Exportation d’hydrocarbures : Près de 21,50 milliards générés en dix mois

Exportation d’hydrocarbures

Près de 21,50 milliards générés en dix mois


par Z.M , Le Jeune Indépendant, 28 novembre 2004

L es recettes algériennes d’exportation d’hydrocarbures ont atteint 21,45 milliards de dollars durant les dix premiers mois de l’année 2004, contre 19,15 milliards durant la même période de l’année précédente, indiquent les statistiques du CNIS.

Cette croissance est due principalement à la flambée du prix du pétrole et à la hausse de la demande pétrolière (+ 82,2 %) sur le marché mondial. Pour satisfaire la demande, l’Algérie, à l’instar des pays de l’OPEP, produit plus que son quota fixé par l’Organisation.

Selon le ministre de l’Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, sa production atteint actuellement 1,4 million de barils par jour (mb/j) alors que son quota officiel n’excède pas 810 000 b/j. Le ministère de l’Energie et des Mines table sur des recettes de 30 milliards de dollars à la fin de l’exercice 2004.

En dépit de ce pic historique qui a renfloué les caisses de l’Etat, il convient de rappeler que le ministre reste tout de même prudent et n’écarte pas une chute brutale des cours dans l’hypothèse d’une crise économique mondiale. «Cela s’est déjà produit par le passé», avait-il prévenu en septembre dernier.

Pour M. Khelil, les pays producteurs de pétrole pourraient à nouveau faire face à une surproduction et à une diminution de la demande en brut, avec pour conséquence logique une chute des prix. Une récession provoquerait inévitablement une régression mondiale de la demande pétrolière et donc une baisse du prix du baril, a-t-il expliqué.

Pour argumenter son hypothèse, le ministre avait évoqué deux évènements historiques où les prix du pétrole ont augmenté pour rechuter à leur plus bas niveau. «En 1980, les cours du pétrole avaient atteint 70 dollars le baril. Six ans après, en 1986, ils se sont effondrés à 7 dollars.

Le même scénario s’est reproduit en 1990 où les prix sont monté à 40 dollars. Ils ont atteint 10 dollars en 1998. C’est-à-dire, huit ans après», a-t-il rappelé tout en déduisant que l’histoire pourrait se répéter. «Il y aura sans doute une récession économique comme il y en a toujours eu par le passé.

Cela se répercutera inévitablement sur le marché pétrolier», a-t-il prévu. Pour lui, le problème c’est que personne ne peut savoir quand cette crise pourrait se produire. «Dès qu’on a une récession, on a une chute de la demande. On combine cela à une surproduction qui proviendra de l’offshore profond et nous aurons la même situation que celle des années 1986 et 1998 : une baisse certaine prix», a-t-il analysé.

Le ministre a averti qu’une éventuelle chute brutale des prix, pèsera lourdement sur l’économie du pays. «Cela pourrait bloquer carrément les grands projets en chantier, tels le métro d’Alger ou l’aéroport international». En prévision de cette éventualité, l’Algérie, à l’instar des pays producteurs, a été «sage» en élaborant son budget sur la base d’un prix de 19 dollars le baril.

«Les pays producteurs ont la leçon et n’établissent pas leur budget sur la base de 30 ou 40 dollars mais sur la base d’un prix moyen de 19 dollars, de telle manière qu’on a un Fonds de stabilisation des recettes dans lequel on verse l’argent généré en surplus par la rente pétrolière».

Il a expliqué que quand le prix du pétrole baisse, l’Etat puise dans ce Fonds. «Cela permettra de stabiliser les investissements», a-t-il argué. Dans le même sens, le ministre a conseillé de ne jamais démarrer des projets qu’on ne peut pas réaliser avec une loi de finances sur la base de 19 dollars.

Pour rappel, le Fonds de stabilisation des recettes dispose actuellement d’un montant de 525 milliards de dinars, soit sept milliards de dollars. Z. M.