Le programme algérien de mise à niveau des PME est un échec patent
Farouk Djouadi, Maghreb Emergent, 11 novembre 2012
Comme attendu, l’objectif de 20.000 PME à mettre à niveau, entre 2010 et 2014, s’est avéré une fable. Les pouvoirs publics algériens devraient se contenter, dans le meilleur des cas, de 4.000 PME. Pour masquer ce revers flagrant, le ministre de l’Industrie, Cherif Rahmani, parle de l’orientation du programme de mise à niveau vers la qualité et les secteurs stratégiques.
Le programme algérien de mise à niveau des PME devrait toucher 4.000 entreprises à la fin de 2014, au lieu de 20.000 annoncé initialement, a indiqué, dimanche à Alger, le président du Conseil national consultatif pour la promotion des PME, M. Zaim Bensaci. Seules 618 entreprises ont jusque-là bénéficié de ce programme lancé en 2010, alors que 2.000 autres devraient en bénéficier incessamment, a indiqué M. Bensaci, qui s’exprimait en marge de la cérémonie de remise des décisions d’éligibilité au profit de 101 PME bénéficiaires de ce programme.
Le nouveau ministre de l’Industrie, M. Cherif Rahmani, a quant à lui, évité de parler d’échec du programme. Il s’est contenté de dire à la presse que le gouvernement « mise sur la qualité et non pas sur le numérique ». Une réponse qui ne cache pas la manière hasardeuse avec laquelle a été géré ce programme, auquel le gouvernement a pourtant consacré une enveloppe financière de 385,736 milliards de dinars (4 milliards de dollars).
M. Rahmani a toutefois laissé entendre que l’Agence nationale de développement de la PME (ANDPME) est à l’origine du revers essuyé par la politique de mise à niveau. Cette agence « n’a pas de statut adapté à sa mission. Elle a besoin de modernisation », a-t-il dit.
Les boissons gazeuses, secteur stratégique !
M. Rahmani a par ailleurs annoncé qu’une « prime » sera instituée pour encourager les PME innovantes, précisant que le programme de mise à niveau sera orienté dorénavant vers les secteurs stratégiques. Une annonce contredite par le fait que certaines des PME ayant bénéficié de décision d’éligibilités, activent dans des secteurs qui n’ont rien de stratégique, à l’exemple de la production des boissons gazeuses.
Les 101 entreprises bénéficiaires (40 TPE, 43 petites entreprises et 18 entreprises moyennes) devraient bénéficier d’une aide financière totale de 700 millions de dinars. Selon les termes de décisions d’éligibilité, les aides de l’Etat iront directement pour le règlement des prestations des bureaux d’études ayant effectué les diagnostics et les expertises pour les PME bénéficiaires.
L’ANDPME a établi une liste 317 cabinets et bureaux d’études avec lesquels les PME éligibles doivent travailler, tandis que le montant des aides est déterminé en fonction de la taille et du chiffre d’affaires de chacune des PME bénéficiaires. Ces dernières pourraient aussi bénéficier d’une réduction du taux d’intérêt des crédits contractés auprès des banques, allant jusqu’à 6 %. Le différentiel sera pris en charge par l’Etat.