Aluminerie de Béni-Saf : décision avant la fin de l’année

Aluminerie de Béni-Saf : décision avant la fin de l’année

par Hamid Guemache, Le Quotidien d’Oran, 29 avril 2008

Lancé en 2005, le projet de réalisation d’une aluminerie de 700.000 tonnes à Béni-Saf, dans la wilaya de Aïn Témouchent, par un consortium algéro-émirati franchira fin 2008 une étape décisive. Une décision sur la viabilité de cette usine géante sera prise avant la fin de l’année en cours par les sociétés initiatrices du projet : Sonatrach, Sonelgaz, Dubal et Mubadala. Les sociétés algériennes détiennent 30 % du projet et le reste appartient aux Emiratis. La décision de réaliser ou non la première aluminerie du pays sera prise par les investisseurs, selon les résultats de l’étude économique.

« Cette étude va nous dire si le projet est rentable ou non. Après, c’est aux investisseurs de décider de poursuivre le projet ou d’arrêter », a expliqué hier, lors d’une conférence de presse à Oran, Brian F. Kenny, directeur du projet pour Dubal. Il est venu avec d’autres responsables du projet dans le cadre des différentes études lancées par le groupement algro-émirati pour déterminer la viabilité du projet et son impact social et environnemental sur Béni-Saf et sa région.

L’obstacle principal sur le chemin de ce projet est le coût de réalisation d’une aluminerie, avec ses installations annexes : centrale électrique de 2000 MW, station de dessalement de l’eau de mer de 46.000 m3 par jour, plus de 2.500 logements, un port pour accueillir des bateaux de 65.000 tonnes, etc. Le coût de construction de ce type d’usine a triplé en trois ans et les fournisseurs des machines nécessaires à la production de lingots d’aluminium ont des carnets de commandes pleins. « Partout dans le monde, il y a des projets de construction d’aluminerie et de centrales électriques, ce qui a fait flamber les coûts de réalisation de ces installations », note M. Kenny.

L’implantation d’une aluminerie géante à Béni-Saf dépend aussi des résultats des études d’impact sur la société et l’environnement dans cette région côtière, connue pour son vignoble et ses belles plages. « Ces études ont été confiées à des consultants étrangers de renommée mondiale. Sonatrach ne va pas investir dans un projet dangereux pour l’environnement », a souligné M. Houd, chef de projet aluminium pour Sonatrach.

Si les investisseurs approuvent le projet, il faudra une année supplémentaire pour le démarrage des travaux, le temps de chercher et d’obtenir les financements nécessaires, estimés à plus de 7 milliards de dollars. Convaincus de la viabilité économique de l’aluminerie, les promoteurs du projet ont déjà entamé des consultations avec les banques publiques pour le financement. « Nos banques sont prêtes à participer au financement de ce projet », a annoncé le représentant de Sonatrach.

La production de l’usine est destinée en très grande partie à l’exportation. Les marchés européens et américains sont visés par les promoteurs du projet. L’aluminerie de Béni-Saf créera 2.500 emplois directs et plus de 7.000 emplois indirects. Sa réalisation, qui durera un peu moins de trois ans, nécessitera 11.000 travailleurs, selon les données fournies lors de la conférence de presse. L’usine sera implantée sur 550 hectares dans la future zone industrielle de 6.000 hectares de Béni-Saf.