Alerte sur la prise en charge des malades dans les hôpitaux

Un rapport accablant de la cncppdh

Alerte sur la prise en charge des malades dans les hôpitaux

El Watan, 25 mars 2012

L’accès aux soins devient de plus en plus difficile en Algérie pour toutes les pathologies confondues.

Les hôpitaux algériens ont été secoués depuis quelques années par de nombreuses et sérieuses pénuries de médicaments et de consommables. Ce qui a rendu la prise en charge de centaines de malades de plus en plus complexe.
Le cas de l’enfant d’Oran, âgé de deux ans et qui risque de perdre son deuxième œil faute de traitement chimiothérapique est édifiant. Combien d’interventions chirurgicales ont été reportées ? Combien de traitements ont été interrompus faute de médicaments, et combien de malades sont décédés parce que leur traitement est simplement indisponible ? L’année 2011 a été particulièrement édifiante par tous ces problèmes. Le nombre de malades ne cesse d’augmenter d’année en année et les moyens se raréfient. Les SOS des malades et leur famille, les appels incessants des associations et des médecins traitants semblent trouver une oreille attentive.

Le rapport 2011 sur la situation des droits de l’homme en Algérie, qui sera remis au début de la semaine prochaine au chef de l’Etat, met en exergue cette situation catastrophique. Le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme (CNCPPDH), Farouk Ksentini, signe qu’il y a eu beaucoup de manquements dans les hôpitaux qui ont entravé la prise en charge des malades algériens. «Le rapport contient effectivement des observations sur le problème des pénuries de médicaments au cours de cette année 2011, notamment dans le traitement du cancer. Les malades trouvent des difficultés à se soigner dans les hôpitaux. Outre les articles de presse, nous avons été saisis par des requêtes de malades et familles de malades. J’ai moi-même assisté à une rencontre sur le cancer à laquelle ont pris part des médecins et des associations de malades, et j’ai appris que près de 28 000 cancéreux ne bénéficient pas de leur traitement, en l’occurrence la radiothérapie», nous a-t-il confié, avant de préciser : «Notre rôle est d’attirer l’attention du chef de l’Etat sur la situation qui prévaut dans les établissements de santé, malgré les efforts consentis par les pouvoirs publics», a-t-il ajouté, et de préciser : «Nous souhaitons une amélioration dans la prise en charge des malades, car les moyens humains et financiers existent.»

Le président de la CNCPPDH rappelle que ce rapport est destiné au président de la République après avoir été débattu au sein de la commission et «ce n’est pas de gaieté de cœur que nous avons accumulé les griefs contre les uns et les autres, mais ce n’est qu’une réalité que nous traitons comme elle se présente, et cela dans l’intérêt général», a-t-il indiqué. Et de préciser que la commission est représentée par les différents ministères et autres structures publiques : «Nous recevons aussi des doléances et des réflexions. Il s’agit d’un travail sérieux, loin de toute improvisation.»

Djamila Kourta