L’urbanisation anarchique a causé la perte de 200 000 hectares de terres agricoles

Les dommages se chiffrent à plusieurs centaines de milliards de dinars

L’urbanisation anarchique a causé la perte de 200 000 hectares de terres agricoles

par Abderrahmane Timizar, Le Jeune Indépendant, 13 décembre 2005

Depuis l’indépendance, l’Algérie a enregistré une déperdition de plus de 200 000 hectares de terres agricoles par la faute d’une urbanisation effrénée et anarchique ainsi que l’inconscience de responsables qui se sont «illustrés» par leur mauvaise gestion.

A cela, il faut ajouter le phénomène de la désertification, qui risque de faire disparaître 7 millions d’hectares, et de la salinisation de quelque 500 000 autres. Face à cela, les autorités publiques se devaient de réagir par des mesures de nature à parer à la perte de ces terres et à l’investissement improductif qui les frappent.

L’Algérie a vécu, ces quarante dernières années, une anarchie urbanistique caractérisée par une dilapidation incroyable de vastes superficies agricoles utiles (SAU). Plusieurs milliers d’hectares entièrement destinés à l’agriculture ont été détournés de leur vocation initiale.

Si l’on évalue, en termes financiers, les richesses que pouvaient générer ces terres, on se rend compte que l’Algérie a perdu plusieurs centaines de milliards de dinars. Le constat, bien amer, est visible sur pratiquement l’ensemble du territoire national.

Cette situation est aggravée par une mauvaise gestion dans le partage des richesses entre régions, et ce, par faute d’absence quasi totale d’un aménagement du territoire. Cela s’est traduit par un déséquilibre avéré dans l’investissement productif créateur de richesses et d’emploi.

Pis, l’Algérie est menacée par le phénomène de désertification qui risque de faire disparaître 7 millions d’hectares, situation aggravée par la salinisation de quelque 500 000 hectares de terres ne pouvant plus servir à l’agriculture.

Il faut noter, également, que la superficie perdue depuis l’indépendance, soit près de 200 000 hectares, demeure très élevée tout en étant aggravée par une mauvaise gestion des ressources naturelles et un déséquilibre dans l’investissement productif.

Toutefois, l’Algérie, à travers ses institutions, a mis en œuvre depuis ces 7 dernières années des mesures allant dans le sens du développement et de la préservation des potentialités et des richesses nationales. Plus de 430 000 hectares de terres agricoles récupérés Le développement agricole et rural a été considéré comme la meilleure politique pour un développement équilibré des populations et la réduction de la pauvreté.

En effet, grâce à la mise en valeur des terres par le biais de la Générale des concessions agricoles (GCA), plusieurs milliers d’hectares de terres utiles à l’agriculture ont été récupérés. Cette politique a été davantage renforcée ces trois dernières années et rendue plus efficace grâce à une gestion rigoureuse et objective du programme de mise en œuvre décidé par le ministère de l’Agriculture et du Développement rural.

Plus de 430 000 hectares de terres agricoles ont été récupérés grâce au programme de mise en valeur qui a stabilisé les populations et freiné l’exode rural. Création de milliers d’emplois, amélioration foncière, plantations agricoles, gestion des ressources hydriques, ouverture des pistes et électrification des zones rurales, lutte contre la désertification et maintien de la stabilité des populations, telles sont les grandes réalisations enregistrées par la GCA en tant qu’instrument de régulation et de gestion des ressources pour une meilleure mise en valeur des terres.

Cette politique, qui va dans le sens du Plan national de développement agricole et rural (PNDAR), a été d’un apport considérable pour la préservation des ressources naturelles de certaines régions menacées de disparition. La GCA a réussi à rendre plus fertile des milliers d’hectares grâce au programme de mise en valeur.

Selon son président-directeur général, M. Nouredine Fayçal, l’»objectif est de réaliser d’ici à l’an 2009 la mise en valeur de près de 700 000 hectares, répartis sur l’ensemble des wilayas du pays». La mise en valeur des terres, telle qu’annoncée dans le plan quinquennal du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a permis de réaliser durant ces trois dernières années des objectifs à caractère politique, social et économique visant une meilleure stabilité des populations.

Selon M. Nourredine Fayçal, «les projets retenus et exécutés par la GCA ont déjà donné des résultats positifs qu’on peut juger sur le terrain. Ces projets ont permis de préserver les ressources naturelles des zones rurales et montagneuses».

