Hassi R’mel : De jeunes chômeurs en grève de la faim

Hassi R’mel : De jeunes chômeurs en grève de la faim

El Watan, 7 août 2010

Sept jeunes chômeurs de Hassi R’mel, dans la wilaya de Laghouat, sont en grève de la faim depuis 4 jours.

Campés devant le siège de la daïra, ces jeunes natifs de Hassi R’mel veulent mettre fin à « l’injustice » qu’ils subissent en matière de recrutement et dénoncent ce qu’ils qualifient de « régionalisme ». « Face au mutisme des autorités locales, la grève de la faim est la seule alternative qui nous reste », affirme Chakib Harrat, porte-parole des jeunes grévistes, contacté hier. La colère des jeunes désœuvrés de la région risque de s’amplifier. De nombreux citoyens de la localité, eux aussi au chômage, adhèrent à cette initiative pacifique. Selon notre interlocuteur, 23 autres jeunes chômeurs rejoindront, dès aujourd’hui, le mouvement de protestation.

Les jeunes de la localité sont déterminés à aller jusqu’au bout de leurs revendications, à savoir « l’obtention d’un poste d’emploi permanent », explique Chakib Harrat. Le malaise des jeunes de Hassi R’mel risque de s’aggraver, soutient encore le porte-parole des jeunes grévistes, car « la pratique du clientélisme dans le secteur de l’emploi dans la région du Sud en général et Laghouat en particulier est à son paroxysme ». Ce jeune chômeur, agent de sécurité spécialisé dans la protection de l’environnement en milieu industriel, affirme que les grévistes de la faim revendiquent l’ouverture d’une enquête sous la présidence du procureur de la République en personne. « Ces chômeurs réclament une commission d’enquête neutre et indépendante pour dévoiler les manœuvres adoptées dans le secteur d’emploi et les modalités de recrutement dans la région de Hassi R’mel », ajoute-t-il. Ils exigent surtout d’enquêter sur le rôle de l’Agence nationale de l’emploi (ANEM) dans l’orientation et l’insertion des jeunes chômeurs.

En outre, les contestataires demandent la réouverture du siège local de l’ANEM, transféré par les autorités locales vers la nouvelle ville de Bellil, située à 55 km de Hassi R’mel. Selon Chakib Harrat, l’éloignement du siège de cette agence décourage les jeunes : « Ne possédant aucun sou en poche, les chômeurs ne se déplacent pas à Bellil pour s’enquérir de l’état d’avancement de leur dossier. » Les grévistes appellent en revanche à la fermeture du bureau de l’emploi au niveau de l’APC de Hassi R’mel qui, selon eux, « ne s’occupe que de recensement des chômeurs, jugeant que l’emploi ne relève pas des prérogatives des élus locaux ». Se trouvant sur place pour apporter son soutien aux jeunes chômeurs, Yacine Zaïd, membre du Conseil national de la Ligue algérienne de la défense des droits de l’homme (LADDH) interpelle les pouvoirs publics. Il leur demande d’agir promptement afin de sauver les jeunes grévistes.

« Au quatrième jour de cette grève de la faim, les jeunes sont tous faibles physiquement. Mais ils n’ont pas l’intention de renoncer à leur mouvement de protestation », lance-t-il, en déplorant le silence des autorités locales. La protestation des jeunes chômeurs dans le sud du pays devient un véritable phénomène. Dans son édition d’hier, El Watan Week-end a évoqué le cas d’« une dizaine de jeunes chômeurs qui ont tenté un suicide collectif la semaine passée dans la wilaya de Ouargla ». Cette nouvelle forme de protestation traduit, on ne peut mieux, l’état de désespoir dans lequel se retrouvent les jeunes Algériens.

Par Djedjiga Rahmani