Tamazight : beaucoup reste à faire

Un an après l’officialisation de la langue

Tamazight : beaucoup reste à faire

Liberté, 7 février 2017

Le secrétaire général du HCA a souligné que l’acquis principal dû à l’officialisation de tamazight est la “décrispation politique et sociale” qu’elle a induite. C’est dire que le chantier reste entier.

Tamazight est “également” langue officielle depuis un an déjà. Une officialisation qui, le moins que l’on puisse dire, reste assez équivoque, sachant que, jusqu’à aujourd’hui, rien n’est venu confirmer ce statut de seconde langue officielle qui n’a pas trouvé, à vrai dire, la place qui devait être la sienne sur le plan institutionnel. Quelles sont les avancées enregistrées dans la réhabilitation et la promotion de tamazight ? Avancée significative ou simple manipulation politique ? La question se pose avec acuité, car le bilan d’une année d’officialisation reste dérisoire.
“Beaucoup reste à faire”, a estimé, hier, Si El-Hachemi Assad, secrétaire général du Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA), même si le bilan de l’institution qu’il dirige ne peut, en aucun cas, être mis sur le compte de cette reconnaissance tronquée de tamazight. Pour ainsi dire, les activités du HCA sont à mettre à l’actif de cette institution. L’énoncé de l’officialisation a évoqué une académie “chargée de réunir les conditions de promotion de tamazight en vue de concrétiser, à terme, son statut de langue officielle” mais qui n’a toujours pas vu le jour.
Face à des résistances empreintes d’un rejet atavique du fait amazigh, comme l’illustre cette interdiction faite à des citoyens d’inscrire leurs enfants sous des prénoms amazighs, qui reste encore monnaie courante en Algérie.
Hier, lors d’une cérémonie à l’occasion de l’an 1 de l’officialisation de tamazight, le SG du HCA a indiqué que, pour son institution, “l’officialisation se concrétise chaque jour un peu plus dans l’élaboration de documents palpables et de pièces physiques qui sont autant de phares et de pierres fondatrices pour les générations futures”. M. Assad fait référence aux initiatives du HCA entreprises avec certains ministères et institutions. Il a souligné que l’officialisation “nous interpelle et nous incite à réaliser d’abord et à court terme trois objectifs, à savoir la socialisation de tamazight, la généralisation de celle-ci sur l’ensemble du territoire national et la mise en conformité des textes avec la nouvelle donne constitutionnelle”.
Pour cette dernière, il faut relever qu’aucun texte d’application de l’officialisation de tamazight n’est venu un an après. Selon M. Assad, ce texte devrait être inscrit dans les travaux de la 8e législature de la Chambre basse du Parlement, et ce, après les élections du 4 mai prochain. Sur un autre volet, il a indiqué qu’il est possible, “dès cette année, d’assurer la pose de jalons importants pour la mise en place des dispositifs de traduction auprès des institutions”. Il a souligné, à l’occasion, “la nécessité de recadrer le débat sur la complémentarité entre le HCA et la future académie”, indiquant que les référents du HCA sont : “les réels espoirs et la décrispation politique et sociale suscités par cette officialisation, l’instauration d’une nécessaire concertation entre toutes les parties concernées par la préparation du cadre juridique d’application, dont celui portant création de l’académie…” M. Assad considère que les deux institutions doivent travailler en commun. Il a précisé, à ce sujet, que “eu égard à l’important capital expérience qui est le sien, le HCA collaborera efficacement avec l’académie pour l’initiation de projets communs dans des domaines variés”, avant d’appeler à la réactivation du Conseil interministériel consacré à tamazight. Il faut souligner que Mlle Houda-Imène Faraoun, ministre de la Poste et des TIC, a été conviée à la cérémonie avec le DG de la Poste, M. Nacer Sayeh. Un timbre dédié à l’officialisation de tamazight a été dévoilé. La ministre a appelé à la préservation et à la promotion de tamazight, “notre référent identitaire millénaire”.

Mohamed Mouloudj