 août, l’AFP annonce que le diplomate est mis sous examen par ce même magistrat qui a délivré un mandat d’arrêt en 2007 contre M. Hasseni. Maître Pelletier déclare alors : «C’est à l’accusation d’apporter les preuves de la participation de mon client à cette curieuse affaire, qui s’est déroulée il y a plus de vingt ans (…) Mais je pense que le juge commence à percevoir les failles de l’accusation.» C’est que l’avocat n’ignore pas que le ministère public s’était en effet prononcé contre la délivrance par le juge du mandat d’arrêt, estimant qu’il ne «s’imposait pas». Bon gré, mal gré, les autorités à Alger, au-delà des protestations exprimées par le porte-parole du gouvernement, M. Boukerzaza, décident de constituer un collectif d’avocats par le biais de la chancellerie algérienne à Paris, en attendant une nécessaire relaxe dans ce qui est considéré comme une méprise judiciaire. Sagesse récompensée puisque le parquet général de Paris requiert le non-lieu comme un écho à la position du ministère public, défavorable déjà au mandat d’arrêt lancé en décembre 2007.
Mais voilà qu’un étrange rebondissement vient confirmer l’acharnement de la justice française contre un haut commis de l’Etat algérien par cette décision plutôt inattendue de la cour d’appel de Paris qui vient de confirmer l’inculpation pour «complicité d’assassinat» de Mohammed Ziane Hasseni, ce qui fera dire à son avocat : «Je voudrais exprimer ma très profonde déception, d’autant plus qu’il est rarissime que le parquet général se joigne à une demande de la défense et soit balayé comme ça.»
Une affaire politico-judiciaire qui risque de compliquer davantage les relations entre l’Algérie et la France parce qu’il est à prévoir une réaction d’envergure de nos autorités qui ne sauraient tolérer ce jeu malsain d’un Etat français qui titillerait Alger en se cachant derrière la toute puissance de ses juges. Si le parquet de Paris venait à se faire TPI, il est fort à craindre que l’Algérie riposte énergiquement contre l’usurpation. A. D.