L’éradication du ghetto de Diar Echems

L’éradication du ghetto de Diar Echems

250 familles relogées à Tixeraïne

El Watan, 15 mars 2010

Il s’agit de familles ayant habité dans des baraques et des constructions de fortune dans ladite cité depuis des années. Cette cité a connu, pour rappel, des émeutes spectaculaires en octobre 2009 en raison d’un grand mouvement de protestation contre les conditions de vie dans ces bidonvilles.

L’opération de relogement, qui a été entamée à l’aube, a pris fin vers midi. Tout ce qui représentait l’habitat de ces familles vivant dans des conditions inhumaines n’est maintenant qu’un mauvais souvenir. Le site ayant abrité ces habitations a été rasé. Seuls des restes de mur, de portes et de sanitaires sont visibles. Un tas de boue s’est formé. Les récupérateurs d’objets en métal s’affairaient à la recherche de bidules « vendables ». On apercevait de loin des camionnettes chargées de plaques en tôle et de bois. Les familles auront donc à apprécier leur moment de joie dans de vrais appartements, loin de cette promiscuité et des gouttes de pluie qui ont longtemps caractérisé les hivers glacials des foyers et les chaleurs sous la tôle en été.

Cette opération touchera mardi prochain quelque 307 autres familles, habitant cinq immeubles de cette cité, à reloger dans des appartements à Djenane Sfari (Birkhadem). Ce sont donc, selon M. Khelfi, le wali délégué de Sidi M’hamed et superviseur de cette opération, 512 familles concernées par ce processus de relogement. Les F1 de Diar Echems seront transformés en F3 et F4, dans le cadre de l’opération de restructuration du vieux bâti, explique le même responsable. En attendant le jour J, les habitants sont partagés entre deux sentiments : celui de la joie d’être parmi les bénéficiaires de ces nouveaux appartements et d’être délivrés à jamais de ces espaces exigus en proie à l’humidité, et le sentiment de la crainte et de la peur de revivre la même situation à Djenane Sfari.

Les F1 occupés à Diar Echems abritent parfois plusieurs familles. Bénéficier d’un nouvel appartement de trois pièces est loin de régler le problème définitivement. « C’est juste le temps de souffler, le temps que les enfants de chaque famille grandissent pour s’apercevoir que le problème est toujours là », estime un habitant de ce quartier qui partage la maison avec ses deux frères, tous mariés avec des enfants. « Nous sommes en réalité trois familles. Nous avons fait appel à une grande ingéniosité pour exploiter tous les coins et recoins de la maison. Les balcons et la salle de bain ont été transformés en pièces habitables. Pensez-vous que nous reloger dans un autre appartement est une solution pour nous ? », s’interroge un des membres de cette famille. Handicapé, ce père de famille est convaincu que dans quelques années à Djenane Sfari, ce sera le même problème avec la famille agrandie de neveux et de nièces.

Plusieurs habitants nous ont déclaré qu’ils ne sont pas prêts à partir. « Je resterai là, mes frères partiront avec leurs épouses et leurs enfants, moi, je resterai ici à Diar Echems », avoue un autre habitant. A souligner aussi que le directeur du logement de la wilaya d’Alger, Mohamed Ismaïl, a souligné que le relogement de ces familles constitue le début d’une grande opération dans le cadre de laquelle sept sites ont été retenus pour accueillir les habitants des chalets et bidonvilles de Zaâtcha, El Djazira, Aloui, La Casbah, les habitants des cimetières (200 familles), Les Palmiers, Diar El Mahçoul et Diar Echems. L’opération a commencé ce mois de mars et se poursuivra jusqu’au mois d’octobre et portera sur un total de 10 000 logements, dont 4000 sous la formule LSP et qui seront réceptionnés au fur et à mesure.

Aucune perturbation pour les écoliers

Le directeur de l’éducation Alger-Ouest, Zeghache Saâd, a assuré, dans une déclaration à l’APS, qu’une place pédagogique sera disponible pour chaque élève des familles relogées à Tixeraïne, au nombre de 375, tandis que 297 autres seront transférés vers des écoles à Djenane Sfari. Il a ajouté que toutes les dispositions ont été prises pour permettre à ces élèves de poursuivre l’année scolaire de façon tout à fait normale.

Par Fatima Arab