Un programme de raffinage soumis au gouvernement

Quatre nouvelles unités à réaliser bientôt

Un programme de raffinage soumis au gouvernement

El Watan, 16 février 2012

La pénurie de carburant vécue récemment et la tension sur le gaz butane avec la vague de froid que le pays subit ont amené les autorités à réfléchir à de nouveaux investissements.

C’est ce qui ressort de l’entretien que le ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a accordé hier à la Radio algérienne internationale. A la question de savoir si la part des investissements qui vont être consentis en 2012 pour l’Aval (22%) par Sonatrach n’était pas conséquente par rapport aux besoins vu les problèmes que le pays a vécus dans le secteur des carburants et du gaz butane, le ministre a indiqué que les 22% ne semblent pas importants, mais ce sont 3 milliards de dollars. Soulignant que l’investissement dans l’exploration pour Sonatrach était stratégique, le ministre a rappelé que le programme pour moderniser et réhabiliter les raffineries avait déjà démarré à Skikda, Alger et Arzew et un grand programme pour la réalisation de nouvelles raffineries au niveau national va être soumis au gouvernement. «Il y a 3 ou 4 nouvelles raffineries, et on a aussi un autre programme avec des investissements importants pour la distribution et le stockage des produits pétroliers. On va augmenter les capacités de stockage, notamment pour le gaz butane, et les moyens de transport comme les pipelines pour éliminer les problèmes qu’on a rencontrés récemment dans le transport du gaz butane de Skikda à Arzew», a précisé le ministre. De même que des projets de nouveaux centres enfûteurs dans certaines régions seront étudiés.

Un programme de développement des capacités de stockage, qui va nécessiter des investissements de 200 milliards de dinars, va porter les capacités de 10 jours à un mois après les carences constatées récemment, a indiqué le ministre, qui a ajouté que chaque année, environ 220 000 nouveaux foyers sont raccordés au réseau de gaz de ville, ce qui donne un taux de pénétration de 50%.

Pressions européennes sur les contrats gaziers

Concernant le marché gazier international, le ministre a reconnu que l’Algérie subit des pressions pour changer les contrats à long terme : «Nous faisons face à de grandes pressions de la part de nos clients. Tous les grands producteurs de gaz naturel font face à de telles pressions, notamment de la part de l’Europe, en vue de modifier les contrats à long terme.» «Nous avons des contrats que nous devons respecter et nous sommes en contact avec d’autres producteurs dans le cadre du Forum des pays exportateurs de gaz» pour en discuter, a-t-il ajouté. «Les contrats à court terme ne profitent ni aux producteurs ni aux consommateurs, car on ne peut risquer des milliards de dollars d’investissement dans les domaine de la recherche, de la production, de la liquéfaction et du transport sans s’assurer de la commercialisation des quantités de gaz produites et de la rentabilisation de nos investissements à long terme», a affirmé le ministre. «Qui va risquer d’investir des milliards de dollars sans savoir s’il y a un marché dans 20 ans et sans garantir un marché à long terme ?», s’est-il interrogé. Selon lui, «les consommateurs veulent des prix qui varient même en fonction des changements climatiques ou indexés sur ceux de l’électricité. Ce n’est pas dans l’intérêt des producteurs».

Concernant le marché européen, le ministre dit : «Il existe des offres supplémentaires du Nigeria, du Qatar, de la Russie et même des Etats-Unis. Cependant, les producteurs ne sont pas actuellement en compétition, d’autant que les opérations de commercialisation concernent des contrats à long terme.» «La concurrence viendra après peut-être et les prix du gaz risquent de baisser», selon M. Yousfi. «L’Algérie ne compte pas seulement sur un seul marché. Nous avons entamé récemment l’étude d’autres marchés, comme l’Asie, où nous avons commencé à exporter certaines quantités de gaz», a-t-il ajouté. D’autres thèmes ont été abordés par le ministre, comme l’annonce de 4 nouvelles découvertes d’hydrocarbures depuis le début de l’année, l’introduction du gaz naturel carburant, l’exploitation des gaz de schiste, la primauté du solaire sur le nucléaire, la coopération avec Desertec, la révision de la loi sur les hydrocarbures et les projets pétrochimiques.

Liès Sahar