Investissements directs étrangers en 2008

Investissements directs étrangers en 2008

L’Algérie a reçu moins de deux milliards d’euros

Le Jeune Indépendant, 2 mai 2009

L’Algérie a reçu 1,98 milliard d’euros d’investissements directs étrangers (IDE) en 2008 et enregistré une chute de 50 % des flux émanant de l’Union européenne, selon le dernier rapport de l’Observatoire des projets d’investissement en Méditerranée (MIPO) rendu public avant-hier.

Le rapport révèle une baisse sensible des IDE durant l’année dernière comparés aux 5,2 milliards d’euros recensés en 2007 et aux 2,2 milliard en 2006. Selon le même rapport, le montant moyen des IDE enregistrés par l’Algérie durant les trois dernières années atteint 3,16 milliards d’euros, représentant un IDE par an et par habitant de 95 euros, soit l’un des plus faibles de la région avec le Maroc (94 euros) et la Palestine (41 euros).
En Algérie, «il est difficile de dire qui de la crise ou des nouvelles réglementations affectant l’investissement direct est à l’origine du recul de 50 % des investissements européens en 2008 par rapport à 2007», s’interrogent les auteurs du rapport. Ces derniers considèrent que c’est «un fait inquiétant» pour l’économie algérienne et précisent que c’est «du jamais vu depuis 2003». Ainsi, en 2008, l’Observatoire a détecté 29 projets d’IDE européens pesant 907 millions d’euros en montant bruts, contre 60 projets pesant 1,8 milliard d’euros en 2007. «Ce coup de froid peut s’expliquer par un certain flou sur les nouvelles conditions légales en matière d’investissement pour les groupes étrangers en Algérie», souligne le rapport qui précise que les flux d’IDE provenant des autres pays Med s’effondrent à 168 millions d’euros en 2008 contre 2,3 milliards en 2007.
S’appuyant sur les chiffres de l’ANDI, le document du MIPO relève que l’Algérie a attiré en 2008 quelque 102 projets d’IDE avec des montants bruts annoncés de 6,2 milliards d’euros, dont moins de 2 milliards sont censés être investis. Par ailleurs et contrairement à ce qui a été observé pour les autres pays Med, les investisseurs du Golfe en Algérie «consolident leur position en 2008, avec 15 projets annoncés représentant 4,9 milliards d’euros bruts.

Les IDE en chute libre au Maghreb

Globalement, le rapport souligne qu’en 2008, «la crise a profondément sapé le fondement des investissements, en plongeant les entreprises dans l’incertitude». Dans ce contexte, les 13 pays qui bordent la Méditerranée ont reçu en 2008, 39,9 milliards d’euros d’IDE contre 61 milliards en 2007 et 68 milliards en 2006. Le nombre de projets (776 projets) a chuté de 6 % par rapport à 2007.
Le Maghreb a enregistré 196 projets, soit 25 % de la région Med avec 8 milliards d’euros contre 15,8 milliards en 2007. La région a attiré des projets notamment dans l’énergie (53 projets représentant 2,7 milliards d’euros), le BTP et le tourisme (67 projets représentant 2,5 milliards d’euros) et dans la banque assurance (23 projets représentant 1,2 milliard d’euros). La part du Maroc a diminué sensiblement avec 95 projets détectés contre 149 en 2007 pour un montant de 1,4 milliard d’euros, alors que la Tunisie enregistre 100 projets détectés avec un montant similaire à celui du Maroc. Avec une part de 46 %, l’UE reste la principale émettrice de projets pour la région du Maghreb devant les pays du Golfe et les autres de la région Mena (29 %), les Etats-Unis et le Canada (11 %).
Pour l’ensemble de la région Med, le rapport indique que l’Europe a retrouvé en 2008 sa place de première région émettrice d’IDE puisque les entreprises européennes étaient à l’origine de 16,3 milliards d’euros d’IDE et ont crée plus de 32 100 emplois. Huit des 15 premiers pays investisseurs dans la région sont de l’UE avec à leur tête le Royaume-Uni (4,8 milliards d’euros), suivi de la France (27 milliards d’euros) et des Pays-Bas (1,8 milliard d’euros). Les Etats-Unis représentent quant à eux 5 milliards d’IDE dans la région Med, principalement dans l’énergie. Par ailleurs, s’agissant des pays du Golfe, les Emirats arabes unis (EAU) ont annoncé en 2008 quelque 66 projets et un montant de 16,8 milliards d’euros d’IDE dans la région Med dont les deux tiers sont constitués des projets Porta Moda en Tunisie, Aqaba en Jordanie et Dounya parc en Algérie avec des délais de réalisations respectivement de 10, 7 et 5 ans. Toutefois, selon le rapport, «la crise qui touche Dubayy et la raréfaction des clients pour ce genre de produit immobilier luxueux devrait au mieux ralentir leur réalisation ou au pire les compromettre». Les IDE des EAU sont suivis de ceux du Koweït (34 projets) et de l’Arabie saoudite (22 projets).
Safia Berkouk