L. Hanoune: “Le pouvoir d’achat des algériens réduit de 40%”

Conférence de presse de Louisa Hanoune

“Le pouvoir d’achat des algériens réduit de 40%”

Par Karim Daoudi, Liberté, 23 juin 2005

La porte-parole du PT affirme que “la loi sur l’eau permettra aux concessionnaires d’en déterminer les prix et bientôt les citoyens ne pourront pas y accéder”.

Le Parti des travailleurs a recueilli 214 000 signatures contre la nouvelle loi sur les hydrocarbures adoptée par le parlement au début de l’année en cours. C’est ce qu’a annoncé sa porte-parole lors d’une conférence de presse qu’elle a animée, hier, au siège national de sa formation à El- Harrach.
Intervenant au lendemain de la réunion du secrétariat politique, la sortie médiatique de Louisa Hanoune a été un véritable réquisitoire contre les réformes économiques et la mondialisation. “Les décisions prises, la privatisation, l’augmentation des prix et par conséquent le recul du pouvoir d’achat des algériens, de 40%, angoissent, dira-t-elle, au plus haut point les citoyens qui ne cessent de s’en plaindre aux responsables du parti à travers toutes les wilayas du pays”. Engagée depuis quelques mois déjà dans l’opération du “serment du 24 février”, une action visant à remettre en cause le nouveau texte sur les hydrocarbures, Louisa Hanoune se lance dans une autre bataille contre la loi sur l’eau votée, récemment, par l’Assemblée populaire nationale. Ne croyant plus aux assurances du ministre des ressources en eau, Abdelmalek Sellal, qui d’ailleurs, selon elle, ont été démenties par l’annonce de l’arrivée en septembre prochain de la Suez des eaux, la porte-parole du PT affirme que cette loi permet bel et bien “aux concessionnaires de définir les prix de cette ressource vitale et bientôt les citoyens ne pourront pas y accéder. C’est la privatisation de l’État, par le biais de la privatisation des services publics d’où d’ailleurs, il tire toute sa puissance et son existence”, s’insurge mme Hanoune qui pense avoir décelé la main extérieure derrière le vote de toutes ces lois par le parlement algérien. Cette main étrangère n’est pas, cependant, invisible pour la porte-parole du Parti des travailleurs. Ce sont les multinationales, entre autres, les empires pétroliers, qui veulent soumettre les États-nations à leurs appétits voracement mercantiles. “Dans tous les conflits de la planète, il y a l’odeur du pétrole”, explique Louisa Hanoune qui intègre aussi dans cette inextricable équation, mondialisation-multinationales-menace sur les entités nationales, le conflit du Sahara occidental. Louisa Hanoune ira très loin dans son analyse en affirmant qu’il y a même un lien entre ce dernier et les évènements de Kabylie.
Interrogée pour donner plus de précisions sur cette question, elle trouvera suspect qu’“au moment du déclenchement du “printemps noir”, la situation était calme au Sahara occidental et dès que la sérénité est revenue en Kabylie, le conflit est attisé au Sahara occidental”.
À propos de la mission de colonisation de la France et de la loi votée récemment par le parlement français, Louisa se demande, en effet, qui a intérêt dans la détérioration des relations entre Alger et Paris ? Pour elle, “la question des harkis est un débat entre Français à partir du moment que ces derniers ont choisi leur camp, ce sont des français”. “Cependant, la glorification de la mission colonisatrice n’est pas le fait du peuple français”, dira encore Louisa Hanoune, qui affirme que la loi adoptée par le parlement aurait déclenché un séisme politique en France si elle avait été soumise à référendum. L’échec du vote de la constitution européenne a été la preuve que les français sont en parfait décalage avec leurs parlementaires.

Karim Daoudi