Grève «du pain» les 26 et 27 février
Les boulangers reviennent à la charge
Grève «du pain» les 26 et 27 février
Le Quotidien d’Oran, 15 février 2005
«La patience dont ont fait preuve les boulangers» depuis plus d’une année semble avoir atteint ses limites. La corporation a décidé de passer à l’action et d’user de la dernière arme qui lui reste: la grève.
Le principe étant déjà adopté lors de la rencontre du secrétariat exécutif du comité national des boulangers et pâtissiers élargie aux responsables d’unions de wilaya le 26 janvier dernier, le bureau exécutif dans sa réunion d’hier n’a fait que prendre acte et arrêter la date exacte du débrayage. Les boulangers ne travailleront pas les 26 et 27 du mois en cours. Soit dans une dizaine de jours. Le gouvernement qui a reconnu la légitimité des revendications des boulangers a donc jusqu’à cette date pour réagir s’il veut éviter aux citoyens «une grève du pain». La menace est cette fois-ci sérieuse et les pouvoirs publics n’ont plus d’excuses d’ordre électoral ou autre pour convaincre la corporation d’annuler le débrayage.
Rappelons, en effet, que le comité est à sa troisième décision de recours à la grève. La première remonte à mars 2004. Elle a été annulée car, disait-on alors, «à l’approche des élections présidentielles, les boulangers voulaient éviter une mauvaise interprétation de leur appel au débrayage». La seconde date de juillet dernier. Elle sera également remise en cause suite à la reconnaissance publique du gouvernement des revendications des boulangers. Celle d’Ahmed Ouyahia lors de la 25ème session du CNES aura particulièrement redonné espoir au syndicat. Celui-ci avait effectivement réitéré la décision des pouvoirs publics de ne pas opérer d’augmentation dans les prix du pain mais a reconnu que «les boulangers étaient les seuls à supporter la facture des lourdes charges engendrées par les nombreuses et successives augmentations de toutes les matières premières et services entrant dans la fabrication de ce produit depuis 96».
Pourtant, regrette le secrétaire général du comité, Medjdoub Benabdesselam, «aucune suite n’a été donnée» à cette déclaration. Ceci alors que le chef du gouvernement a été destinataire d’une correspondance de la part de ce syndicat le 15 décembre dernier. Les boulangers y ont appelé Ahmed Ouyahia à «mettre les moyens qu’il faut afin que de véritables solutions, justes et équitables soient arrêtées d’un commun accord avant la fin de 2004 et que le début de l’année 2005 soit une date propice pour leur mise en oeuvre effective et réelle sur le terrain afin de rétablir les droits légitimes revendiqués par notre corporation depuis déjà une année». Devant le silence de la tutelle et du gouvernement, le début de l’année en cours qu’on espérait être celui de la prise en charge définitive du dossier du pain, verra en fin de compte renaître le spectre de la contestation.
Pour la énième fois, les boulangers disent ne pas contester la décision du gouvernement de ne pas opérer de changement dans le prix du pain. Mais, clament-ils depuis plus d’une année, «on refuse que l’Etat fasse du social sur notre dos». Selon les chiffres communiqués hier par le syndicat, ce sont pas moins de 250 boulangers qui ont baissé rideau au niveau de la capitale et 106 à Blida.
Ces derniers refusent de travailler à perte, explique-t-on. La situation est d’autant plus intenable pour eux depuis l’augmentation du gasoil qui est entrée en vigueur le 1er janvier. Benabdesselam a rappelé, dans ce cadre, que 80% des fours utilisés par les boulangers fonctionnent au gasoil. Sans oublier les retombées de cette hausse sur les transports. En résumée, «les boulangers se trouvent doublement pénalisés» par cette disposition de la loi de finances 2005. Du coup, même la structure des prix établie en janvier 2004 et qui a arrêté le prix de revient d’une baguette à 11,95 DA est aujourd’hui complètement dépassée.
Pour conclure, le comité est persuadé que des solutions existent, pour peu que le gouvernement se décide à se pencher sérieusement sur cette problématique. Comme quoi, la balle est dans le camps d’Ouyahia…
Ghania Amriout