Les Emiratis veulent gérer les ports algériens

Ils ont entamé hier des négociations avec le ministère des transports

Les Emiratis veulent gérer les ports algériens

El Watan, 6 août 2007

Animés par une réelle volonté d’investir en Algérie, les opérateurs émiratis sont en phase de finalisation de leurs projets d’investissement qui touchent plusieurs secteurs d’activités.

Hier, une nouvelle délégation économique (la troisième en l’espace de deux mois), conduite par la ministre de l’Economie des Emirats arabes unis (EAU), Cheikha Loubna Bent Khaled Al Qacimi, a mené des discussions avec des représentants du gouvernement issus de plusieurs secteurs, dont l’habitat, l’énergie, l’industrie, la promotion des investissements, les transports, l’eau, le tourisme, les finances et l’agriculture. Les investisseurs émiratis atterrissent avec dans leurs bagages des projets « concrets », disent-ils, parmi lesquels celui relatif à la concession de la gestion des ports d’Alger, de Djendjen (Jijel) et de Annaba. Dubai Port World (DP World) veut, en effet, prendre la gestion des terminaux à conteneurs. D’après son directeur exécutif, Jamal Majid Bin Thaniah, DP World se présente avec de nouvelles propositions. Sans indiquer la consistance de l’offre soumise à l’appréciation des autorités algériennes, le responsable de DP World, qui s’apprêtait à des négociations à huis clos avec des représentants du ministère des Transports, a tenu à souligner que le projet en question sera « bénéfique » autant pour le propriétaire (Etat) que pour les travailleurs des ports concernés. Il est important de souligner à ce titre que le projet de concession des ports, vieux de presque dix ans, continue de buter sur la résistance des dockers qui n’en veulent pas entendre parler. De son côté, le holding Al Qodra mûrit des projets dans plusieurs secteurs. A l’issue d’une visite de prospection menée en juin dernier dans le cadre d’une délégation d’hommes d’affaires, Al Qodra Al Qabidha (holding) a décidé de s’implanter en Algérie. C’est la ministre de l’Economie qui a inauguré, hier, les bureaux d’Al Qodra à Alger. S’agissant des investissements, cette société, dont les plus importants engagements se comptent dans l’immobilier pour près de 50 milliards de dollars US, veut se lancer dans l’agriculture biologique et les services. D’après son directeur pour l’Afrique du Nord, Ayman Elshenawy, Al Qodra veut intervenir dans l’agriculture biologique. Tout en rappelant l’expérience menée au Maroc où ce holding exploite 3000 ha, M. Elshenawy espère trouver un terrain d’entente avec les autorités algériennes pour exploiter ce créneau. En fait, ils sont à la recherche d’importantes surfaces cultivables. Par ailleurs, il est à signaler que des projets émiratis entrent en phase de réalisation. Il s’agit des projets des groupes Emaar et Al Qodra, les projets de la chambre de commerce et d’industrie d’Abu Dhabi et ceux des compagnies Dimo et Amiral. D’autres investisseurs veulent intervenir dans la promotion immobilière par la réalisation et l’exploitation de complexes touristiques et immobiliers ainsi que des centres commerciaux. Les capitaux émiratis s’intéressent aussi au secteur financier. Outre la banque Al Salam, récemment autorisée par la Banque d’Algérie à entamer son installation, il est attendu qu’un second établissement obtienne son agrément, affirme Karim Djoudi, ministre des Finances. Plusieurs autres banques des EAU s’intéressent également au marché algérien. Pour rappel, la séance de travail d’hier vient en prolongement de la 5e session de la commission mixte algéro-émiratie tenue en mi-juin dernier. Ladite session s’était conclue par la signature de cinq accords et mémorandums d’entente dans les domaines des douanes, du tourisme, du dessalement de l’eau de mer, du travail, de l’enseignement supérieur et de la coopération entre les instituts diplomatiques des deux pays. De même, les deux Etats sont liés par un mémorandum d’entente entre la Commission de surveillance des opérations boursières algérienne (Cosob) et l’Autorité de régulation boursière émiratie, ainsi qu’un mémorandum d’entente entre les chambres de commerce et d’industrie. Deux autres conventions concernant la protection réciproque des investissements et la non double imposition lient l’Algérie aux EAU.

M. Zentar