Attractivité

ATTRACTIVITE

par M. Saadoune, Le Quotidien d’Oran, 28 août 2010

Il n’y a pas de nouveautés majeures dans la loi de finances complémentaire (LFC 2010). Les demi-révélations ou annonces des responsables avaient déjà largement préparé les opérateurs économiques à une continuité dans la politique dite de patriotisme économique.

Les mesures législatives de la LFC 2010 ne font qu’accentuer un choix de politique économique en rupture avec le libéralisme en cours entre 1999 et 2008. Une période où l’on a essayé, sans franc succès, de privatiser et où l’on a multiplié les encouragements et les incitations à des investissements directs étrangers hors hydrocarbures, qui ne sont pas venus.

La «religion» des IDE était d’ailleurs tellement forte que cela avait suscité des rancœurs au sein du patronat privé qui ne se contentait pas seulement de défendre un précarré. Entre les enseignements de l’affaire de la cession entre Orascom et Lafarge et la chute des prix du pétrole en liaison avec la crise financière et économique, la nouvelle politique économique se veut patriotique sans complexe.

Il est vrai aussi que cette crise, riche d’enseignements, a montré que les donneurs de leçons libéraux n’ont aucun scrupule à mettre entre parenthèses les règles sacro-saintes du marché pour intervenir et prendre des mesures protectionnistes.

Les pouvoirs publics algériens peuvent, sans risque d’être détrompés, affirmer que le thème de la «préférence nationale» n’a pas été inventé en Algérie. Les responsables algériens n’ignorent pas que les agences de notation mettent à l’index une «dégradation» du climat des affaires en Algérie.

C’est le cas de la Coface française, qui vient de mettre «sous surveillance négative de la note B, environnement des affaires de l’Algérie». En cause, les mesures destinées à brider les importations, les transferts de capitaux et le cadrage sévère des investissements étrangers. Autant dire que c’est toute la politique économique de l’Algérie, réaffirmée avec plus de force dans la LFC 2010, qui motive cette mauvaise appréciation. Ces classements négatifs ne semblent guère perturber les responsables algériens.

Il est vrai aussi que la situation financière et l’état de la dette ne les rendent pas, comme ce fut le cas dans les années 90, très sensibles aux appréciations externes. Avec la LFC 2010, le gouvernement persiste et signe et accroît son pouvoir de contrôle et de régulation de l’économie. Même pour le Credoc sur lequel s’étaient focalisés une partie des opérateurs privés, les aménagements sont minimes.

Parmi les arguments avancés par les agences de notation ou par ceux qui critiquent le nouveau cours, la politique actuelle n’améliorerait pas l’attractivité de l’économie algérienne. Sur le fond, les responsables algériens, bien après les alertes des experts, ont fait le constat que malgré les incitations de tout ordre, les investisseurs aiment vendre en Algérie et investir au Maroc et en Tunisie.

Le changement de cap en matière d’IDE a été aussi motivé par ce constat, fait par les experts depuis des années, que l’Algérie donnait aux entreprises étrangères un marché sans contrepartie pour l’économie algérienne. C’est cette contrepartie qui est désormais recherchée.