Les banques vont rééchelonner les dettes des entreprises

LE PRÉSIDENT DE LA CNPA L’A ANNONCÉ HIER

Les banques vont rééchelonner les dettes des entreprises

Par Abdelkrim AMARNI, L’Expression, 16 août 2011

La tripartite est attendue par les patrons dans l’espoir d’aboutir à une facilitation des investissements.

Le président de la Confédération nationale du patronat algérien (Cnpa), Mohamed Saïd Naït Abdelaziz, a souligné que l’Algérie affiche un taux de chômage qui peine à descendre sous la barre des 10%, reflétant ainsi une insuffisance avérée du taux de qualification de la main-d’oeuvre locale. Cinq unions professionnelles, tous secteurs économiques confondus, 15.000 à 16.000 adhérents, 40.000 à 50.000 emplois générés, un chiffre d’affaires des entreprises affiliées oscillant entre 40 et 50 milliards de DA, ce sont là quelques paramètres qui définissent la structure de la Cnpa dont le président a animé hier à Alger une conférence-débat avec la presse au sixième forum organisé par Algeria Invest.
En préambule, le conférencier a donné un aperçu de la stratégie de son organisation face aux nombreux défis auxquels fait face l’économie algérienne. Ce faisant, il a fortement dénoncé la forte dépendance de l’économie nationale vis-à-vis de l’extérieur comme il n’a pas manqué de pointer du doigt l’insuffisance patente d’une offre de qualité de biens et de services.
Dans son intervention, le président de la Cnpa a regretté que les entreprises nationales continuent à «se chercher» depuis 50 ans, sans parvenir à se substituer à l’importation. La masse de difficultés qu’elles rencontrent est l’une des raisons, selon lui, de leur tendance à l’import et tout ce qu’elle a de pervers, c’est-à-dire le gaspillage et la corruption. Naït Abdelaziz a estimé que tous les engagements pris par les décideurs sont encore «flottants» et les réformes structurelles attendues se trouvent toujours dans une phase de transition. Elles nécessitent, selon lui, un sérieux débat, notamment sur le passage d’une économie de rente vers une économie hors hydrocarbures.
Exposant les propositions de son organisation et celles des autres groupes, il les a qualifiées de «pertinentes» car issues de la réalité du terrain et devant être les précurseurs d’une relance de toute forme d’investissement. Se voulant prévoyant, Naït Abdelaziz avertit que «la relative aisance financière de l’Algérie, ne devrait pas masquer les véritables problèmes du pays».
Ebauchant une stratégie de sortie de crise tout en renouant avec son ambition industrielle, ce patron a estimé que l’Algérie a «besoin de développer ses capacités entrepreneuriales, oeuvrer à la qualification de sa main-d’oeuvre en veillant à orienter sa formation de façon adéquate qui puisse répondre aux besoins du marché de l’emploi, la production agricole et agro-industrielle…» Dans le même ordre d’idées, il a déclaré que l’on doit favoriser la formation qualitative pour atteindre un «plus» et être en mesure de concurrencer le produit étranger qui envahit notre marché.
Le conférencier a rappelé en outre l’introduction, dans la loi de finances 2009, d’une nouvelle approche concernant la réhabilitation de la planification en précisant le rôle des acteurs du développement économique et social. Qualifiant certaines dispositions énoncées dans cette loi d’«extrêmement positives», il a regretté que la part de la production industrielle dans le PIB soit passée de plus de 20% dans les années 80/90 au piteux niveau de 5% à peine.
Pour illustrer l’acharnement de ceux qui veulent neutraliser la capacité productive du pays, le patron de la Cnpa a cité le triste exemple du balai, auparavant produit par une catégorie de la population jouissant de la protection de l’Etat, parce que handicapée non-voyante, qui n’a pas trouvé grâce. Il a plaidé en outre pour une gouvernance transparente, un dialogue institutionnalisé et la concertation ainsi que pour un suivi des décisions prises lors de rencontres, séminaires et réunions diverses. Dans sa conclusion, Naït Abdelaziz a qualifié d’important le rôle de l’Etat associé au secteur privé, rappelant que la demande interne demeure le moteur de la croissance et celui de conquérir des marchés extérieurs. Evoquant la prochaine tripartite, Naït Abdelaziz a indiqué qu’elle se penchera sur l’environnement de l’entreprise dans sa globalité. Elle doit également élaborer un processus d’encouragement pour les banques afin d’établir un rééchelonnement des dettes des entreprises. «Nous attendons, conclut-il, les applications des décisions lors des précédentes rencontres comme celle dédiée à l’entreprise en mai 2011.» Il n’a pas manqué par ailleurs de regretter, à cette occasion, le manque de concertation et de dialogue qui caractérise le monde du travail.