Les augmentations des prix se poursuivront

Le chef du gouvernement répond aux députés

Les augmentations des prix se poursuivront

Le Quotidien d’Oran, 26 mai 2005

Ahmed Ouyahia a répondu, hier, aux interrogations des députés sur la déclaration de politique générale du gouvernement qu’il leur a présentée dimanche. «Elle portera sur 30 dossiers et concernera 5 types de sujets: politique, lié aux réformes, économique, social et lié au développement», dira-t-il.

Le chef du gouvernement réaffirmera l’intention de l’exécutif de transférer la ville de Hassi Messaoud. «Il y a 15 puits en plein coeur de la ville. Un risque pour 80 000 habitants». Ce transfert prendra, selon lui, 3 ou 4 ans. Quant aux raisons qui ont conduit à une telle situation, le chef du gouvernement dira qu’il ne travaille pas avec «un rétroviseur». La même décision prévaut, a-t-il ajouté, pour In Amenas, Hassi Berkine, Skikda et Arzew. «Ils seront retirés aux territoires des communes avec une gestion spécifique. Celle des zones administratives», a-t-il précisé. Il s’agit d’un retour à la situation qui prévalait au début des années 80. Il précisera néanmoins que la fiscalité pétrolière reviendra aux communes. La réduction des prérogatives des élus locaux ne constitue pas, pour Ahmed Ouyahia, une «manoeuvre», mais plutôt la prise en charge d’un problème. «En septembre 2004, nous avions 55 000 logements non distribués. Ce n’est pas une question de calcul. Aujourd’hui nous n’avons certes pas distribué l’ensemble, mais nous en avons distribué 21 000. Cessons de voir le diable partout», indiquera-t-il. L’APN aura à se prononcer prochainement sur l’avant-projet de loi portant code communal et de wilaya ainsi que sur l’avant-projet de loi des finances locales, a annoncé le chef du gouvernement.

Interpellé sur les libertés syndicales, il dira qu’elles existent. «Il y a un problème. Celui de l’utilisation des droits syndicaux. Il doit s’utiliser dans le cadre de la loi». Il tracera en ce sens le chemin. «Pour une grève, il faut une assemblée générale qui atteigne le quorum puis passer par la conciliation. Déclencher des grèves du jour au lendemain et prendre les Algériens en otages, c’est terminé. Entre nous, il y a la loi», préviendra-t-il. Se faisant plus catégorique, il exigera des enseignants de remettre les copies non rendues des élèves. «Ce genre de cas existe dans deux wilayas. Et l’Etat assumera son rôle», menacera-t-il.

Devant les interventions critiques pour la suppression du baccalauréat sciences islamiques, il soulignera que cette décision n’est pas à l’encontre de la société. S’appuyant sur la dernière promotion issue de cette filière, il remarquera que sur les 20 000 élèves qui ont réussi l’examen, seulement 1971 bacheliers ont rejoint les rangs des facultés de sciences islamiques. «Nous n’avons pas abandonné l’enseignement de l’Islam dans l’école algérienne.

Ce n’est pas la décision de Boubekeur Benbouzid mais celle de l’Etat », précisera-t-il. Quant aux manifestations des étudiants, Ahmed Ouyahia ressortira un discours connu. «Les étudiants ont été poussés dans une autre voie.

La plainte judiciaire ouverte à Constantine va être actionnée», préviendra le chef du gouvernement. Par ailleurs, le principe de gratuité de l’enseignement ne sera pas remis en cause.

