«Des investisseurs étrangers ont payé des pots-de-vin»

SELON LA BANQUE MONDIALE

«Des investisseurs étrangers ont payé des pots-de-vin»

L’Expression, 26 Octobre 2009

La corruption est le plus grand fléau qui frappe l’Algérie en ces temps de crise économique et de mondialisation. Plus de 35% des représentants des compagnies étrangères travaillant avec l’Algérie déclarent avoir payé des pots-de-vin pour obtenir des contrats publics. Ce constat accablant ressort de l’étude menée par Daniel Koffman, expert économique de la Banque mondiale, cité hier, par Clotilde Champey-rache, maître de conférence à l’université Paris 8, lors de son intervention au Colloque international sur l’économie algérienne qui se tient à l’université de Tizi Ouzou. «Cette corruption trouve son terreau favori dans le secteur du bâtiment et des travaux publics», a soutenu la conférencière qui a tenu à tirer la sonnette d’alarme quant au risque de voir les marchés publics dominés par les réseaux maffieux. Elle citera en exemple, la Chine. En effet, les sujets traités lors de cette première journée revêtent une importance capitale pour la poursuite de l’adaptation de l’économie nationale aux règles en cours sur le plan international.
Auparavant, le professeur Dahmani de l’université de Tizi Ouzou a abordé les avantages et les inconvénients de la mondialisation sur l’économie, non seulement de l’Algérie, mais de tous les pays en voie de développement. D’emblée, le conférencier fera le constat d’échec des stratégies de développement économique qui se sont succédé après l’indépendance.
L’Algérie a, selon lui, échoué dans la modernisation de ses structures et de ses institutions pour voir les changements, par conséquent, être imposés de l’extérieur. Pour l’intervenant, notre pays serait encore au Moyen-Age sans l’apport des pays développés, citant en exemple, l’électricité, le gaz ainsi que tous les moyens modernes.
La meilleure manière de s’agripper à la machine du développement et de rattraper les pays émergents serait, selon l’intervenant, que l’Algérie récupère ses parts de marché perdues pendant les années 1970, faisant l’éloge de l’économie dirigée de cette époque. Pour étayer ses propos, M.Dahmani citera en exemple, le marché des fleurs qui était très développé dans la Mitidja pendant la période coloniale et postindépendance. Le nom de la ville des Roses attribué à Blida est le témoin de cette époque florissante. Le marché du vin, lui aussi a disparu, selon l’orateur. Pour lui, la problématique réside dans la manière de concilier la mondialisation inéluctable avec le secteur public. Concernant l’Algérie, l’intervenant préconise un redéploiement de l’Etat dans les procédures d’attribution des marchés car le secteur est des plus prolifiques dans le pays.

Kamel BOUDJADI