In Salah- Gaz de schiste : le PDG de Sonatrach veut impliquer les habitants

In Salah- Gaz de schiste : le PDG de Sonatrach veut impliquer les habitants

par De Notre Envoyée Spéciale A In Salah, Ghania Oukazi, Le Quotidien d’Oran, 26 mai 2018

Abdelmoumène Ould Kaddour est décidé à impliquer directement les habitants de In Salah dans la décision de l’Algérie d’exploiter le gaz de schiste.

Jeudi, le PDG de Sonatrach était à In Salah pour inspecter les activités du groupe pétrolier dans la région, entre autres le projet de développement des champs du Sud. Le bras retenu depuis quelque temps par une attelle suite à une intervention chirurgicale qu’il a subie, Ould Kaddour a atterri dans la matinée de jeudi à In Salah, un jour de ramadhan sous une température de plus de 40 degrés. Sa première halte, quelque peu longue, il l’a consacrée à trois des zaouias les plus connues dans la région. Il s’entretiendra ainsi avec les chouyoukhs de la zaouia Sbii Salah Benazi, ezaouia El Ahmadia et zaouiet Cheikh Ezzaoui. Au-delà du fait qu’il tente de faire adhérer l’ensemble des populations du Sud aux ambitions de Sonatrach, «Abdou» tient depuis un certain temps à aborder le sensible dossier du gaz de schiste. «J’ai discuté avec les gens locaux, notables et jeunes, je leur ai demandé de s’entendre entre eux pour choisir entre 10 et 20 jeunes pour que je les amène en Argentine, au Canada, aux Etats-Unis, pour qu’ils voient d’eux-mêmes comment se fait l’exploitation du gaz de schiste, ils doivent savoir et se rendre compte que ce n’est pas un poison, c’est une ressource naturelle que Dieu nous a donnée et qu’il faille qu’on exploite.» Les jeunes qu’il veut convaincre de l’impérieuse nécessité de l’Algérie de «passer» au gaz de schiste, vont être emmenés «par groupe de 5 dans les pays où le gaz de schiste est exploité sans problème, pour qu’ils discutent avec des experts, des spécialistes, des ingénieurs, des responsables pour qu’ils soient rassurés.» Interrogé mercredi dernier sur l’éventualité d’exploitation du gaz de schiste par Exxon Mobil, Ould kaddour a répondu sans hésiter «j’espère que c’est vrai !» Il précisera à In Salah qu’ «il faut qu’on planifie, qu’on prépare le terrain et la ressource humaine, on ne doit pas faire n’importe quoi.»

«Il faut que le travailleur travaille !»

L’important pour lui est de savoir «qu’est-ce qu’on veut et où veut-on aller.» Il multiplie les sorties sur les sites pétroliers et gaziers du pays. «C’est très important d’aller vers les travailleurs, la population, il faut qu’on sache communiquer et travailler ensemble,» explique-t-il. «Je veux rencontrer tous les gens avec qui je travaille, il faut qu’on se connaisse entre nous, c’est extrêmement important pour moi,» dit-il lors du point de presse qu’il a animé jeudi dans le salon de l’aéroport d’In Salah. Il est persuadé qu’ «il y a tout ce qui est nécessaire en Algérie pour avancer, maintenant il faudrait qu’on s’organise, qu’on sache communiquer et travailler ensemble.» Mais «malheureusement, nous sommes des gens pressés qui veulent avoir tout, tout de suite,» regrette-t-il. En réponse au représentant des travailleurs du secteur des hydrocarbures, le patron de Sonatrach reconnaîtra qu’ «il est vrai qu’il y a des problèmes de chômage dans la région, ensemble on va trouver des solutions.» Il relève cependant, «il y a deux centres de formation à In Salah mais un ne fonctionne pas, je me demande pourquoi ?» Il fera remarquer qu’il est prévu depuis longtemps la réalisation d’une imagerie «il faudra qu’on le fasse !» Il rappellera qu’il est à la tête de Sonatrach depuis 14 mois. «A mon arrivée, j’étais désespérément déçu par le comportement des gens, personne ne parlait avec personne(…).» Il appelle avec insistance «tout le monde à s’impliquer(…)» Il pense ainsi que «cette démarche de motivation personnelle permettra aux citoyens de s’approprier la stratégie et le développement de Sonatrach.» Parce que, dit-il, «Sonatrach appartient à tous les Algériens, il faut qu’ils soient mis au courant de ce qu’elle fait, comment elle fonctionne et quels sont ses objectifs.» Ould Kaddour affirme «il faut qu’on devienne une entreprise économique, qu’on sorte de la bureaucratie !» Il tirera une certaine fierté en notant qu’avec l’achat par Sonatrach de la raffinerie italienne Augusta, «on a planté le drapeau algérien en Italie.» Il avouera cependant, que «j’aurai souhaité faire la raffinerie ici, chez nous, mais c’est un vrai problème, celle de Sidi Yacine qui n’est pourtant pas nouvelle, qu’on rénove seulement, traîne depuis 5 ans, c’est désolant !» Il ne manque pas d’appeler «tout le monde au travail.» Il faut, dit-il, que «le travailleur travaille !»

«Il faut qu’on sache stocker nos excédents en gaz»

De retour des zaouias, le PDG ira s’enquérir du fonctionnement du projet de développement des champs sud d’In Salah. «L’objectif du projet consiste à développer les quatre champs du sud du périmètre contractuel d’In Salah Gas (Gour Mahmoud, Hassi Moumne, Garet El Befinet et In Salah) en vue de maintenir le plateau de production à un niveau annuel de 9 milliards de Sm3 de gaz sec pour une production de 27 millions de Sm3/J,» dit la fiche technique. Des données contredites par celles enregistrées réellement à savoir une production de 25 millions de Sm3/j de gaz sec, pour un peu plus de 8 milliards de Sm3/ an. Ceci même après l’entrée en production en 2004 des champs nord (krechba, TEG et REG). Le PDG de Sonatrach a relevé ces écarts dans la production en recommandant entre autres aux gestionnaires du site de synchroniser les opérations de maintenance nécessaires aux équipements. «Nous avons une baisse de la production parce que nous avons fermé trois sites pour raison de maintenance, nous avons un problème de ressources humaines,» lui a fait savoir un des responsables. «Ce n’est pas intelligent ! Fermer trois sites en même temps, ce n’est pas faisable, il faut trouver un moyen pour réguler la production, la consommation et le stockage, il faut savoir optimiser notre production et notre ressource humaine, c’est important !», a martelé Ould Kaddour. Le stockage, Sonatrach en fait un de ses objectifs qu’il faut «absolument atteindre», dit son patron qui précise qu’«on a commencé à le faire, il faut qu’on sache stoker les excédents de gaz, j’espère que ça va marcher.» Le projet n’est pas nouveau. Détenant 35% des parts d’un contrat de partage de production (PSC), Sonatrach l’a lancé en 1995 en association avec BP pour une participation de 33,15% et Statoil avec 31,85%.

Il assistera par ailleurs dans la base de vie de In Salah Gas, à la présentation de la stratégie de Sonatrach à l’horizon 2030. Stratégie qui, pour rappel, a été rendue publique à Alger le 30 avril dernier. Il écoutera aussi un exposé sur les moyens et opérations de secours en cas de danger (risque d’incendie, d’attentat…), Ould Kaddour prévoit de se déplacer la semaine prochaine à Hassi Messaoud.