Rencontre gouvernement-UGTA-patronat

Rencontre gouvernement-UGTA-patronat

Les salaires et la corbeille commune

Le Quotidien d’Oran, 16 juillet 2005

Il n’y a pas pour l’instant d’accord ou de consensus sur l’augmentation du SNMG et la révision de l’article 87 bis de la loi 90-10 au sein des commissions mixtes travaillant dans le cadre de la tripartite. «Nous n’en sommes pas encore là», a déclaré, à ce sujet, Ahmed Ouyahia, à l’issue d’une rencontre au sommet regroupant le secrétaire général de l’UGTA et les responsables des six organisations patronales, jeudi, à Alger.

Cette réunion à huis clos a permis aux trois parties de suivre l’évolution des travaux des différentes commissions avant une priorité, la remise des conclusions d’ici fin juillet pour la préparation de la prochaine rencontre gouvernement-UGTA-patronat en septembre.

Le chef du gouvernement vient ainsi fermer la porte aux spéculations sur une éventuelle revalorisation du SNMG ou une révision de l’article 87 bis. Interrogé à ce sujet, le ministre des Finances Mourad Medelci avait déclaré qu’il n’excluait pas une revalorisation du SNMG et qu’il ne l’annonçait pas non plus. Pour Ahmed Ouyahia, tous les partenaires de la tripartite reconnaissent que la révision de l’article 87 bis «n’est pas une mince affaire». Elle bute actuellement sur les répercussions qu’elle engendrerait sur les finances de l’Etat.

Les effets induits par l’ajustement du SNMG représenteraient une dépense supplémentaire de 500 milliards de DA concernant la fonction publique et 40 milliards de DA pour le secteur économique public. «70% des EPE seraient menées à la faillite immédiatement», avaient indiqué les responsables lors de la tripartite. Il est évident, pour l’exécutif, qu’une telle approche serait «asphyxiante pour l’outil de production, conduirait à une inflation forte, à l’érosion du pouvoir d’achat et aboutirait à des conséquences négatives pour les travailleurs eux-mêmes».

Lors de la réunion de jeudi, le gouvernement, l’UGTA et le patronat ont décidé de laisser les deux commissions chargées de l’évaluation de l’impact d’une révision de l’article 87 bis sur l’économie et le privé, ainsi que sur la fonction publique de poursuivre leurs travaux jusqu’à début septembre, selon un membre de l’UGTA. «Les deux commissions ont progressé dans leurs évaluations. Une nouvelle réunion doit avoir lieu la semaine prochaine. En rendant nos conclusions début septembre, nous maintiendrons le rendez-vous de la tripartite courant ce mois», précise-t-il.

Pour Ahmed Ouyahia, le rendez-vous pris pour le mois de septembre, lors de la tripartite des 3 et 4 mars derniers, est maintenu. D’autant qu’il a estimé que les différentes parties ont bien avancé sur l’élaboration du pacte national économique et social.

L’état des lieux de la conjoncture économique et sociale et les perspectives du pacte sont achevés, selon lui, à «95% au moins». Les trois composantes du dialogue ont chacune élaboré des propositions en ce sens.

L’exécutif, la centrale syndicale et le patronat se sont accordés, selon Ahmed Ouyahia, à «déposer dans une corbeille collective» leurs dernières conclusions concernant le pacte d’ici fin juillet pour la réalisation du pacte. Il est probable qu’un groupe de travail mixte sera installé pour l’élaboration du pacte à partir des différentes conclusions.

Abdelmadjid Sidi Saïd a indiqué que le pacte économique et social est «un pacte pratiquement sociétal» dont l’élaboration permet de faire le bilan, tracer les perspectives et démontrer qu’il existe «une dynamique civilisationnelle entre les différents partenaires en vue de remettre en route de façon consensuelle la machine économique dans sa dimension sociale». Partant de là, le patron de la Centrale précisera qu’il ne sera pas seulement un contrat. C’est, selon lui, «un accord sociétal qui puisse nous projeter dans l’avenir». Un avis que semblent partager les responsables des organisations patronales. «Nous tentons de trouver des solutions qui conviennent aux trois parties en tenant compte de l’expérience des années précédentes», a souligné pour sa part le patron de la CNPA, M. Naït Abdelaziz. Les premiers contours du pacte national économique et social devraient être connus d’ici la prochaine rencontre au sommet entre le chef du gouvernement, le secrétaire général de l’UGTA et les six responsables des organisations patronales. Elle devrait avoir lieu d’ici à la fin du mois lors de la remise de la conclusion des travaux des commissions mixtes.

Samar Smati