Stratégie 2020-2030 : Sonatrach vise la 5e place mondiale

Stratégie 2020-2030 : Sonatrach vise la 5e place mondiale

El Watan, 2 mai 2018

Sonatrach dévoile de grandes ambitions en se projetant parmi «les 5 meilleures entreprises nationales du monde dans le secteur des hydrocarbures à l’horizon 2030». Le groupe prévoit ainsi de réaliser pas moins de 60 milliards de dollars de revenus supplémentaires à l’échéance 2030 et 50 milliards de dollars d’investissements sur les cinq ans à venir.

Ragaillardi par un baril en nette hausse, le groupe Sonatrach déroule sous d’heureux auspices sa fameuse stratégie de développement et sa transformation managériale pour les années à venir.

Issu d’une maturation qui a duré des mois, le groupe mené par Abdelmoumen Ould Kaddour dévoile ainsi de grandes ambitions en se projetant parmi «les 5 meilleures entreprises nationales du monde dans le secteur des hydrocarbures à l’horizon 2030» avec pas moins de «60 milliards de dollars de revenus supplémentaires» à l’échéance 2030 et «50 milliards de dollars d’investissements prévus dans les cinq ans à venir».

La feuille de route tracée par le PDG de Sonatrach et son staff, lors de la conférence organisée lundi dernier au siège du groupe, sonne en tout cas comme un engagement de tirer le groupe du marasme dans lequel il est plongé depuis des années et de lui redonner sa force et sa crédibilité, au plan national et international.

Les objectifs sont nettement tracés et les échéances détaillées, ce qui place le groupe face à un gros challenge et le met au défi de respecter ses engagements. «Sonatrach, en tant que principal investisseur industriel national, est conscient de l’immense responsabilité qui est la sienne au service de l’économie nationale et de la nation.

Notre ambition est de réunir les meilleures conditions pour réussir son plan de transformation et s’affirmer ainsi parmi les plus grandes compagnies pétrolières», déclare le PDG de Sonatrach, qui affirme que la cinquième place mondiale n’est pas «un rêve mais une réalité».

Même s’ils n’ont pas précisé quels sont les outils qui leur permettront de faire un bond, du 12e rang actuellement, au 5e rang mondial – ce qui suppose un chiffre d’affaires en nette hausse et un effort de production et de renouvellement des réserves notamment – le dirigeant du groupe et son entourage managérial se sont montrés très confiants, arguant que le plan de développement dévoilé au public a été mûrement réfléchi et planifié et que les budgets prévus en fonction des projections sont réalistes contrairement «aux années passées, où la maturation des plans faisait défaut».

Le groupe compte, par ailleurs, lancer sa stratégie en faisant des haltes d’évaluation en vue de corriger et d’ajuster la nouvelle approche et la méthode de travail.

La propulsion projetée de Sonatrach parmi les meilleurs de sa catégorie au plan mondial se fera-t-elle avec ou sans le gaz de schiste ? La précision n’a pas été clairement donnée, mais il semble que le non-conventionnel est inévitablement une carte à jouer, en plus du potentiel offshore et pétrochimique.

Une nouvelle approche managériale

Des axes de travail que le groupe exploite pour attirer plus de partenaires étrangers, dont des géants de la taille de l’américain ExxonMobil, en négociation actuellement avec Sonatrach, ou encore Statoil, et d’autres groupes présents et/ou voulant renforcer leur business en Algérie. «Ne vous inquiétez pas, il reste encore d’énormes réserves d’hydrocarbures en Algérie, mais cela nécessite beaucoup de travail pour les découvrir», a notamment déclaré Abdelmoumen Ould Kaddour à la presse.

A propos du gaz de schiste, le patron du groupe Sonatrach réaffirme la volonté de son groupe d’«y aller tôt ou tard» avec toutefois «une prise en compte de tous les aspects environnementaux» liés à ce genre d’exploitation, en «évitant les erreurs du passé» et en misant sur une avancée technologique, qui n’était pas encore disponible lors des deux expériences de prospections menées il y a quelques années à In Salah avec les remous sociaux que cela a provoqué.

«Nous y arriverons au gaz de schiste, mais (…) dans de meilleures conditions en prenant en compte toutes les mesures nécessaires à la protection de l’environnement», tient à souligner Abdelmoumen Ould Kaddour. En faisant son bilan d’une année passée à la tête de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour a rappelé que son groupe a pu régler 11 litiges sur les 12 qui opposaient Sonatrach à d’autres partenaires.

Citant notamment en exemple le règlement à l’amiable du litige avec Saipem – qui a versé 200 millions de dollars à Sonatrach pour clore le chapitre des différends –, mais aussi celui opposant son groupe à Total et Repsol. Des litiges commerciaux de moindre importance ont également été réglés, selon Abdelmoumen Ould Kaddour, à l’exception d’un différend non encore apuré avec une petite compagnie libanaise.

En termes de projection, le PDG de Sonatrach promet, par ailleurs, de mettre fin aux pratiques bureaucratiques au sein du groupe afin de lui permettre d’adopter enfin des pratiques managériales modernes et d’ouvrir les canaux de la communication. «En raison de la situation difficile que le pays avait vécue durant les années 1990 et les histoires de corruption en 2010, tout a été bloqué. Il faut revoir les procédures bureaucratiques, sinon nous ne pourrons pas atteindre les objectifs fixés.»

Concernant les 150 filiales qui constituent le groupe Sonatrach, le PDG du groupe se défend de vouloir s’en séparer. Il explique qu’il entend mieux «regrouper» les compétences et «revoir leur organisation». «Cette organisation vise à les rendre plus fortes et plus compétitives», estime-t-il.

Zhor Hadjam