Sonatrach : Valse des PDG, grands défis…

Sonatrach : Valse des PDG, grands défis…

El Watan, 28 juillet 2014

Il y a urgence à redonner à Sonatrach ses lettres de noblesse. L’instabilité de l’entreprise se pose décidément en maladie chronique.

Depuis l’arrivée de Abdelaziz Bouteflika au pouvoir, en 1999, la compagnie publique des hydrocarbures a consommé huit PDG, dont quatre depuis les premiers scandales de corruption, en 2010. Le management de l’entreprise n’a jamais été aussi instable. Le limogeage, samedi dernier, de Abdelhamid Zerguine – dernier en date d’une longue série de destitutions entamée depuis 2000 – fait planer plusieurs interrogations sur le management de Sonatrach.

Celle-ci ne semble pas retrouver le sourire. Ses performances, ses marges de manœuvre à l’international et ses ambitions se rétrécissent comme peau de chagrin. Le défi capital auquel est confrontée Sonatrach est de remettre ses machines en marche pour endiguer la baisse continue de sa production depuis 2010. Le dernier record en matière de production remonte à 2008. La production pétrolière et gazière du groupe avait alors atteint 232 millions de tonnes équivalent pétrole (tep).

Depuis 2008, l’entreprise, qui branlait dans le manche, réalise ses pires contre-performances. La production pétrolière et gazière est tombée à 214 millions de tep en 2010 et à 205,8 millions de tep en 2011 puis à 194,5 millions de tep en 2012. Les signaux rouges commencent à illuminer le tableau de bord de l’entreprise.

La baisse de la production d’hydrocarbures tire son origine de deux facteurs essentiels : un désinvestissement patent dont souffre l’amont pétrolier et gazier, mais aussi l’amenuisement des ressources en hydrocarbures.
Sonatrach réalise de moins en moins de nouvelles découvertes en pétrole et en gaz. En attendant de nouvelles découvertes, le pays est plus que jamais sérieusement confronté à une baisse criante de ses réserves. Les contre-performances de l’amont pétrolier et gazier se sont fait sentir, en aval, par la chute des exportations d’hydrocarbures aussi bien en volume qu’en valeur.

En 2013, les exportations d’hydrocarbures du pays ont chuté en volume de -7,4% et en valeur de -10,3%. Les recettes de la fiscalité pétrolière n’ont augmenté que sous le double effet du prix relativement élevé du baril et d’une dépréciation prévue du taux de change entre le dinar et le dollar. Cette mosaïque de résultats anormalement faibles est la résultante de la politique pétrolière menée ces quatorze dernières années. L’absence de véritable stratégie à moyen et long termes dans le secteur a fait chavirer le navire.

Le secteur de l’énergie souffre également – c’est un secret de polichinelle – d’un défaut évident de bonne gouvernance. Le défilé des PDG à la tête de Sonatrach et les nominations politiques des ministres en charge du secteur ont fini par atomiser les énergies censées réfléchir au rationnement de la rente et à son bon usage. Depuis 2010, Sonatrach est entrée dans une importante zone de turbulences, secouée par une série de scandales politico-financiers qui ont vite porté son nom (affaire Sonatrach).

Cette affaire, qui semble n’avoir pas encore révélé tous ses secrets, s’est avérée un véritable broyeur de PDG. Mohamed Meziane a été le premier à se jeter dans la fosse aux lions. Remplacé par Abdelhafidh Feghouli, qui se fait éjecter quelques mois après sa nomination. Noredine Cherouati lui succède, lui-même sacrifié au bout de 18 mois seulement à la tête de Sonatrach. Abdelhamid Zerguine arrive en novembre 2011 avant qu’il ne soit destitué, samedi dernier, au profit de Saïd Sahnoun.

Cette valse de patrons en un laps de temps aussi court est unique dans les annales des groupes pétroliers. Cela témoigne bon gré, mal gré, d’une gestion pour le moins légère et obscure de l’unique poumon grâce auquel respire le pays.
Ali Titouche


Saïd Sahnoun installé dans ses fonctions

El Watan, 28 juillet 2014

Le nouveau PDG de Sonatrach, Saïd Sahnoun, a été installé dans ses fonctions, hier, par le ministre de l’Energie, Youcef Yousfi, en remplacement de Abdelhamid Zerguine, a indiqué un communiqué du ministère.

L’ex-vice-président du groupe en charge de l’activité amont a été désigné «à titre intérimaire». Agé de 59 ans, M. Sahnoun a une expérience d’une trentaine d’années au sein de Sonatrach. Il a gravi tous les échelons de sa carrière professionnelle, au fil des années, dans l’activité amont du groupe. Formé dans les années 1970, il a tout d’abord bénéficié d’un solide apprentissage au Canada, notamment dans la filière géologie pétrolière. Dès son retour au pays, M. Sahnoun s’est spécialisé dans l’activité amont, soit dans l’exploration et la production. Il a fait ses débuts dans les grands gisements des champs gaziers de Hassi R’mel.

Quelques années plus tard, il est associé au champ d’In Salah exploité par la compagnie britannique British Petroleum. Il devient, par la suite, responsable de l’association Sonatrach-BP, puis premier responsable de la division Associations. Saïd Sahnoun a ainsi occupé ce poste de 2004 à 2009, période durant laquelle il a acquis une grande maîtrise des dossiers de partenariat avec les compagnies pétrolières étrangères. Il a fait, ensuite, un petit passage aux «Activités internationales» (INT) en tant que directeur exécutif pour un court laps de temps, à peine trois mois. Sa nomination à la fonction de vice-président de l’activité amont est intervenue en mai 2009, un poste qu’il occupe jusqu’à sa nomination au poste de PDG par intérim.
Lyes Mechti