Statoil dément un retour immédiat à Tiguentourine, BP « bientôt en Algérie »

Statoil dément un retour immédiat à Tiguentourine, BP « bientôt en Algérie »

Sunniva Rose, Maghreb Emergent, 8 septembre 2013

Statoil n’envisage pas de reprendre ses activités dans l’immédiat à Tiguentourine, a indiqué à Maghreb Emergent Bård Glad Pedersen, porte-parole de la compagnie, démentant ainsi des informations parues dans la presse algérienne. De son côté, l’ambassadeur britannique Martyn Roper affirme que le personnel de la compagnie pétrolière britannique British Petroleum (BP) « va entamer bientôt son retour en Algérie ».

L’ambassadeur du Royaume-Uni en Algérie, Martyn Roper est catégorique : « BP est toujours engagée à poursuivre ses activités en Algérie. Dans ce contexte, le personnel de cette compagnie sera bientôt de retour en Algérie », a-t-il déclaré dimanche à la presse, à l’issue d’une cérémonie de signature d’accords entre l’entreprise Sonelgaz et des Institutions britanniques dans le domaine de la formation. A l’opposé, Statoil dément un retour immédiat de son personnel en Algérie. « Nous n’avons fixé aucune date pour un retour », a déclaré le responsable dans une réponse transmise par e-mail à Maghreb Emergent. « Aucun de nos employés ne retournera en Algérie tant que nous n’avons pas mis en place et vérifié les nouvelles normes de sécurité établies par BP, Sonatrach et Statoil » a-t-il ajouté.

L’ex-patron des services pour enquêter

Le porte-parole de Statoil a confirmé qu’un rapport sur une enquête commandée par l’entreprise pétrolière était attendu ce mois-ci. Les conclusions du rapport doivent être publiées le 15 septembre, mais cette date pourrait être avancée de quelques jours, a indiqué Bård Glad Pedersen. Statoil, qui travaille sur le site de Tiguentourine avec BP, a diligenté une enquête sur les circonstances du drame, un peu plus d’un mois après l’attaque. L’entreprise a envoyé un signal fort en nommant le lieutenant général Torgeir Hagen, ancien directeur des services de renseignements norvégiens, pour présider la commission d’investigation. Son équipe s’est déplacée plusieurs fois cette année en Algérie pour y conduire des entretiens avec les responsables algériens des services de sécurité. Leur but, selon le site officiel de Statoil, est de comprendre l’enchaînement des évènements qui a permis à l’attaque terroriste d’avoir lieu, afin d’éviter qu’un scénario similaire ne puisse se reproduire à l’avenir. Cinq de ses employés y ont perdu la vie, dont le patron de Statoil Algérie.

Nouveau témoignage sur la BBC

De son côté, British Petroleum n’a pas jugé utile de mener une enquête interne sur les circonstances de la prise d’otage. « La mort de 40 personnes est un événement horrible et plus de la moitié d’entre eux étaient des amis personnels. C’est très pénible pour moi de penser que leur mort ne vaut pas l’ouverture d’une vraie enquête », constate avec amertume Nick Hitch, dans un entretien accordé à la chaine britannique BBC. Nick Hitch travaillait sur le site de Tiguentourine en tant que directeur de projet pour BP. Dans un entretien émouvant, il fait le récit de l’attaque menée par les « signataires par le sang », un groupe terroriste dirigé par Mokhtar Belmokhtar. «Un terroriste avait attaché une quantité importante d’explosifs sur une corde jaune autour de notre cou », explique-t-il. « Il était relié à un détonateur. Je pense que nous aurions tous été décapités s’il avait été enclenché. » Vingt-quatre heures après l’attaque et la prise d’otages, l’armée algérienne donne l’assaut sur le site, refusant de négocier avec les terroristes. Nick Hitch est informé par ses ravisseurs qu’il sera le premier à être exécuté si l’armée ne se retire pas dans les deux heures qui ont suivi l’encerclement du site. Résigné, il appelle un collègue pour l’informer qu’il mourra à 10h. Ils se disent adieu. Mais l’exécution n’a finalement pas eu lieu.

Première roquette

Les évènements se précipitent lorsqu’une roquette de l’armée algérienne tue l’un des chefs terroristes. Pris de panique, les terroristes embarquent plusieurs dizaines d’otages, dont Nick, dans un véhicule tout terrain. Un hélicoptère de l’armée ouvre le feu dès leur sortie du site. « Le bruit était incroyable, comme une tempête de grêle sur un toit. Je pouvais à peine entendre les cris des personnes autour de moi, car le bruit des balles qui criblaient le véhicule était trop fort », raconte-t-il à la BBC. Tout d’un coup, la voiture explose et ses occupants sont éjectés. Des 35 otages présents dans le véhicule, seuls Nick et trois autres survivent.

La vie des civils n’était pas une « priorité »

« Je pense que (le gouvernement algérien) ne voulait pas vraiment nous faire du mal en tant qu’expatriés, mais il était clair que nous maintenir en vie n’était pas leur priorité », déclare Nick pour expliquer la violence de l’assaut donné par l’armée. « Ils ont été humiliés par le fait qu’une petite bande de terroristes, peut-être 30, sont entrés sous le nez de 150 gendarmes…et ils voulaient les faire disparaître aussi rapidement que possible. », ajoute-t-il. Selon lui, il est clair que les attaquants avaient des complices qui travaillaient sur le site. « Il y avait 20 ou 30 algériens qui aidaient les terroristes. Ils sont même venus nous voir quand nous étions otages, pour nous regarder comme si nous étions au zoo ».