Rafinage de pétrole: Tipaza cède la place à Tiaret

RAFFINAGE DE PETROLE

Tipaza cède la place à Tiaret

Le Quotidien d’Oran, 13 août 2005

L’Algérie compte traiter et raffiner sur son sol pour l’utilisation locale ou l’exportation, la moitié de sa production pétrolière, portée à 1,5 million de barils/jour.

La capacité actuelle des raffineries existantes étant de 500.000 barils/jour, un apport supplémentaire de quelque 300.000 barils/jour est donc nécessaire, devait souligner le ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khellil, qui était en visite jeudi à Adrar, Hassi R’mel et Tiaret pour inspecter des infrastructures et projets de son secteur.

Dans le cadre d’inspection et de prospection d’assiettes dans certaines régions du pays, en vue de concrétiser cet objectif, M. Chakib Khelil a inspecté le site situé à Zaâroura, dans la banlieue ouest de la wilaya de Tiaret devant accueillir le projet de construction d’une nouvelle raffinerie.

Le ministre de l’Energie, avant son escale à Tiaret, a inspecté le projet portant réalisation d’une raffinerie à Sbaâ, à une cinquantaine de km au nord-est de la ville d’Adrar, devant être opérationnelle d’ici fin mars 2006 pour l’exploitation d’un gisement découvert depuis plus de 20 ans.

La raffinerie de Sbaâ qui sera la plus importante du pays, disposant de moyens et équipements technologiques très performants et dont le coût est évalué à quelque 186 millions de dollars doit assurer une capacité de raffinage de l’ordre de 600.000 tonnes par an de produits dérivés du pétrole, équivalent à 12.500 b/j, sur une durée de 25 ans. En ce sens, le ministre assurera qu’il est attendu que cette raffinerie exporte vers les pays limitrophes».

Reste posé toutefois un problème de taille: celui de la main-d’oeuvre qualifiée et le déficit des travailleurs algériens qualifiés est actuellement de 400, selon des estimations fournies à M. Khelil.

Pour des raisons de sécurité, le premier responsable du secteur a instruit les autorités locales d’interdire toute construction dans l’enceinte de ce projet dont l’assiette foncière se trouve dans une zone non urbanisable. Le capital de la raffinerie de Sbaâ est détenu à hauteur de 70% par la société chinoise CNPC et 30% par Sonatrach. Si le projet de Sbaâ est passé comme une lettre à la poste, celui de l’implantation de ce qui devra être la raffinerie du centre du pays l’aura été moins. Mais le message de Chakib khellil aura quand même rassuré la population de Tiaret puisque il indiquait, lors de sa visite, que cette wilaya a plus de chance d’abriter cet important projet.

La wilaya de Tiaret était concurrencée en la matière par Tipaza. Compte tenu des spécificités géologiques (zone d’activité sismique) et touristique, le choix de Tipaza a été écarté, selon M. Khelil. Ce dernier soulignait dans cette même veine que Tiaret dispose d’un avantage certain notamment la position géographique stratégique. En effet, il a indiqué que le choix a été porté sur ce site de 320 ha de la wilaya de Tiaret pour sa position à une distance raisonnable de la wilaya d’Alger et à proximité des principaux réseaux routiers et dans l’ouest du pays ainsi que pour les caractéristiques géologiques du terrain. Le ministre a, cependant, affirmé que le choix définitif ne sera fixé qu’après les tests et l’expertise qui seront effectués afin de garantir la disponibilité de quantités suffisantes d’eau pour la réalisation du projet. A cet égard, il a précisé que le ministère de l’Energie et des Mines, la Sonatrach, le ministère des Ressources en eau et la wilaya de Tiaret tiendront des rencontres pour définir les voies optimales pour la prise en charge de cette question.

Il a été noté en ce sens la possibilité d’exploiter les eaux usées à partir du barrage Dahmouni, à proximité duquel une station d’épuration d’eau pour la ville de Tiaret avec une capacité de 42 millions de m3 est en cours de réalisation. Le manque de ressources hydriques est, selon le ministre, la seule contrainte pour que cette raffinerie soit construite à Tiaret. L’impact socio-économique d’un tel projet sur la région sera certain puisque on parle de la création de près de 3.000 emplois lors de la phase de réalisation étalée sur 03 années pour passer à 4.000 à son entrée en production, prévue en juillet 2008. Hassi R’mel dans la wilaya de Laghouat aura été l’autre étape du périple du ministre de l’Energie et des Mines où il a visité l’unité Boosting, d’une capacité de production de 280 millions de m3 de gaz par jour.

Composée de 03 unités de compression de gaz (Nord, Centre et Sud), cette nouvelle station va permettre d’augmenter la durée de vie du gisement gazier de Hassi R’mel qui regroupe 59 puits et de maintenir le même niveau de production pendant les 20 années à venir. D’un montant global de 358 millions de dollars et d’une capacité journalière de 279 millions de mètres cubes (m3), la station Boosting a été construite par un consortium japonais.

Les travaux ont duré 34 mois et l’ouvrage a été réceptionné totalement, en septembre dernier. M. Khelil précisera que dans 03 ou 04 années cette station sera renforcée par la construction d’une autre infrastructure du même genre en vue d’atteindre une production de 100 milliards de m3 par an, au niveau du gisement de Hassi R’mel.

EL-HOUARI DILMI Et M.S. BOURENI