Le Sud ne décolère pas

Grèves de Ghardaïa à Tamanrasset

Le Sud ne décolère pas

Le Soir d’Algérie, 14 janvier 2015

La grève s’est poursuivie pour son deuxième jour, hier, à Ghardaïa où les commerçants mozabites ont maintenu les rideaux baissés. Alors qu’à In Salah, la ville demeure entièrement paralysée, à Tamanrasset, plusieurs secteurs, à commencer par les transports, sont depuis lundi soir à l’arrêt.
Colère et débrayage à Ghardaïa, manifestations quasi-quotidiennes à In Salah, et grèves et solidarité à la capitale de l’Ahaggar. Le Sud algérien connaît depuis le début de l’année 2015 une large mobilisation jamais égalée.
Selon le fédéral du FFS, à Ghardaïa, Hammou Mosbah, les commerces du centre-ville de la Vallée du M’zab sont restés fermés hier, deuxième jour de grève. Pour rappel, cette action se veut un geste de protestation des commerçants mozabites contre le décès de trois personnes âgées asphyxiées chez elles par le gaz lacrymogène lors des affrontements entre gendarmes et citoyens.
En réaction aux déclarations des autorités locales qui ont démenti ces faits, Hammou Mosbah explique : «Elles ont raison de parler ainsi, car il n’y a pas eu d’autopsie. Les trois victimes n’ont pas été transportées à l’hôpital. Vu leur âge avancé, nous avons préféré les enterrer sans plus attendre. C’était aussi le souhait de leur famille…».
Notre interlocuteur fait savoir par ailleurs que des 18 Mozabites arrêtés dimanche par la gendarmerie, 6 individus, dont un mineur ont été relâchés tard dans la soirée de lundi, alors qu’un autre souffre d’une maladie chronique selon toujours la même source qui affirme que depuis lundi soir, la ville baigne dans un calme précaire. «Les affrontements ont cessé mais peuvent toujours reprendre d’un moment à l’autre», ajoute-t-il. Par contre, une petite altercation entre Chaâmbis et Mozabites a eu lieu avant-hier à Berriane, plus précisément au niveau du quartier Baba Saâd.
A In Salah, la population occupe toujours la rue pour protester contre l’exploitation du gaz de schiste, selon le sénateur issu de la région, Abbas Bouaâmama. Ce dernier confirme l’information selon laquelle la présidence de la République prévoit l’envoi d’un émissaire sur place pour ouvrir le dialogue avec les notables et délégués des manifestants.
La ville reste totalement gelée de toute activité. A Tamanrasset, la population a décidément emboité le pas, par solidarité. Selon le sénateur RND, plusieurs secteurs sont à l’arrêt. Après la grève générale des transports locaux et inter-wilayas, déclenchée lundi soir, plusieurs autres secteurs, entre commerces et administrations, ont suivi hier, mardi. La protestation contre l’exploitation du gaz de schiste mobilise visiblement plus que jamais.
La population du Sud ne semble pas décolérer jusqu’à cessation du premier forage de schiste de Tidikelt, à In Salah, inauguré en catimini fin décembre 2014, par le ministre de l’Energie.
Mehdi Mehenni