Code de la famille: «Un enjeu électoral»

CODE DE LA FAMILLE

«Un enjeu électoral»

El Watan, 10 mars 2004

Dans un long discours adressé à un parterre de femmes et ce, à l’occasion du 8 mars, M. Bouteflika a promis la révision du code de la famille.

Etant donné l’importance de ce dossier, l’orateur a soutenu que sa révision interviendra après l’élection présidentielle et ce, pour éviter que ce sujet ne soit un enjeu électoral. M. Bouteflika a souligné qu’il y aura renforcement du dispositif juridique concernant la femme algérienne, afin de lui permettre de s’affranchir des contraintes sociales et de jouir pleinement et effectivement des droits qui lui sont garantis par la Constitution. «Nous devons prendre les mesures nécessaires pour mettre notre législation en conformité avec le droit international en matière de droits des femmes, et pour engager la ratification des instruments qui ont des incidences sur leur statut juridique», a annoncé le président-candidat qui a indiqué en outre : «Nous devons réexaminer la pertinence des réserves qui avaient été formulées par l’Algérie au moment de la ratification de la Convention internationale sur l’élimination de la discrimination à l’égard des femmes», dira-il. Ce dernier a indiqué que la loi, aussi révolutionnaire soit-elle, ne suffit pas par elle-même à modifier un ordre social fondé sur un soubassement séculaire. Il appartient également à tous les acteurs sociaux de participer à cette vaste action qui vise d’abord à faire évoluer les mentalités sans porter atteinte à la cohésion sociale. Toutefois, plusieurs représentantes d’associations féminines ne nient pas que toutes les propositions allant dans le sens de l’amélioration de la situation de la femme sont les bienvenues. Elles estiment avoir toujours revendiqué l’abrogation du code de la famille qui est anticonstitutionnel. Aujourd’hui que M. Bouteflika, le confirme et promet de se référer à la Constitution pour régler ce problème, l’on peut considérer ce fait comme étant une avancée dans notre pays. «Cela fait vingt ans que nous demandons l’abrogation du code de la famille qui ne consacre pas la légalité entre l’homme et la femme. Si l’on suit la logique de M. Bouteflika il envisage de supprimer le wali matrimonial de revoir la pension alimentaire pour les enfants, de supprimer l’article 52, ce sont des décisions des plus importantes, pourvu qu’elles se concrétisent sur le terrain», a souligné une militante d’une association. Celle-ci ne comprend, cependant, pas pourquoi M. Bouteflika n’a pas pris ces décisions durant ces cinq ans à la direction du pouvoir. «Pourquoi les 8 Mars des années précédentes le président n’a pas affiché sa volonté politique de régler définitivement la question du code de la famille. Pourquoi avoir attendu la veille d’une échéance électorale. Nul n’est dupe…», a-t-elle soulignée. M. Bouteflika, dans son discours, s’est interrogé comment aujourd’hui une femme, ministre ou wali, pourrait-elle être confinée à la tutelle pour ce qu’il y a de plus essentiel dans sa vie ? Comment, divorcée, pour aller faire soigner ses enfants, aurait-elle besoin d’un visa, toujours arbitraire du reste, du père de sa progéniture. Pour lui, le problème du domicile conjugal est poignant. «Le législatif et l’exécutif sont interpellés pour prendre les mesures qu’imposent l’équité, le bon sens et l’évolution harmonieuse de la société algérienne», dira-t-il. Plusieurs initiatives similaires ont été annoncées de par le passé, mais aucune n’a été appliquée sur le terrain. A l’époque de Mme Méchernène, 22 amendements des articles du code de la famille ont été proposés, des commissions se sont penchées sur ce travail qui n’a jamais vu le jour. Aujourd’hui, les responsables des associations féminines affirment que celui qui sera élu à la tête de l’Algérie doit impérativement s’aligner sur nos pays voisins, notamment la Tunisie et le Maroc qui nous dépassent de loin dans ce domaine. Toutefois, ces femmes qui se battent quotidiennement déclarent que la femme reste un enjeu électoral et qu’aucun candidat ne peut réfuter cette thèse…

Par Nabila Amir