Lutte contre les violences à l’égard des femmes: Les chefs de police africains adoptent un plan d’action

Lutte contre les violences à l’égard des femmes

Les chefs de police africains adoptent un plan d’action

El Watan, 9 mars 2016

Les travaux de la 5e Assemblée générale de la Déclaration de Kigali, sur le rôle des services de police dans la lutte contre les violences à l’égard des femmes et des filles, ont pris fin hier matin à Alger, avec l’adoption d’une plateforme dite d’Alger, articulée autour de 14 recommandations. Les expériences algérienne et rwandaise, comme modèle de lutte…

C’est en fin de matinée que les chefs de police d’une vingtaine de pays africains et les experts de l’ONU et de l’Union africaine ont achevé les travaux de la 5e Assemblée générale de la Déclaration de Kigali, sur le rôle des services de police dans la lutte contre les violences à l’égard des femmes et des filles, avec l’adoption d’une déclaration commune, dite d’Alger, qui s’apparente à un plan d’action articulé autour de 14 recommandations.

Il s’agit tout d’abord de renforcer les capacités de la police africaine, de la professionnaliser pour la rendre plus efficace en matière de lutte contre ces violences, de prévention mais aussi de prise en charge des victimes. C’est ce qu’a indiqué, hier, le directeur de la police judiciaire, Ali Ferrague, lors d’un point de presse.

Cette plateforme appelle les services de police au renforcement de leurs moyens pour poursuivre, rechercher et enquêter sur les auteurs des violences et pour assurer une prise en charge des victimes et encourager le recrutement de femmes policières à tous les échelons sécuritaires, tout en veillant à leur promotion à des postes de responsabilité. Pour le directeur de la police judiciaire, les chefs de police africains «estiment que les violences à l’égard des femmes constituent une violation des droits de l’homme et de la dignité humaine. Une des 14 recommandations est d’empêcher l’impunité qui profite aux auteurs des violences.

La présente plateforme recommande l’adaptation de la législation africaine relative aux droits de l’homme». Le contrôleur Ali Ferrague n’a pas manqué de relever que les conférenciers ont mis l’accent sur la nécessité de la multiplication des cycles de formation au profit des agents chargés de l’application de la loi, afin d’améliorer le professionnalisme des organes de sécurité africains. Il a, par ailleurs, ajouté que les participants à cette assemblée générale «ont insisté sur la mise en place de différentes formules de partenariat, en mettant en avant l’échange d’informations ainsi que le renforcement des synergies de partenariat entre les pays africains.

Il est question aussi d’améliorer la coopération entre les services de sécurité en Afrique, tout en s’appuyant sur les mécanismes d’Afripol en termes d’échange d’informations et de partage des expériences et des bonnes pratiques. A ce titre, les expériences algérienne et rwandaise ont suscité un intérêt particulier, parce qu’elles peuvent constituer des modèles de bonnes pratiques en matière de lutte contre les violences à l’égard des femmes, de prévention mais surtout d’anticipation sur ce fléau planétaire grâce à des solutions innovatrices».

L’orateur rappelle «les efforts consentis par l’Algérie pour faire face à ce phénomène, en précisant que le nombre de 20 000 policières dans les rangs de la police met le pays en situation de leader, surtout lorsque l’on sait que des pays, comme le Sénégal, par exemple, ne comptent que 9000 policiers et que de nombreux autres pays africains ont un effectif compris entre 10 000 et 12 000 policiers seulement.

L’Algérie est aussi l’un des rares pays disposant d’une base de données sur les violences à l’égard des femmes, permettant ainsi la planification d’une stratégie de lutte, alors que de nombreux pays africains n’ont aucune information sur le phénomène de la violence». Auparavant, l’inspecteur général de la police rwandaise, Emmanuel Kasaka, a clôturé les travaux par un hommage à l’Algérie et souhaité la mise en application des recommandations.

Quant au Directeur général de la Sûreté nationale, Abdelghani Hamel, il a mis l’accent sur l’importance des travaux de la conférence qui, dit-il, ont été réhaussés par la présence du secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, et de hautes personnalités onusiennes et africaines qui «encouragent les services de police africains à endiguer le fléau de la violence à l’égard des femmes».

Pour Hamel, il est important de cerner cette violence, d’en identifier les auteurs et de prendre des mesures contre ce fléau à travers la mise en œuvre des différents instruments nationaux, régionaux et internationaux. L’expérience rwandaise est à ce titre très louable et pourrait être un modèle de lutte contre les violences. Le directeur général de la police a remis des distinctions à plusieurs femmes, faisant partie de l’Onu, du ministère de la Solidarité et de la DGSN, qui ont pris part à l’organisation de la conférence.

34 femmes assassinées en 2015 et 9663 violentées

Durant l’année 2014, les services de police ont enregistré 9191 plaintes pour violence déposées par des femmes. Ce nombre a connu une hausse en 2015, pour atteindre 9663 victimes de violence.

Cette évolution est le résultat, explique Kheira Messaoudène, commissaire divisionnaire directrice du bureau chargé des violences à l’égard des enfants et des femmes, «d’une prise de conscience des femmes, et ce, grâce aux campagnes médiatiques de dénonciation des violences qui ont rendu visible l’invisible».

Selon elle, les femmes mariées sont plus exposées aux agressions que les célibataires. «Elles sont dans la majorité des cas battues par les époux.

Nous axons notre travail sur le refus de toute impunité, puisque même si la victime décide de retirer sa plainte, la procédure reste engagée et c’est à la justice d’en décider», précise Mme Messaoudène en regrettant que, durant l’année 2015, 34 femmes ont malheureusement été assassinées. S. T.

Salima Tlemçani