Six milliards de dollars pour la nouvelle ville de Hassi Messaoud

Khelil

Six milliards de dollars pour la nouvelle ville de Hassi Messaoud

par Ali Babès, Le Quotidien d’Oran, 24 mars 2008

Dans six ans et quatre mois, en 2014, la nouvelle ville pétrolière de Hassi Messaoud accueillera, en principe, ses premiers habitants. Le ministre de l’Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, l’a annoncé samedi soir au Forum de la télévision algérienne, soulignant que le prix de cette nouvelle ville du désert et du pétrole sera environ de 6 milliards de dollars, soit à peu près 400 milliards de dinars. Une ville neuve qui viendra remplacer le vieux «Hassi» pour créer dans le désert algérien une ville pétrolière nouvelle tournée vers l’avenir, avec une population composée essentiellement des personnels travaillant dans le secteur pétrolier et parapétrolier.

Le financement de cette ville, ainsi que la construction de sièges des compagnies pétrolières étrangères, notamment américaines, installées en Algérie, sera assuré par l’Etat algérien et les compagnies pétrolières présentes dans la région, dont le groupe Sonatrach, a souligné le ministre. Selon M. Khelil, l’Etablissement de la ville nouvelle de Hassi Messaoud (EVNH) a été doté par l’Etat d’une enveloppe de 50 milliards de dinars destinée au lancement des travaux notamment de la partie engineering, liée à la réalisation des études et la mise en oeuvre du suivi, du contrôle et de la coordination des travaux de ce projet.

Deux offres de deux soumissionnaires, un consortium sud-coréen «Hassi Messaoud Korea Consortium» (HMKC) et le groupement franco-tunisien Iosim international/Studi international, ont été validées par l’EVNH. Le nom de l’acquéreur de ce marché, celui de la construction de cette «méga-ville» du Sud, sera connu dans les prochains jours. Le délai de réalisation de la totalité des travaux a été fixé à 76 mois (6 ans et 4 mois) dont 16 mois de travaux d’engineering. Pour les autorités algériennes, ce projet vise d’abord à fixer les travailleurs du secteur pétrolier, et leur permettre de vivre dans des logements neufs avec leurs familles.

Le projet de réalisation du nouveau Hassi Messaoud ressemble étrangement à ces villes que les soviétiques avaient construites entre 1950 et 1970 dans la Sibérie, en Ukraine et dans le Grand Nord, durant la Guerre froide. Sauf que le désert est, parfois, beaucoup plus rude que ces contrées inhospitalières où les soviétiques avaient installé des dizaines de millions de personnes, notamment pour travailler dans le complexe militaro-industriel. Le projet, en lui-même, est cependant généreux en ce qu’il envisage déjà de préserver l’ancien cadre bâti de Hassi Messaoud, sa palmeraie et ses sites historiques.

Le président en exercice de l’OPEP a estimé, par ailleurs, qu’il est difficile pour le moment de créer une OPEP du gaz, comme le suggèrent avec insistance certains pays producteurs. «Il est difficile de la réaliser (cette organisation) en ce moment eu égard à la différence entre les fondamentaux qui régissent les marchés pétrolier et gazier». La réunion du forum des pays exportateurs du gaz, prévue en juin prochain à Moscou (Russie), abordera cette question, évoquée lors de la dernière réunion du forum en avril 2007 à Doha. Par ailleurs, le ministre de l’Energie a confirmé que le gouvernement aurait «débouté» la Sonelgaz qui voulait augmenter le prix de l’électricité. Sonelgaz voulait une augmentation des prix de l’électricité pour financer ses investissements, et, à défaut, un soutien financier de l’Etat. En somme, la Sonelgaz comptait financer son développement avec l’argent du contribuable. Le gouvernement y a répondu par la négative, mais Sonelgaz reviendra à la charge.

Le portefeuille du consommateur n’aura qu’un répit, alors que la logique aurait voulu que Sonelgaz finance ses investissements avec des contrats de partenariat.

Enfin, M. Chakib Khelil a confirmé que les recettes fiscales générées par les impôts sur les bénéfices exceptionnels des compagnies pétrolières étrangères activant en Algérie sont estimées à quelque 2 milliards de dollars depuis l’institution de cet impôt en 2007.