Agriculture: 2016, année des grandes concessions

Agriculture

2016, année des grandes concessions

El Watan, 26 décembre 2016

2016 aura été sans nul doute l’année des grandes concessions agricoles. Des concessions qui s’étalent sur les centaines d’hectares dans les régions du Sud et des Hauts-Plateaux. .

C’est la nouvelle approche lancée par le gouvernement dans ce secteur névralgique. Au total, le ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche a attribué une superficie de plus de 600 000 hectares pour la réalisation de projets structurants au profit de 1500 investisseurs porteurs de projets structurants. Le cap est ainsi mis, dans le cadre de cette démarche, sur l’encouragement du partenariat entre le privé algérien et les opérateurs étrangers en ciblant les cultures stratégiques dont dépend la sécurité alimentaire du pays.

Rien qu’au premier semestre de l’année qui s’achève, le département de l’agriculture a reçu 80 demandes d’investissement déposées au MADRP au cours du premier semestre 2016. Quelques mois plus tard, en septembre, l’Algérie et la Chine ont signé un protocole d’accord pour l’exécution de la deuxième phase du projet pilote de l’aménagement des terres agricoles salines dans la région de Hmadnas (Relizane). Un projet considéré comme stratégique pour l’Algérie avec l’extension considérable de la salinisation des terres agricoles, particulièrement dans les zones arides et semi-arides.

Toujours en matière d’investissements étrangers, le fait le plus maquant reste le démarrage du projet de partenariat algéro-américain (signé fin 2015) dans la vallée de Dayet El-Bagra, au sud d’El Bayadh dans l’élevage bovin. Lancé durant le dernier trimestre 2016 et représenté pour la partie algérienne par le groupe Lacheha, ce partenariat algéro-américain mise sur la mise en forme d’un investissement agricole moderne usant de technologies de pointe pour le développement de la production végétale et animale.

Pôles agro-industriels au Sud

S’étendant sur une superficie de 20 000 hectares, ce projet a, faut-il le rappeler, été retenu dans le cadre de la concession agricole prévue par les pouvoirs publics pour booster l’investissement. Il porte essentiellement sur la réalisation d’une ferme-pilote d’élevage de près de
20 000 vaches laitières, en plus de la culture de la pomme de terre, des céréales et de cultures fourragères. Il permettra la création de 1500 emplois directs dans cette région connue par la forte demande en emplois.

D’autres grands projets sont également en phase de développement. Ils connaissent une cadence de réalisation appréciable qui leur permet d’entrer en phase de production dans les mois prochains. Pour Slemnia Bendaoud, expert agricole, l’Algérie est enfin devenue une destination attractive pour des grandes firmes étrangères, notamment celles issues du continent américain. «Le sud du pays et la région de Brezina (wilaya d’El Bayadh) sont désormais des pôles agro-industriels par excellence autour desquels l’avenir agricole de l’Algérie est en train d’écrire ses plus belles pages», soulignera-t-il. Et de parler de «sursaut dans la prise de conscience en nos réelles possibilités de pouvoir substituer l’or vert à l’or noir».

La Californie algérienne est-elle possible ? «C’est plutôt à cette question désormais bien simple que tenteront de répondre les initiateurs de ces mégaprojets», répondra-t-il.

Pour notre interlocuteur, même si le choix est risqué, l’arrivée des Américains spécialistes dans la production du lait, des céréales, des fourrages et de la pomme de terre aura pour effet de contrer l’hégémonie de l’Europe sur l’Algérie et le continent. M. Bendaoud va plus loin en affirmant que ce partenariat fera de l’Algérie cette nouvelle base qui dessaisira toute l’Afrique «des griffes et tentacules des grands trusts européens du maraîchage».

Mais aussi, faudrait-il rappeler que beaucoup reste à faire dans l’agriculture. La mécanisation du secteur, la main-d’œuvre qualifiée, l’organisation des circuits de distribution, le conditionnement des produits et le développement de la connexion avec le monde industriel sont des pas en attente d’être franchis. De même pour la généralisation de l’irrigation dans un pays où l’accès à l’eau pour l’agriculture demeure encore problématique avec une forte dépendance aux aléas climatiques.

Samira Imadalou