Affaire Khalifa : plusieurs procédures judiciaires entamées

Affaire Khalifa : plusieurs procédures judiciaires entamées

par Sihem H. , Le Jeune Indépendant, 20 juin 2004

La décision de rouvrir le fameux dossier Khalifa s’inscrit, selon une source gouvernementale, dans le sillage du programme de la plus haute autorité du pays d’«assainir des situations pouvant nuire à la réputation de l’Algérie pour pouvoir appliquer les réformes et permettre d’aller de l’avant».

Pour ce faire, explique toujours la même source, «il est inéluctable de passer par une application rigoureuse de la loi sur tous ceux qui, à un moment ou à un autre, ont porté atteinte à la souveraineté nationale». La dernière sortie médiatique du ministre de la Justice garde des Sceaux à propos de l’affaire Khalifa, reflète justement la volonté de l’exécutif de mettre la lumière sur un dossier qui a ébranlé le système financier algérien.

Le représentant de l’exécutif, sans se soucier de provoquer des sueurs froides, a promis de «creuser» le dossier Khalifa dans tous ses aspects et d’appeler «tous les complices, les participants et même ceux qui se sont confinés dans un silence coupable dans cette affaire à rendre compte à la justice».

Il est clair qu’avec la démarche engagée par le président de la République, «il serait difficile, voire impossible de s’accommoder de personnes ayant parfois occupé des postes stratégiques et bafoué les lois de la République sans être inquiétées».

La liste des chefs d’inculpation retenus contre le patron de la naguère entité économique privée la plus puissante de toute l’Algérie ne cesse de s’allonger. D’ailleurs, durant le début de la semaine écoulée, Isabelle Prévost-Desprez, juge d’instruction de Nanterre, a notifié deux mises en examen pour deux personnes suspectées d’avoir détourné des actifs du groupe.

Il s’agit, selon l’information reprise par le Monde, de l’homme d’affaires Dominique Aute Leroy, proche et associé de Khalifa, auquel il est reproché d’avoir organisé le rachat, pour une dizaine de millions d’euros – prix trois fois inférieur à sa valeur initiale – de la villa de Cannes dans des conditions «suspectes».

Ces fonds ont été transférés à Londres où se réfugie le patron du groupe, actuellement objet d’un mandat d’arrêt international. Des fonds qui «auraient du être remis aux administrateurs judiciaires». La deuxième personne mise en examen n’est autre que le notaire parisien qui a supervisé l’opération.

Les deux hommes sont, ajoute le Monde, placés sous contrôle judiciaire. Dominique Aute Leroy avait tenté, en avril 2003, selon une source bien informée, d’engager des négociations avec le gouvernement algérien pour le rachat de Khalifa Bank.

C’était, précise-t-on, sous la bannière du groupe Monceau dont il est le patron. La proposition a été vite rejetée après identification les véritables desseins d’une telle démarche. Poursuivi par la justice pour quatorze affaires commerciales et quatre criminelles, Abdelmoumène Khelifa avait relancé sa chaîne de télévision la mettant à la disposition de l’opposition politique et en particulier le candidat Ali Benflis.

Celui-ci s’était, du temps où il occupait le poste de chef de gouvernement, abstenu de demander, rappelle-t-on, un audit le jour où la banque d’Abdelmoumène s’est vue interdite de transférer de devises vers l’étranger. Un audit qui aurait, selon des observateurs avertis, limiter la saignée financière qui a provoqué la déconfiture de l’empire.

S. H.