Premier archevêque d’Alger Arabe
Premier archevêque d’Alger Arabe
Monseigneur Bader prend ses fonctions
El Watan, 11 octobre 2008
Hier, la cathédrale du Sacré-Cœur à Alger a accueilli son nouvel archevêque, monseigneur Ghaleb Moussa Abdallah Bader.
Ce jordanien de 57 ans devient ainsi le premier homme d’Eglise arabe à occuper ce poste. Chorales africaines, chants indiens, youyous et grande émotion ont ponctué la messe célébrée au Sacré-Cœur, marquant la fin d’une époque, celle du ministère de mgr Henri Teissier, l’ancien archevêque, grand humaniste et militant du rapprochement des religions, dont le destin s’est intimement jumelé à l’Algérie. La première messe du nouveau archevêque a drainé une foule nombreuse. L’assistance a été rehaussée par la présence du nonce apostolique – l’ambassadeur du Vatican à Alger – et des évêques de Rabat et de Tunis. Côté algérien, le président Bouteflika a dépêché comme représentant Chérif Rahmani, ministre de l’Environnement.
Le ministère des Affaires religieuses a également été représenté ainsi que le Haut comité islamique en la personne de son président, M. Bouaâmrane. « Quatre verbes résument ma mission en Algérie : connaître, aimer, servir, unir », a dit Mgr Bader dans son homélie. « L’Eglise et les chrétiens se considèrent comme partie intégrante de ce pays », a-t-il ajouté. En rendant hommage à son prédécesseur, l’assistance — environ 600 personnes — s’est levée et a longuement applaudi l’ancien archevêque. Emu aux larmes, Henri Teissier embrasse ses collègues évêques et son remplaçant. « J’ai quitté la Terre Sainte par amour de l’Algérie », a déclaré l’archevêque d’Alger. Al Qods a été son dernier poste avant Alger. Né le 22 juillet 1951 à Khirbeh en Jordanie, Ghaleb Moussa Abdallah Bader est entré au petit séminaire à Beit-Jala en 1963. Il a été ordonné prêtre à Amman en 1975. En 1986, il obtient son deuxième doctorat à Rome. Il est ensuite président du tribunal ecclésiastique à Al Qods et de 1996 à 2001, il est consultant au Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux.
Par Adlène Meddi
Propos
– Monseigneur Ghaleb Moussa Abdallah Bader : « J’espère qu’on me considérera comme un Algérien »
« C’est une journée importante pour l’Eglise d’Algérie qui cherchait un pasteur. On m’a chargé de cette mission et je me suis déclaré prêt à servir et à aimer. C’est aussi un événement important pour l’Algérie. Le gouvernement algérien a quelqu’un en face à qui s’adresser. J’ai déclaré dans mon homélie ma pleine disposition à collaborer pour le bien de ce pays et de ses citoyens sans distinction de religion ou autre. J’ai un programme bien engageant et j’espère être à la hauteur. Mais j’ai confiance en l’Eglise d’Algérie, confiance en les citoyens, les religieux et les laïcs. Etre en Algérie ? Tout citoyen arabe devrait se sentir chez lui dans tout pays arabe. Auparavant, je suis venu une seule fois en Algérie. Cela m’a suffit pour aimer ce pays. J’espère que les Algériens me considéreront comme un Algérien. »
– Monseigneur Henri Teissier : « Le signe d’une nouvelle étape »
« L’Eglise existe depuis la première ère en Algérie. Rétablis dans ses structures depuis 1837, tous ces évêques étaient français. Aujourd’hui, en 2008, le pape a choisi un évêque jordanien. C’est le signe d’une nouvelle étape. Cela veut dire aussi que l’Eglise ne fait pas partie de l’héritage de l’ère coloniale. L’Eglise d’Algérie se doit de servir tous les chrétiens et toute la nation algérienne. Je tiens également à remercier votre journal qui a bien suivi la vie de l’Eglise d’Algérie et qui a récemment publié une contribution d’un algérien appelant à ériger une statue de monseigneur Duval (archevêque d’Alger, prédécesseur de Mgr Teissier). Je vous rappelle que le président Bouteflika a, lors de son voyage aux Baléares en 2000, demandé à canoniser monseigneur Duval. Cela nous confirme que nous sommes une Eglise de la relation. »
Par Adlène Meddi