L’Algérie se prépare à lancer des campagnes d’exploration pétrolière et gazière off-shore

L’Algérie se prépare à lancer des campagnes d’exploration pétrolière et gazière off-shore

Nejma Rondeleux, Maghreb Emergent, 06 Novembre 2012

En dépit de 1.200 kilomètres de côtes, l’Algérie n’exploite qu’un seul puits de pétrole en mer, foré dans les années 1970. Pour réaliser un forage off-shore en 2014, Sonatrach compte mobiliser d’importants moyens, dont un des plus importants est la sismique 3D. Une meilleure connaissance du potentiel pétrolier et gazier sous-marin est une condition sine qua non pour y intéresser les compagnies pétrolières internationales.

Sonatrach a décidé de mobiliser les moyens nécessaires en vue de réaliser un forage offshore en 2014. Elle a notamment augmenté ses travaux de recherche au niveau de l’offshore et envisage d’investir dans la sismique 3D, permettant une exploration bien plus précise et avancée des sols marins que la 2D. C’est ce qu’a annoncé Kamel Chikhi, son directeur central « Associations », lors d’une conférence sur le sujet organisée, hier, à Alger dans le cadre du forum « Algeria Future Energy » (4-6 novembre 2012).

Malgré ses 1.200 kilomètres de côtes, l’Algérie ne dispose que d’un seul puits de pétrole en mer significatif à 4.500 mètres de profondeur foré… dans les années 1970. Un retard que Sonatrach semble aujourd’hui vouloir rattraper grâce à des campagnes sismiques permettant d’explorer l’espace sous-marin algérien. « En 2011, Sonatrach a acquis 5.000 km2 de data sismiques 2D », a rappelé Mohand Saïd Malla, directeur région Nord de la division Exploration de Sonatrach, « 3.000 km2 entre Béjaïa et Annaba et 2.000 km2 entre Ténès (wilaya de Chlef) et Mostaganem ».

Pour être encore plus performant, le groupe va acquérir la sismique 3D, a déclaré Kamel Chikhi, directeur central associations de Sonatrach, en ouverture de la conférence. Car sans data de qualité, a-t-il rappelé, les compagnies pétrolières renoncent à investir. Sonatrach ne le sait que trop bien depuis l’échec de sa campagne sismique de 2000. Les 10.000 km2 de data sismiques 2D acquis auprès de l’entreprise anglaise Western GECO, une filiale de Schlumberger spécialisée dans les services géophysiques, n’ont jamais trouvé preneur, « à cause du maillage trop lâche », a expliqué Kamel Chikhi. « Acquérir ce type de data ne permettait pas de franchir le pas de la prospection, voire de l’exploration pour les compagnies pétrolières », a-t-il admis.

La nécessaire acquisition des technologies sismiques

Pour développer l’offshore, l’Algérie doit relever certains défis géophysiques tels que la grande profondeur de ses eaux (2.500 à 3.000 mètres) et la présence d’une épaisse couche de sel. Pour cela, elle aura besoin de compétences extérieures.

Les entreprises de services géophysiques l’ont bien compris. En première ligne, CGCVeritas, dont le directeur Geomarket pour l’Afrique du Nord, Philippe Bertrand, a pris soin, dans son intervention lors du forum « Algeria Future Energy », d’insister sur les réussites possibles pour Sonatrach si les moyens sont consentis. « Les technologies sismiques aujourd’hui disponibles ont permis de véritables avancées dans l’exploration des sols et des succès retentissants », a-t-il déclaré. Prenant comme exemple le Gabon qui, selon lui, présente « une analogie avec la structure salifère en Algérie », il a expliqué que la réalisation de 12.000 km2 de données non exclusives avait convaincu des compagnies pétrolières d’investir dans ce pays. « Pourquoi n’en serait-il pas de même pour l’Algérie ? », s’est-il interrogé.

Une fois les défis géophysiques relevés, il resterait à adapter le cadre législatif aux besoins de l’investissement. « Le cadre légal et fiscal n’est pas assez attractif pour les compagnies pétrolières », a souligné Mohand Said Malla. Ce cadre est considéré comme un sérieux frein au développement offshore par certains connaisseurs du secteur pétrolier algérien qui fondent leurs espoirs, pour son adaptation, sur la nouvelle loi pétrolière en cours de préparation.