La Société Générale «ne pense plus» au CPA

Son «monsieur international» l’a indiqué hier

La Société Générale «ne pense plus» au CPA

par L’un de Nos Correspondants à Paris : S. Raouf, Le Quotidien d’Oran, 27 septembre 2008

Au plus fort du marketing gouvernemental sur la privatisation du Crédit populaire algérien, Société Générale était au premier rang des prétendants.

Cultivée à grand renfort médiatique, cette intention semble avoir vécu. Le groupe bancaire français a fait savoir, jeudi, que l’opération CPA n’était plus au menu des dossiers dignes d’intérêt. Du moins à l’heure actuelle.

Interrogé par le Quotidien d’Oran sur l’attitude de Société Générale à l’égard de la privatisation du CPA, le directeur de la banque de détail à l’international, Jean-Louis Mattei, s’est livré à une réponse sans ambages. «Clairement, on ne pense pas au CPA», a-t-il indiqué.

Chargé, entre autres prérogatives, des dossiers des acquisitions à l’international au niveau du groupe, Jean-Louis Mattei s’exprimait lors d’une journée presse en région parisienne. Plusieurs hauts responsables du groupe se sont relayés pendant neuf heures avec le souci de brosser le profil d’une entreprise «saine» malgré les effets de la crise financière internationale.

Le responsable à l’international a pris soin d’habiller sa réponse par un rappel d’ordre contextuel. Histoire de mettre la balle dans le camp algérien. Dans la foulée de la crise des «subprimes», les crédits immobiliers américains à hauts risques, les autorités algériennes «avaient peur que les offres de prix de reprise soient en deçà des seuils souhaités».

Voulue par le gouvernement comme une pièce à conviction de la politique d’ouverture économique, l’opération du CPA a évolué à contre-courant du discours officiel. D’attente en report, elle a pris beaucoup de retard avant de subir un arrêt.

Officiellement, l’opération est «suspendue» et non remise en cause. A s’en tenir au communiqué officiel du ministère des Finances en date du 26 novembre 2007, le basculement du CPA dans le giron d’une banque étrangère a été repoussé à plus tard. Le temps d’une évaluation de la crise des crédits hypothécaires (subprimes) américains.

Contre toute attente, le gouvernement a préféré surseoir au processus dans l’attente d’une «meilleure visibilité sur les marchés internationaux». La décision de suspension est intervenue à la veille de la remise des dossiers techniques par les candidats.

Les quatre banques françaises candidates à l’acquisition du CPA – Société Générale, Crédit agricole, BNP Paribas et Natexis- ont subi, toutes, les dommages de la crise des subprimes. De plus, les comptes de la première ont été lourdement affectés par l’affaire de fraude dite «Kerviel» du nom d’un trader du groupe.

Société Générale restera-t-elle dans le processus en cas de rebondissement de l’opération ? Ses responsables se gardent de s’engager sur la base d’une échéance. Pour toute réponse, Jean-Louis Mattei renvoie aux perspectives d’évolution des parts de marché de Société Générale Algérie dans le paysage bancaire algérien.

C’est la première fois depuis son entrée en lice au rang des candidats à la reprise du CPA que Société Générale fait montre – en des termes à peine voilés – d’un recul par rapport à la banque du boulevard Amirouche. En février dernier, le groupe avait fait savoir par la voix du même Jean-Louis Mattei qu’il était toujours dans l’attente du calendrier de privatisation.

A défaut de l’opération du CPA, Société Générale n’a pas l’intention de changer de cap par rapport à la stratégie de son entité algérienne. «Nous sommes déterminés à augmenter nos engagements, assure Jean-Louis Mattei. Nous avons bien l’intention de poursuivre notre agressivité afin de glaner davantage de parts de marchés». Le «monsieur international» de Société Générale «banque détail» réfute toute idée de «frilosité» de son groupe au sujet du financement des projets.