Il a par ailleurs indiqué que la création de richesses et d’emploi à travers les projets de mise en valeur a freiné l’exode rural. Ce résultat attendu est dû à l’application sur le terrain des orientations du chef de l’Etat, qui a manifesté un intérêt particulier pour le développement de l’agriculture dans les zones rurales.

De son côté, le ministère de l’Agriculture et du Développement rural veille à l’application de ce programme grâce à une gestion rigoureuse des objectifs à réaliser à travers la mise en valeur des terres. M. Nourredine Fayçal indique que la mise en valeur «demeure la seule stratégie pour améliorer les conditions de vie des populations et préserver les ressources naturelles».

Impliquer les populations rurales pour la valorisation des ressources du domaine national Les résultats affichés par la GCA sont remarquables et permettent aujourd’hui de poursuivre la politique de mise en valeur. Grâce aux efforts entrepris à différents niveaux, la GCA a obtenu d’excellents résultats durant la période allant de janvier à octobre 2005.

Pas moins de 107 hectares ont été mis en valeur. La GCA a également créé pas de moins de 25 000 concessions dont 1 100 durant la même période. Le programme de mise en valeur a généré plus de 150 000 emplois durant ces deux dernières années, passant de 116 676 en 2004 à 150 619 à la fin d’octobre 2005.

Selon M. Nouredine Fayçal, «33 943 emplois ont été créés durant la période janvier-octobre 2005», expliquant par ailleurs que la principale action de mise en valeur réalisée est l’amélioration foncière, intervenue au fil des ans. A titre d’exemple, 126 000 hectares ont été améliorés cette année, soit 10 473 hectares de plus par rapport à l’année dernière.

Ce programme vise essentiellement la mise en valeur par la concession des terres du domaine privé de l’Etat situées en zones sahariennes, steppiques et montagneuses. Le programme de mise en valeur des terres par la concession vise l’implication des populations rurales dans l’exploitation et la valorisation des ressources naturelles du domaine national.

L’objectif de l’implication des populations a été atteint par la GCA, d’autant plus que les projets de mise en valeur sélectionnés, au nombre de 676, visent une action globale d’intérêt commun permettant l’amélioration du cadre de vie des populations, et ce, à travers plusieurs régions du pays.

Il s’agit, par exemple, des actions entreprises dans le domaine de l’hydraulique pour rendre les ressources hydriques plus accessibles à certaines populations. A cet effet, 643 forages ont été réalisés durant ces dernières années.

Dans ce cadre, le programme de mise en valeur a donné la priorité aux zones sahariennes où la totalité des projets lancés ont été réalisés, soit 1 031 forages dont 92 durant l’année en cours. Toujours dans le souci de préserver les ressources naturelles et la prospérité des populations, différents projets ont été lancés ou déjà réalisés dans le domaine de l’irrigation, de l’électrification des zones rurales et de l’ouverture des pistes pour accroître la productivité et stabiliser les populations.

En plus, des projets agricoles, dont de multiples plantations fruitières réalisées sur une superficie de 61 202 hectares à travers l’ensemble des wilayas du pays, ont été lancés. 7 millions d’hectares menacés par la désertification L’Algérie se trouve confrontée au phénomène de la désertification.

Quelque 7 millions d’hectares de terres sont menacés et près de 500 000 autres touchés par la salinisation. M. Nouredine Fayçal explique que «la politique de mise en valeur des terres permet, d’une façon ou d’une autre, de lutter efficacement contre la désertification et de donner vie à des zones rurales menacées par ce phénomène».

Il faut signaler justement que «les projets à promouvoir s’inscrivent dans des périmètres où les objectifs de mise en valeur sont déterminés en fonction des orientations essentielles que sont les composantes agrosylvopastorales, la viabilisation et la réalisation d’équipements socio-économiques et socioculturelles ainsi que l’amélioration du cadre de vie».

La Générale des concessions agricoles a réussi à traduire sur le terrain ces orientations politiques. «Le programme d’action a été adapté aux conditions spécifiques de chaque zone dans le respect des potentialités naturelles et dans le souci de la préservation, la valorisation et l’exploitation des ressources naturelles», a tenu à souligner le président-directeur général de cet organisme.

Et d’ajouter : «Par le biais des concessions agricoles, des activités de production et de services en milieu rural ont été créées.» Plusieurs autres objectifs ont été réalisés, à savoir l’amélioration du niveau de productivité, notamment pour les cultures stratégiques, et l’implication des populations rurales dans la gestion des ressources créées par la GCA après la mise en œuvre d’un programme de développement rural durable.

A. T.