L’Etat a consacré 16 milliards de dollars à la relance du secteur industriel public
Aida Amari, Maghreb Emergent, 29 Mars 2011
L’Etat n’a pas « mis au placard » la stratégie industrielle annoncée en grande pompe en 2007 a affirmé le ministre algérien de l’industrie. Pour lui, les investissements privés nationaux et étrangers (IDE) n’ont pas accompagné l’effort d’investissement public dans les infrastructures. D’où la décision de soutenir fortement les entreprises publiques disposant d’un potentiel.
L’Etat a consacré 1100 milliards de dinars à la restructuration et la relance du secteur industriel public, a indiqué mardi le ministre de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’investissement, M. Mohamed Benmeradi. «Le gouvernement a essayé depuis trois ans de mettre de l’ordre dans le secteur industriel public», a-t-il souligné dans une déclaration à la radio nationale. «Le Conseil des participations de l’Etat (CPE) a récemment passé en revue les dossiers de développement de chacune des 30 Sociétés de gestion des participations (SGP) et les entreprises qui ont un potentiel et un marché ont bénéficié d’un soutien financier très important», a indiqué le ministre. Une fois parachevé ce travail dans les prochaines semaines au niveau du CPE «plus de 1100 milliards de dinars (16 milliards de dollars) auront été investis dans le secteur public», a-t-il ajouté, en assurant que le secteur privé a également bénéficié d’un nouveau programme de mise à niveau de 386 milliards de dinars qui concernera 20 000 PME à l’horizon 2014.
IDE : un bilan des IDE peu reluisant
Interrogé sur le devenir de la stratégie industrielle lancée en 2007, M.Benmeradi a nié qu’elle a été « mise au placard ». « Aujourd’hui le gouvernement a constaté, au bout de deux ou trois ans, que l’encouragement des investissements par les entreprises privées et les partenaires étrangers dans le cadre des investissements directs étrangers (IDE) n’a pas donné de résultats sur le terrain ». Selon lui, le schéma selon lequel les investissements publics se réalisent dans les infrastructures économiques et sociales tandis que l’investissement industriel et productif est pris en charge par le secteur privé national et étranger ne s’est pas réalisé. Le bilan, établi depuis deux ans et demi, indique que les IDE hors hydrocarbures étaient inférieurs à 2 milliards de dollars sur toute la décennie 2000-2010. Et l’’investissement privé national représentait moins de 25 % du total de l’investissement national. Pour Benmeradi, ce bilan montre qu’il existe un déséquilibre et que les investissements par la dépense publique n’ont pas eu un effet d’entraînement escompté sur la croissance. Le ministre a souligné, par ailleurs, que la 19ème Conférence africaine des ministres de l’industrie (CAMI-19) qui se déroule à Alger est consacrée à la mise en œuvre du plan d’action pour le développement industriel accéléré de l’Afrique (AIDA), adopté en 2008 à Addis-Abeba par les dirigeants africains. La a CAMI-19 constitue une occasion pour réunir les conditions nécessaires à l’application d’AIDA. Selon Benmeradi, il s’agit notamment de mettre en place un cadre de suivi et d’évaluation, de mobiliser les ressources financières et renforcer les mécanismes constitutionnels pour une mise en œuvre efficace d’AIDA. Le financement de ce plan d’action est un des thèmes principaux de la CAMI-19. «Les ressources financières proviendront principalement des bailleurs de fonds, d’une mobilisation de l’épargne intérieure et des investissements directs étrangers (IDE)», a-t-il indiqué.