L’Opep mise sur une hausse de la demande

Son SG et les ministres du Golfe se disent confiants

L’Opep mise sur une hausse de la demande

El Watan, 13 octobre 2015

Le marché mondial de brut devrait virer davantage à l’équilibre en 2016, a estimé avant-hier le secrétaire général de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), Abdallah El Badri, à l’occasion d’une conférence sur le pétrole et le gaz à Koweït City.

Misant sur un recul de la production des pays non-Opep, couplé à une augmentation de la demande mondiale de brut dès l’année prochaine, Abdallah El Badri a ainsi tenté de justifier l’attachement de l’Opep à maintenir sa stratégie de défense de parts de marché, l’organisation qu’il représente étant, a-t-il dit, «confiante» que le marché sera davantage équilibré dans les mois à venir. Ces derniers mois, a-t-il affirmé, «il y a eu une contraction de la production des pays producteurs non-Opep et une augmentation de la demande mondiale».

Pour autant, «l’offre sur le marché reste excédentaire», admet le secrétaire général de l’Opep, qui dit, toutefois, tabler sur un accroissement de la demande mondiale de brut pour passer, selon lui, de 93 millions de barils par jour actuellement à 110 millions d’ici 2040, ce qui requiert, a-t-il encore tenu à préciser, «des investissements de 10 000 milliards de dollars d’ici là». Plus optimiste encore, le ministre de l’Energie et de l’Industrie du Qatar, également président de l’Opep par intérim, avait pour sa part fait état, avant-hier, de signes d’une remontée des prix du pétrole en 2016 en raison d’une reprise de l’économie mondiale et d’une hausse de la demande de brut.

Dans un communiqué repris hier par des agences spécialisées, Mohammed Ben Saleh Al Sada a ainsi souligné qu’il table désormais sur une croissance de l’économie mondiale de 3,4% en 2016, contre 3,1% en 2015, tandis que la demande pour la production non-Opep, a-t-il dit, «s’est réduite en 2015 et va encore baisser en 2016». Celle concernant l’Opep, a-t-il soutenu, «va passer de 29,3 millions de barils par jour en 2015 à 30,5 millions en 2016». Et d’avancer comme argument que «le faible niveau actuel des prix a poussé les compagnies pétrolières à réduire leurs investissements de 20% en 2015, alors qu’ils avaient atteint 650 milliards de dollars en 2014».

Cette réduction, estime en définitive le ministre qatari, «est de nature à faire baisser la production». Un point de vue, pour le moins très optimiste, que défend également le ministre du Pétrole koweïtien, Ali Al Omair, en déclarant, hier en marge de la même conférence, que les prix du pétrole vont remonter en raison de la croissance attendue de l’économie mondiale et d’une diminution des quantités de brut arrivant sur les marchés. «Il y a des signes montrant que le pétrole produit à des coûts élevés commence à quitter le marché et cela va aider à améliorer les prix», a-t-il ainsi jugé, avant d’ajouter que «les producteurs dont les coûts d’exploitation sont trop élevés par rapport aux prix du marché devraient renoncer à une partie de leur production».

En somme, les déclarations du secrétaire général de l’Opep, tout comme celles des ministres des riches pétromonarchies du Golfe, semblent privilégier davantage la nécessité de maintenir la stratégie actuelle de l’organisation, qui refuse de défendre les prix du brut en baissant sa production. Aucune recommandation sur une éventuelle baisse de la production n’a été faite au sein de l’Opep, qui tiendra une réunion ministérielle le 4 décembre prochain, a d’ailleurs indiqué en ce sens le ministre koweïtien du Pétrole.

Akli Rezouali