Ahmed Ouyahia remarquera comme Tayeb Belaïz que la lutte contre la corruption actuellement menée par la justice, n’est pas une campagne mais une action s’inscrivant dans la durée. D’autant plus que le mal est, selon lui, profond. «Il y aura des mois avec 5 affaires, des mois avec 10. Ça dépendra de ce que nous aurons sous la main. Mais cela ira crescendo», précisera-t-il. A ce sujet, le chef du gouvernement réitérera que nul n’est au-dessus de la loi. «L’affaire Khalifa n’a pas encore terminé de donner tous ses résultats. Pas seulement pour l’affaire elle-même mais dans la libération des esprits. Personne ne dit qu’on peut nettoyer les crimes totalement. C’est une bataille commune où tout le monde doit être mobilisé», estimera Ahmed Ouyahia. Il annoncera la prochaine présentation de l’avant-projet de loi relatif à la lutte contre la contrebande.

Ahmed Ouyahia présentera le soutien aux réformes structurelles comme étant un choix d’avenir. «C’est un message important pour l’extérieur et pour les investisseurs. Nous n’avons pas à en avoir peur», dira-t-il. Pour lui, les temps ont changé. Le gouvernement se présente cette fois, remarquera son responsable, avec un programme de 55 milliards de dollars qui sera entièrement financé sur fonds propres. «Pardonnez à vos frères et soeurs que vous avez chargés de piloter l’avion Algérie, de le faire avec un plan de vol», remarquera Ahmed Ouyahia un tantinet ironique.

Au chapitre économique, Ahmed Ouyahia reviendra sur l’interpellation d’un député concernant l’absence du rapport de conjoncture du CNES. «Le CNES est toujours debout. Son rapport est en préparation. Aujourd’hui est un grand jour, nous discutons les uns avec les autres en utilisant des références algériennes et non pas celles du FMI, de la Banque mondiale ou de l’OCDE», soulignera le responsable de l’exécutif.

Concernant les privatisations, il invitera les parlementaires à créer une commission d’enquête sur ce qu’ils ont qualifié de bradage. «Le montant global des dettes des entreprises vendues et récupérées par les acheteurs est de 16 milliards de DA», dira-t-il. Le gouvernement espère privatiser 200 à 250 entreprises au courant de l’année 2005. Par ailleurs, près de 525 milliards de DA d’investissements productifs ont été réalisés par les entreprises. Dans le domaine touristique, le Conseil national de l’investissement a donné son accord pour 60 milliards de DA d’investissements dans le secteur. «Près de 40 milliards de DA seront investis dans l’Algérois. Les capitaux sont à 50% algériens, à 50% des pays du Golfe», précisera Ahmed Ouyahia.

Le programme d’un million de logements sera finalisé et livré d’ici 2009. «Au 31 décembre 2004, 340 000 logements étaient en cours de réalisation. Les appels d’offres sortiront massivement. Je peux vous garantir que plus de 500 000 logements seront en chantier. En 2009, 1 million de logements seront livrés et 300 000 en chantier». L’Etat a donné, a-t-il ajouté, instruction aux entreprises publiques d’investir dans les carrières et usines de sable industriel afin d’éviter le pillage au niveau du littoral. Concernant la société chinoise CNPC, Ahmed Ouyahia précisera «qu’elle ne nous doit rien». Près de 50% des problèmes rencontrés par l’AADL sont dus, selon lui, à un «manque d’effectifs».

Aux agriculteurs, il les assurera du maintien des subventions avec l’OMC, l’UE ou autres. Il annoncera également qu’un accord vient d’être finalisé mais pas encore signé avec le conglomérat espagnol Fertiberia dans l’industrie pétrochimique des engrais pour un montant de 500 millions de dollars. Il concernera les usines d’Arzew, Annaba et une nouvelle structure. Quant au pouvoir d’achat des Algériens, Ouyahia annoncera que les augmentations des prix se poursuivront. Concernant la précarité de l’emploi, «à part la fonction publique, l’économie c’est la précarité», précisera-t-il. Le chef du gouvernement maintiendra, par ailleurs, qu’aucun journaliste n’a été emprisonné pour un délit de presse. Il justifiera les poursuites et condamnations des journalistes et journaux par le fait que nul n’est au-dessus de la loi. «Peut-on accepter la diffamation sous couvert d’immunité ? Non», dira-t-il.

Samar Smati