Télécoms : comment réduire la part étrangère sans nuire à la concurrence

Télécoms : comment réduire la part étrangère sans nuire à la concurrence

par Farid Farah, Le Quotidien d’Oran, 28 mars 2012

Cela fait plus de dix ans que le gouvernement algérien a ouvert le secteur des télécommunications et le spectre de fréquences à la concurrence nationale et internationale. Deux licences GSM ont en effet été attribuées à deux opérateurs étrangers. Mais, au cours de cette décennie, les bouleversements technologiques n’ont jamais cessé de converger les activités des sociétés des télécommunications avec celles des télédiffuseurs. Les nouveaux médias sont, désormais, gérés par les opérateurs de télécommunications. Les contenus multimédia sont visionnés en ligne. En Algérie, l’Internet haut débit n’est toujours pas réglementé. C’est cette technologie qui supportera la diffusion des contenus audiovisuels, jouant ainsi un rôle majeur dans la promotion de la culture de masse. Lorsque la 3G sera disponible chez un opérateur étranger, qui validera le contenu des programmes ? L’opérateur ou une autre entité ! Le dirigeant étranger réussira-t-il à choisir des programmes en phase avec les valeurs culturelles des abonnés. Il faudra donc bien envisager de revoir les textes juridiques régissant l’activité générale des télécommunications en Algérie avant le lancement des réseaux ultrarapides. La régulation des télécommunications gagnerait à être claire, concurrentielle, génératrice de revenus économiques. Plus pour le pays que pour les actionnaires des opérateurs. Elle devra être aussi rassurante en matière du contrôle des flux de données. Un support juridique, spécifique aux télécommunications s’avère donc nécessaire. Il veillera à ce qu’aucun groupe de pression étranger n’ait le contrôle de fait, d’une entité de droit algérien, que ce soit en matière de politique de tarification, de marketing, de ressources humaines, d’édition de contenus, ou encore de télécommunications.

Trouver un terrain de compromis entre l’accroissement de la concurrence dans ce secteur et le confinement d’une propriété étrangère dominante sur le marché n’est pas aisé. Comme le montrent les circonvolutions du dossier Djezzy depuis deux ans. La convergence de la régulation toque à la porte. Il n’est plus soutenable d’avoir deux ensembles de règles. L’un destiné à l’activité commerciale, l’autre aux activités des télécoms. Le numérique permet à un opérateur d’offrir des services multimédia multilingues, à travers des réseaux rapides filaires et sans filaires totalement numériques. Par conséquent, sans aucune légalité juridique. Editer un contenu n’est pas du sort du «Télécom», mais celui de l’entité «communication». Les nouvelles règles devront donc bien distinguer entre contenu et distribution.