Le gouvernement algérien doit interdire la fracturation hydraulique!

Le gouvernement algérien doit interdire la fracturation hydraulique!

Par josé bové, 28 février 2015
http://blogs.mediapart.fr/blog/jose-bove/280215/le-gouvernement-algerien-doit-interdire-la-fracturation-hydraulique

L’idée d’utiliser une denrée aussi rare, précieuse et vitale que l’eau pour aller fracturer des roches à plusieurs milliers de mètres sous terre n’a pu naître que dans l’esprit malade de gens qui depuis longtemps ne perçoivent du monde que les signes renvoyés par le CAC 40 ou la croissance du PNB.

Les mobilisations en France ont contraint le gouvernement de l’époque à faire voter une loi contre la fracturation hydraulique. C’était une superbe victoire qui a surpris tout le monde par sa rapidité et par le fait que parmi les opposants, se retrouvaient, côte-à-côte, des citoyens d’horizons politiques très différents. La défense de l’eau brisait les carcans politiques classiques qui imposent un monde binaire, droit/gauche, noir/blanc.

La Pologne était soi-disant le nouvel Eldorado pour les multinationales des hydrocarbures qui sont arrivés à Varsovie dans les bagages d’Obama en 2008. Depuis, les paysans et les citoyens se sont mobilisés. Certains, que j’ai rencontrés à plusieurs reprises dans l’est à la frontière avec l’Ukraine, se sont relayés pendant des mois, jours et nuits, pour empêcher les camions vibreurs d’entrer dans leur champ. Leur détermination a fini par arracher le morceau et les multinationales ont quitté les lieux en catimini.

Ces mêmes multinationales sont allées explorer le terrain en Roumanie d’où elles ont également été chassées par des milliers de manifestants déterminés. Chevron a annoncé son départ, le plus discrètement possible, il y a quelques jours seulement de ce pays.

Face aux dégâts sanitaires et environnementaux, aux Etats-Unis, l’Etat de New York a interdit la fracturation hydraulique et la Californie pourrait lui emboîter le pas très prochainement.

Sur cette planète, les gens refusent le gaz de schiste. Nombreux sont ceux qui se dressent, gagnent et leurs victoires font boule de neige.

Le simple fait que Total songe à exploiter le gaz de schiste dans le désert montre une fois de plus que cette entreprise est criminelle. Elle devra répondre de ses crimes devant un Tribunal environnemental international qui, je l’espère, verra le jour prochainement.

Total pensait pouvoir s’épanouir dans un pays du Maghreb sous la protection d’un système politique corrompu et répressif. Elle en est pour ses frais.

Total, grâce à son arrogance et à son cynisme, a soulevé la colère de dizaines de milliers d’Algériennes et d’Algériens en qui je me reconnais.

Total doit immédiatement interrompre ces recherches dans cette région et laisser les gens tranquilles.

Les manifestations contre l’exploration du gaz de schiste en Algérie ne mollissent pas, bien au contraire ! Elles sont de plus en plus nombreuses. Elles doivent être soutenues par l’ensemble des habitants de la planète et en particulier par nous, qui habitons de l’autre côté de la Méditerranée, et qui sommes leurs voisins.

Moins de dix mois avant la Conférence sur le réchauffement climatique qui se déroulera à Paris, ces Algériennes et ces Algériens qui disent NON aux gaz-euros font naître l’espoir comme les indiens d’Equateur qui refusent avec acharnement de laisser dévaster leur forêt pour une poignée de pétro-dollars. Les gens se redressent. C’est une nouvelle donne que les chefs d’état qui se réuniront à Paris en décembre 2015 doivent sérieusement prendre en considération.

Ces manifestations sont le signe de l’émergence d’une conscience écologique mondiale qui place les ressources naturelles, la qualité de la vie, la beauté des paysages au-dessus des profits et sur lesquelles les idéologies de toutes natures viennent se fracasser. De ces manifestations coule une source d’espérance et de détermination qui nous renforce.