Lutte contre le Blanchiment d’argent

Lutte contre le Blanchiment d’argent

Les banques mises à contribution

El Watan, 18 juillet 2005

L’Algérie a été classée en 88e position en matière de blanchiment d’argent. Il existe une cellule de traitement des renseignements financiers, qui est une structure administrative indépendante placée sous l’autorité du ministère des Finances.

Mise en place en 2002 et dont les membres de son conseil ont été désignés en 2004, elle est chargée du dossier du blanchiment d’argent ainsi que de celui du financement du terrorisme. Selon un membre de cet organisme, Abdelkrim Djadi, un système sera mis en place pour détecter toute opération douteuse. Dans cette optique, l’Association des banques et des établissements financiers (Abef) a élaboré un référentiel transmis aux banques. Ce thème épineux a fait l’objet, hier, d’une journée d’étude à l’hôtel Mercure, à l’initiative du Conseil de l’ordre des experts-comptables, en collaboration avec le Conseil régional de Marseille. Roger-Louis Cazalet, expert honoraire à la Cour d’appel d’Aix-en-Provence et président du Comité de lutte contre le blanchiment d’argent, a fait un exposé sur ce phénomène et les mesures répressives engagées. Selon lui, l’argent blanchi provenait du trafic de stupéfiants, alors que, de nos jours, le terrorisme et le grand banditisme génèrent également des fonds objet à blanchiment. Selon lui, citant le quotidien français La Tribune, 5000 milliards de dollars de capitaux sont en attente d’être blanchis dans ce qu’on appelle les centres offshores ou les paradis fiscaux. Pour lui, il faut distinguer entre le blanchiment d’argent et la fraude fiscale. « Le blanchiment d’argent mène à la fraude fiscale », a-t-il ajouté. Il convient, selon lui, de préciser les textes et les définitions. « On ne peut pas agir sur la base des critères flous », a-t-il argumenté, estimant nécessaire d’être vigilant pour éviter des erreurs judiciaires. « Ne pas pouvoir justifier des ressources qui correspondent à un train de vie peut mener à un soupçon », a-t-il déclaré. Il a plaidé pour la substitution de la notion de soupçon par des faits précis. Il a insisté sur la nécessité d’éradiquer les paradis fiscaux. « Il faut donner à cette action une dimension politique et éthique », a-t-il poursuivi. Selon lui, le phénomène prend une tournure dramatique traduite en Russie par l’assassinat de 31 chefs d’entreprises par la mafia de Moscou. M. Cazalet, qui a précisé qu’une grande partie de l’argent blanchi en France vient de l’Europe de l’Est et de la Russie, a relevé que le débat tourne actuellement autour de la question du « maintien du secret professionnel face à une organisation criminelle organisée ». Les professionnels sont tenus de ne pas révéler les informations fournies par leurs clients. Une réflexion a été engagée pour trouver une solution médiane afin de ne pas rompre la confiance qui existe entre un professionnel et le client et ne pas faire obstruction à une enquête judiciaire ou policière. Le Conseil de l’ordre des experts-comptables a négocié avec le Conseil supérieur des experts-comptables de France et la Compagnie nationale des commissaires aux comptes de France une action de coopération qui consistera, dans un premier temps, à prendre en charge l’aspect de la formation de cette corporation, a annoncé son président, Mohamed-Lamine Hamdi. « On va d’abord former des formateurs qui vont s’éparpiller à travers l’ensemble du territoire national pour prendre en charge la formation des professionnels. On va entamer un programme de sélection des formateurs. Une cinquantaine de professionnels seront choisis, qui seront répartis dans les différentes régions. Il est également question de la réorganisation de l’administration et du Conseil de l’ordre », a-t-il indiqué. La formation des finalistes des experts-comptables fait partie des actions inscrites dans ce programme. Il a rappelé que, depuis plus de trois ans, l’examen final n’a pas été organisé. Des démarches sont en cours pour le lancement de l’Institut national de l’expert-comptable. « Nous sommes en négociation avec certaines institutions pour trouver des locaux et commencer à stabiliser la formation de l’expert-comptable. Nous avons 3000 finalistes experts-comptables. Nous avons aussi des licenciés qui viennent vers cette profession », a fait savoir M. Hamdi. Il a indiqué que des délégués seront désignés à la rentrée dans chaque wilaya. Il seront chargés de gérer les problèmes de leurs confrères de la wilaya pour leur éviter des démarches contraignantes.

Boudedja Nora