Le Rapport du FMI: Conclusions inquiétantes pour l’Algérie

LE RAPPORT DU FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL DU 02 OCTOBRE 2009

LES CONCLUSIONS SONT TRES INQUIETANTES POUR L’ALGERIE

El Khabar, 3 octobre 2009

Le fonds Monétaire International vient de publier le 02 octobre 2009 son rapport sur les perspectives économiques mondiales , inquiétant pour l’Algérie remettant en cause les prévisions gouvernementales de création de trois millions d’emplois entre 2009/2013,nécessitant un taux de croissance de 6/7% sur cinq années , ce qui est selon les évaluations du FMI, une impossibilité économique. La question centrale qui se pose et qui devrait interpeller les plus hautes autorités du pays est comment avec une dépense publique sans précédent depuis l’indépendance politique, de 200 milliards de dollars entre 2004/2009, les résultats sont ils si décevants ? Ce rapport a été diffusée à la veille de la tenue des assemblées annuelles du FMI et de la Banque mondiale à Istanbul (Turquie) précédée d’un forum du 03 au 05 octobre 2009 devant attirer 13. 000 personnes, dont des gouverneurs de banques centrales et des ministres des Finances, dont plus de 15 sessions sur des sujets variés, tels que la crise économique globale, les réponses politiques, l’Europe émergente, l’Asie centrale, ainsi que l’avenir du système financier international, forum qui sera suivi les 6 et 7 octobre 2009 de sa réunion annuelle. Car, le bilan dressé pour l’économie algérienne dans ce rapport contraste fortement avec celui du gouvernement algérien qui fait souvent un bilan reluisant de la situation financière de l’Algérie mais oubliant que cela est du essentiellement aux cours élevés des hydrocarbures les années passées et non à la création de valeur par le travail et l’intelligence, l’économie algérienne de juillet 1963 à octobre 2009 étant essentiellement une économie rentière.

I-QUEL EST LE TAUX DE CHOMAGE REEL EN ALGERIE ?

