5000 DA pour habiller un enfant

LES MAGASINS DE VÊTEMENTS PRIS D’ASSAUT

5000 DA pour habiller un enfant

L’Expression, 31 Août 2010

Saigné à blanc par le Ramadhan, l’Algérien sera achevé lors de l’Aïd et la rentrée scolaire.

Un pantalon pour un bambin de 2 ans coûte à partir de 950 DA. Pour les grands enfants, un «panta-court» est proposé à 1300 DA, un jean à 1400. Les chaussures affichent des prix en dents de scie indiquant 600 DA, 1200, 1600, voire 1 800 DA pour un article français!
Des chaussettes à 100 DA la paire importée et 50 DA la paire de fabrication locale. Les sandales pour adolescents coûtent pour leur part moins de 1000 DA et au bas mot 750 DA la paire.
Des pulls de qualité moyenne, pour ne pas dire quelconque, sont cédés à 500 DA. Des culottes pour premier âge sont proposées à 100 DA pour un pack de trois.
Des ensembles pour fillettes atteignent les 750 DA et pour garçons, à savoir un jean et un tee-shirt sont proposés à pas moins de 1400 DA.
Un calcul simple et sans prétention nous renseigne sur la somme moyenne à débourser pour habiller nos moutards. Elle totalise pour le moins 5000 DA, si ce n’est plus par enfant.
Toutefois, une exception: un vaste magasin de chaussures avec étagères latérales «nouveau style», fait une offre spéciale pour des chaussures de femme à 300 DA. Il est inutile de préciser que ce rayon est largement dédaigné par la gent féminine algéroise qui est passée depuis longtemps au «must» malgré son faible pouvoir d’achat, élégance oblige!
Toujours dans ce même magasin, sur un autre rayon sont exposées des chaussures pour jeune fille, plutôt «rétro» à 600 DA la paire. Les clientes passaient devant ce magasin sans même s’arrêter ne serait-ce un instant.
Un fait curieux de la société est à relever. Ce sont les articles féminins qui se vendent le mieux. Les garçons, pas si âgés que ça, achètent eux-mêmes leurs vêtements pour rester «in». Toutes les petites filles sont accompagnées de leurs mamans.
Il reste encore un peu de temps pour acheter des vêtements à ces chers chérubins qui doivent se parer de leurs plus beaux habits le jour l’Aïd El Fitr qui tambourine à nos portes…avec le sourire.
Oui, mais les mamans se pressent déjà, qui dans les boutiques «bon chic bon genre» des quartiers huppés de la ville, qui dans les magasins des quartiers populaires, qui dans les bazars ou encore dans les multiples venelles d’Alger transformées en de véritables «supermarket» à ciel ouvert.
Pas un mètre carré de libre dans ces rues où se sont échafaudés des stands de vente en guise de boutiques! Certains, beaucoup même, selon un vendeur hélé sur place, sont propriétaires du magasin y attenant. L’aubaine de faire du «fric» à l’occasion de l’Aïd est trop bonne pour la laisser s’échapper.
S’y aventurer est un véritable parcours du combattant. S’en extirper, sans être ni soulagé de son portefeuille ou de son porte-monnaie, ni piétiné, ni bousculé, ni tarabusté par un quelconque vendeur en mal de jeûne en ce jour de Ramadhan, reste une expédition.
Au marché Thnache de Belcourt, c’est la cohue indescriptible et inextricable. Dans ce grand marché de vêtements à ciel ouvert de Belcourt, chaussées et trottoirs sont squattés.
Le commerçant peut ainsi liquider ses stocks et le client peut s’offrir des articles de meilleure qualité qui sont cédés ailleurs à des prix qui agressent le regard. Saigné à blanc par le mois de Ramadhan avec sa cohorte de prix prohibitifs, les fêtes familiales, la rentrée scolaire qui pointe son nez qui l’achèvera, le consommateur algérien est à bout…de liquidités pour affronter sereinement l’Aïd El Fitr.

Abdelkrim AMARNI