Conférence sur le développement économique et social : Sellal veut une économie participative

Conférence sur le développement économique et social : Sellal veut une économie participative

par Ghania Oukazi, Le Quotidien d’Oran, 5 novembre 2014

Le Premier ministre a insisté sur le respect «d’une démarche consensuelle et pragmatique» pour réussir «le développement d’une économie participative».

C’est devant une salle pleine à craquer que Abdelamalek Sellal a ouvert hier les travaux de la conférence sur le développement économique et social organisée par le ministère de l’Industrie et des Mines. Ce dernier s’est donné trois jours pour associer l’ensemble des intervenants dans la sphère économique et industrielle aux fins « d’élaborer une véritable matrice pour le futur de l’économie nationale ». Abdesselem Bouchouareb a voulu devancer les critiques de tous ceux qui pensent que le gouvernement fait du surplace en organisant des kermesses. « Ca ne sera pas une énième rencontre aux conclusions sans prolongement concret», a-t-il tenu à rassurer. Son rendez-vous à lui, il le présente comme étant « une logique moderne et citoyenne pour initier une démarche économique en impliquant toute l’intelligence disponible ». Il le veut pour «évaluer les forces et faiblesses et situer les opportunités » de l’économie en général et de l’industrie en particulier. Il veut le faire « d’une manière consensuelle pour faire émerger les lignes d’actions et structurantes du futur ». Il veut définir « de nouveaux mécanismes dans le nouveau code de l’investissement ». Un code dans lequel il place le partenaire étranger en pole position. Il le considère d’ailleurs comme étant « le levier de la relance industrielle ». Le tout lui permettra de lancer « une dynamique industrielle nouvelle ».

Le 1er ministre avait rassuré avant lui que «l’économie nationale est ouverte à tous les partenaires et les lois algériennes protègent tous les partenaires, publics, privés, nationaux et étrangers ». Sellal dira qu’il n’y a pas de différence entre les intervenants dans l’économie. «Celui qui veut gagner, qu’il gagne mais qu’il paie ses impôts ! » a-t-il recommandé. Il rejette toute dichotomie entre public et privé même s’il a reconnu que le secteur industriel a enregistré une hausse de 20% et que « la plus grande part c’est celle du privé ». Il parlera de cette obligation de sécuriser et de stabiliser le pays « mais il faut qu’il y ait une stabilité sociale ». Il insistera ainsi sur «l’investissement en la ressource humaine, c’est la base de tout développement économique». Il fera savoir à cet effet qu’avec accord des Américains, des jeunes qui ont créé des start-up, séjourneront prochainement à la Silicon Valley pour comprendre les nouvelles technologies.

LA FEUILLE DE ROUTE DE SELLAL

Il annonce l’ouverture prochaine à Alger d’une académie internationale scientifique où « des sommités internationales donneront des cours». Par ailleurs, il rassurera sur la maîtrise par le gouvernement des dépenses publiques en ces temps de chute du baril du pétrole. «Le prix du pétrole est en baisse, on a fait nos calculs, nous avons toujours su préserver nos équilibres macroéconomiques et nous le ferons pour les années à venir », a-t-il affirmé. Sellal table même sur une croissance de 7% d’ici à 2019 « un objectif réaliste » qui, dit-il, « sera réalisé». « L’Algérie a beaucoup de moyens qui permettent à notre économie de se développer d’une manière rapide », note-il.

Le 1er ministre dictera la feuille de route pour tout changement à venir. Il notera que « nous avons décidé de soutenir le cadre marchant en rationalisant la dépense économique». Il précisera au passage que « nous ne sommes pas pour le libéralisme sauvage(…), il y a l’économie socialiste, l’économie capitaliste, nous, nous voulons une économie participative ; notre principe est pragmatique et ce qui convient à notre pays, on l’adopte». Il fixera trois objectifs-principes à cette économie « participative». Il fait remarquer en premier que les hydrocarbures « on en a et on en aura ». Mais, a-t-il dit, « nous voulons une économie productive(…) l’industrie sera au cœur de notre processus économique aux dimensions sociales». 2ème objectif déclaré par Sellal « l’encouragement de l’investissement dans la sphère marchande pour assurer une valeur ajoutée et une croissance économique». Investissement à propos duquel il répètera qu’il devra être financé sur fonds propres de l’entreprise publique soutenus par des crédits bancaires. Il rappellera ainsi qu’il n’est plus question pour toute entreprise publique de prétendre aux financements par le Trésor public. Dernier objectif, le développement de la ressource humaine.

LE PARI RATE D’UNE ECONOMIE HORS HYDROCARBURES

La réussite de ce processus ne pourra se faire selon lui qu’avec « l’adhésion de tous ». Le 1er ministre a évoqué le pacte économique et social comme «document de consensus ».

Il a affirmé qu’il sera présenté le 12 février prochain devant le BIT pour en faire « un pacte international».

Bien que le ministre de l’Industrie ait tenté de rassurer que ce ne sera une «énième rencontre », la majorité de ses invités « nationaux » reconnaissaient que cette conférence est un rendez-vous de plus. A ceux nombreux à qui on a posé la question «pourquoi cette rencontre», ils répondaient avec le sourire « c’est la seule question qui mérite d’être posée». Si le gouvernement est toujours en train de chercher le mode opératoire idoine pour démarrer l’économie nationale notamment celle hors hydrocarbures, ses discours politiques n’ont pas pris une ride. C’est comme si le temps s’est figé hier au Palais des Nations de Club des pins. Les mêmes têtes ou presque, les mêmes constats, les mêmes promesses… Comme au temps de la première conférence économique et sociale tenue sous Zeroual alors président de la République. Comme récemment, au temps de Temmar alors ministre de la participation qui avait fait de la stratégie industrielle qu’il avait fait confectionner à 100% par l’expertise algérienne, son arme pour une économie productive hors hydrocarbures mais qui a été jetée dans les méandres de la politique politicienne par les responsables du pays. Un coup pour rien qui a fait perdre à la nation du temps, des énergies et de l’argent. « Ils nous ont invité pour prendre de nos nouvelles les uns les autres », a lancé hier un expert avec un large sourire…

Se sont succédés à la tribune, le SG de la Tribune, le ministre des Finances et autres patrons et experts. La conférence a encore aujourd’hui et demain pour qu’elle fixe des lignes directrices aux gouvernants en vue de réussir leur pari raté de lancer une économie hors hydrocarbures.