Le conseil des ministres adopte la loi de finances pour 2018

Le conseil des ministres adopte la loi de finances pour 2018

Réduction des dépenses de l’État et «largesses» pour le front social

Le Soir d’Algérie, 5 octobre 2017

Abdelaziz Bouteflika a présidé hier, une réunion du Conseil des ministres consacrée, essentiellement, à l’examen et à l’adoption du projet de loi de finances pour 2018. Un projet de loi qui, comme prévu, a consacré une réduction du montant alloué au budget de fonctionnement et, en contrepartie, une augmentation du montant réservé au budget d’équipement. En résumé, il s’agit d’une loi qui encadre les nouvelles mesures phares contenues dans le plan d’action du gouvernement Ouyahia.
Kamel Amarni – Alger (Le Soir) – Dans le communiqué final du Conseil des ministres, il est ainsi précisé d’emblée que, «dans sa partie budgétaire, le projet affiche 6 521 milliards de dinars en recettes et près de 8 628 milliards de dinars en dépenses. Le déficit global du Trésor s’élèvera ainsi à près de 9% du produit intérieur brut contre plus de 14% pour l’exercice 2016».
Le communiqué de la présidence de la République expliquera encore que «ce déficit budgétaire doit être appréhendé dans le cadre d’une double réalité. En premier lieu, il s’agit de la volonté des pouvoirs publics d’entamer, dès cette année, le retour à l’équilibre budgétaire dans moins de cinq années, volonté qui se reflète notamment au niveau du budget de fonctionnement qui s’élève à 4 584 milliards de dinars, en baisse de 7 milliards de dinars par rapport à l’exercice en cours».
Par ailleurs, les dernières décisions relatives au remboursement par l’Etat de ses dettes envers les entreprises, ainsi que la levée du gel sur certains projets dans les secteurs de l’éducation, de la santé, etc, ont été prises en compte dans le projet de loi de finances. «Ces réalités, lit-on à cet effet dans le même communiqué, ont pour conséquence une hausse exceptionnelle du budget d’équipement pour 2018. Ainsi, les autorisations de programme retenues pour l’année prochaine s’élèvent à 2 270 milliards de dinars (contre 1 397 milliards de dinars pour l’exercice en cours). Les crédits de paiements inscrits pour 2018» s’élèvent à 4 043 milliards de dinars (contre 2 391 milliards de dinars pour l’année en cours)».
Le communiqué de la présidence précisera également que ce budget d’équipement prévoit «400 milliards de dinars pour le remboursement des entreprises locales et étrangères qui détiennent des créances sur l’Etat et ses démembrements». Comme chaque année, une enveloppe astronomique est consacrée aux transferts sociaux.
Pour 2018, le communiqué de la présidence fait état de 1 760 milliards de dinars «montant en hausse de près de 8% par rapport à 2017 et qui est destiné notamment aux soutiens aux familles, à l’habitat, à la santé, ainsi qu’aux subventions des produits de première nécessité, à savoir les céréales, le lait, le sucre, et les huiles alimentaires».
Malgré les difficultés financières que connaît le pays depuis juin 2014, Bouteflika ne veut aucunement «provoquer» le front social. Cela se reflète si bien dans ce projet de loi de finances pour 2018 où l’on ne prévoit pas de nouvelles taxes significatives, à l’exception de la taxe sur la fortune qui devrait, théoriquement, ne pas concerner «des masses». Par contre, il est prévu une série de réformes législatives dans le domaine de la fiscalité. Intervenant à l’issue de l’adoption de la LFC 2018, Bouteflika affirmera, selon le communiqué de la présidence, que «ce projet apportera les moyens nécessaires à la mise en œuvre du plan d’action du gouvernement adopté par le Parlement. Le Président Abdelaziz Bouteflika a insisté sur le dynamisme dont devra faire preuve le gouvernement pour traduire son plan d’action en résultats concrets continus autant pour répondre aux attentes sociales de notre peuple, mais aussi pour accroître la croissance, la création d’emplois et le développement de l’économie nationale».
A l’évidence, le pouvoir, qui sait que 2018 sera une année très sensible, celle où se fera le gros de la préparation de la prochaine élection présidentielle, veut mettre tous les atouts de son côté. Le souci de préserver la détente sur le front social est une véritable constante chez lui. D’où, par exemple, ces mesures relatives à la levée du gel qui frappait de nombreux projets dans les secteurs de la santé, de l’éducation, des ressources en eau depuis 2014. C’est, en somme, la philosophie générale de ce projet de loi de finances, en tout cas telle que déclinée à travers le communiqué de la présidence…
K. A.