Enseignement de l’arabe, de l’histoire et de l’éducation islamique

Enseignement de l’arabe, de l’histoire et de l’éducation islamique

Les nouvelles mesures de Benbouzid

Samia Lokmane, Liberté, 24 janvier 2006

Le coefficient de l’arabe est revu à la hausse pour la 6e, le BEF et le bac. L’histoire sera enseignée à partir de la 3e année primaire au lieu de la 5e. L’éducation islamique sera examinée au bac à partir de juin 2008. Le volume horaire attribué à l’enseignement de ces trois matières est consolidé.

“Je suis là pour appliquer les décisions du conseil des ministres”, réplique Boubekeur Benbouzid en guise de justification aux mesures qu’il vient de prendre pour la consolidation de l’enseignement de l’arabe, de l’histoire et de l’éducation islamique. En juin dernier, le chef de l’état instruisait son ministre de l’éducation de la nécessité d’octroyer à ces matières une place de choix dans les programmes scolaires, en vue de contribuer à l’enracinement “des constantes nationales” dans l’esprit de l’élève et à “structurer sa personnalité algérienne”. “Il est question de donner une importance capitale à ces trois matières. Elles sont là pour former le citoyen”, explique davantage le représentant de l’exécutif. Les décisions, dont il a pris l’initiative, ont été détaillées, hier, à l’ouverture d’un séminaire national de deux jours qui se tient à la Bibliothèque nationale d’El-Hamma.
D’emblée, M. Benbouzid souligne que la promotion de l’enseignement de l’arabe, de l’histoire et de l’éducation islamique sont au cœur d’un “dossier qui a été étudié à deux reprises”. La première fois, c’était en avril 2002, lors de l’adoption par le conseil des ministres du rapport Benzaghou (du nom du président de la commission) sur la réforme du système éducatif. En juin dernier, l’instruction du président de la république est intervenue suite à la polémique provoquée par les formations islamistes (le MSP et El-Islah) autour de la suppression de la filière de la charia du cycle secondaire. “L’enseignement de l’éducation islamique ne doit pas être l’apanage d’un groupe ou d’un parti. L’Islam est religion d’état et c’est à l’état de déployer tous les efforts pour l’enseigner à nos enfants”, corrige M. Benbouzid. La prise en charge par l’école publique de l’instruction religieuse se traduit à travers l’introduction de cette matière dès le préscolaire, son enseignement obligatoire à tous les paliers et dans toutes les filières, y compris scientifiques et son examination au baccalauréat, à partir de juin 2008 où cette épreuve aura le coefficient 1. “On ne peut pas laisser l’enseignement de l’Islam entre les mains de ceux qui peuvent le dévier. Nous devons être un rempart contre la déviation et l’intégrisme”, martèle le ministre. Au cours d’un point de presse tenu en marge du séminaire, il s’est employé à démontrer le bien-fondé de sa démarche, en arguant par exemple que le renforcement de l’enseignement de la langue arabe est justifié par “les mauvaises notes” des élèves. Qualifié de “langue d’enseignement”, l’arabe est revalorisé à travers l’augmentation de son coefficient qui passe de 1 à 2 pour l’examen de la 6e (la mesure est appliquée depuis juin dernier) et de 4 à 5 pour le BEF. Son importance pour l’obtention du bac littéraire et économique est également rehaussée. Ainsi, le coefficient passe de 2 à 3 pour la filière économie et gestion, de 4 à 5 pour le tronc commun lettres et langues étrangères et de 5 à 6 pour la section lettres et philosophie. En outre, l’enseignement de l’arabe jouit désormais, d’un volume horaire hebdomadaire plus conséquent de la 1re année primaire jusqu’à la 3e année secondaire. Il passe de 1 554 heures à 1 740 heures dans le primaire (soit une augmentation de 12%), de 448 heures à 630 heures dans le moyen (plus 40%).
Dans le secondaire, l’augmentation du volume horaire est de 58 heures pour la filière lettres et langues étrangères, de 42 heures pour la section lettres et philosophie et de 20 heures pour les filières scientifiques et technologiques. Ni le préscolaire, ni les écoles privées ne vont déroger à la règle et devront prodiguer leurs cours en arabe.
Le rallongement du temps accordé à l’enseignement de l’éducation islamique est aussi loin d’être dérisoire. Il équivaut à 89 heures supplémentaires, avec un pic dans le cycle secondaire (de 38 heures) où l’instruction religieuse était auparavant l’exclusivité des filières littéraires. En histoire, le volume horaire passe du simple au double notamment dans le primaire (de 28 à 60 heures). Cette dotation est appelée à être confortée davantage, suite à la décision prise par le ministre de l’éducation d’intégrer l’enseignement de l’histoire dès la 3e année primaire au lieu de la 5e année actuellement. Ce déversement de connaissances et l’encombrement de l’emploi du temps qu’il implique ne risque-t-il pas d’user les élèves et les saturer ? “Ce sont des matières qui constituent la composante de notre civilisation”, défend encore M. Benbouzid.
Techniquement, il observe que globalement, les heures supplémentaires sont infimes. “Cela se traduit par une augmentation d’une demi-heure par semaine. C’est rien !” fait-il valoir avant de reconnaître que des réajustements seront opérés. “Nous allons travailler avec les enseignants pour revenir à des horaires normaux”, annonce le ministre.
Dans un autre chapitre, il s’oppose au fait que la consolidation de l’enseignement de l’arabe rogne la place des langues étrangères. “Les langues étrangères ont reçu la place qu’elles méritent. Notre système éducatif est ouvert et s’inscrit dans un cadre mondial”, remarque M. Benbouzid. à l’échelle nationale, à côté de l’histoire dont il promet un apprentissage “sans idéologie ni démagogie” ou déformation, M. Benbouzid soutient l’enseignement du tamazight dont la généralisation, selon lui, a toutefois besoin de temps.

SAMIA LOKMANE


28,5% de la population sont analphabètes

Samia Lokmane, Liberté, 24 janvier 2006

Un peu moins d’un tiers des Algériens est analphabète, soit 28,5%. Ce chiffre relayé par M. Boubekeur Benbouzid est assez inquiétant.
Conjugué au phénomène de la déperdition scolaire (un demi-million d’élèves quitte l’école annuellement), il augure d’un véritable désastre et remet sérieusement en cause la politique de scolarisation mise en place depuis des décennies.
Selon le ministre de l’Éducation, la lutte contre la déperdition dépend de la mise en place de beaucoup de moyens, en matière de disponibilité des enseignants et de leur formation, mais également sur le plan de la logistique, comme l’instauration du transport et de restauration pour les élèves des régions rurales. Un effort assez considérable a été fourni, d’après lui, avec la multiplication par 14 de l’enveloppe allouée à la construction des cantines depuis 1999.