Au préalable, les officiels doivent d’abord s’entendre entre eux : taux de chômage de plus de 12% selon l’ONS, 11% selon le gouvernement et 10% selon le Ministre du travail : qui croire ? Selon l’officiel, depuis 1999 la création d’emplois a été de 3,5 millions d’emplois durant la période 1999-2008, dont 54.8% dans le secteur de l’agriculture, le commerce, les services et le BTPH, le reste dans le secteur de l’administration, de l’industrie de l’artisanat et dans d’autres secteurs,. Durant la période 2005-2008, 1,970 millions d’emplois ont été déjà créés, ce qui représente 89.5% de l’objectif de création d’emplois. Par ailleurs, et s’agissant des perspectives 2009-2013, l’objectif est la création de 3 millions d’emplois dans le secteur économique, le bâtiment, les travaux publics, l’industrie, l’agriculture et les services, et les micro entreprise et ce grâce aux dispositifs Ansej et Cnac,et d’aide à l’insertion professionnelle à savoir le contrat d’insertion des diplômés (CID), le contrat d’insertion professionnel (CIP), et enfin le contrat de formation- insertion (CFI) ; ce dernier prévoit des avantages qui seront accordés suite au recrutement. Il est à noter que le contrat d’insertion des diplômés prévoit des subventions de salaire pendant 3 ans, deux ans pour le CIP et 1 an pour CFI. Selon l’officiel, le taux de chômage serait passé de 29% en 2000 à 23,7% en 2003, de 17,7% en 2004 , de 15,3% en 2005 et à moins de 12% en 2008 contredit par des organismes internationaux . C’est dans ce cadre qu’il est utile d’analyser le rapport sur le chômage en Algérie mené par Kangni Kpodar, responsable du département Afrique au sein de l’administration du FMI publié fin 2007 qui a tenté de diagnostiquer le « cas algérien ». Pour ce rapport, le chômage en Algérie était de 7 points de pourcentage plus haut que la moyenne de MENA. M. Kpodar émet des doutes sur l’efficience des différents mécanismes de création d’emploi (ANSEJ, contrat pré emploi, les emplois salariés d’initiative locale…) mis en place par le gouvernement algérien. « Preuve que les programmes d’emploi public aidé pour abaisser le chômage ne sont pas clairs. Plus d’information est nécessaire », selon cet économiste qui précise que ces programmes ont créé certes des millions d’emplois d’emplois mais la majorité était des postes provisoires et souvent non rentables. Le FMI estime que l’informel alimente de façon soutenue le marché du travail algérien. Sans le travail irrégulier, souligne le rapport, le taux de chômage serait supérieur à 20% et sans la dépense publique fonction du prix du pétrole, qui demeure le moteur principal de la création d ‘emplois, ce taux serait largement supérieur. Toujours selon cette étude les universitaires sont les plus touchés par le chômage (24% de femmes et 12,5% d’hommes) suivis par les chômeurs ayant un niveau secondaire (20,5% de femmes et 16% d’hommes) et ceux ayant un niveau primaire (11,5% de femmes et 5,5% d’hommes). Or, le budget de l’ةtat risque d’être sous pression en raison des effets de la crise financière mondiale et de la montée des besoins sociaux urgents d’autant plus que le ministre de l’Intérieur a indiqué courant janvier 2009 que 400 000 diplômés sortent de l’Université algérienne. Or dans cinq ans l’université accueillera 2 millions d’étudiants contre 1,2 million d’étudiants aujourd’hui et le risque est que les universités deviennent des usines à fabriquer des chômeurs.. Donc toute étude sur l’emploi doit élucider ce point fondamental : est ce les emplois rentes fictifs, ou est ce qu’ils contribuant à la création de valeur d’une part , d’autre part, est ce que les emplois précaires dominants ( 3 à 6 mois pour un jeune parfois universitaire à 6000 dinars par mois ) sont ils un signe d’amélioration de la situation sociale ? D’où l’importance d’une analyse objective de l’essence de l’historique de l’évolution du comportement des centaines de milliers de ces jeunes qui au départ tiennent les murs puis de l’extension des Harraga qui bravent la mort qu’il faille éviter de banaliser et de culpabiliser car traduisant un profond malaise social? L’analyse de l’emploi et du chômage qui lui est lié renvoie à l’urgence de l’analyse de l’un des pilier du développement du XXIème siècle, l’éducation i par la revalorisation du savoir et l’urgence de la réforme de l’école, mère de toute les réformes en insistant sur la qualité et non en se limitant aux dépenses monétaires. Les enquêtes sur le terrain montrent clairement l’effritement du niveau scolaire, ayant plus de chance d’être chômeurs au fur et à mesure que l‘on gravite dans la hiérarchie scolaire, des sureffectifs dans les classes et amphithéâtres, des déperditions croissantes du primaire, secondaire au supérieur constituant un coût élevé pour la collectivité nationale, une gestion défectueuse des établissements scolaires avec des bâtiments délabrés et un environnement sans âme. Dans ce cadre, comment ne pas rappeler l’enquête de l’Unesco pour 2006 que le nombre de chercheurs par habitant est de 236 en Algérie, 540 en Tunisie et 2.000 aux USA, la norme internationale selon l’Unesco étant de 600, car les laboratoires actuellement servent beaucoup plus comme supplément de salaires.

II- LE RETOUR A L’INFLATION

S’agissant d’un problème aussi complexe que celui de l’inflation, il me semble utile de préciser que ces phénomènes doivent tenir compte de la structure et des particularités de l’économie à laquelle ils sont appliqués, les aspects de structures de l’économie internationale, de l’économie interne résultant de l’option de la stratégie de développement économique, aux schémas de consommation générés en son sein pour des raisons historiques, d’influences socioculturelles et aux composantes des différentes forces sociales pour s’approprier une fraction du revenu national. L’inflation depuis fin 2007 est de retour en Algérie, risquant de remettre en cause les équilibres macro-économiques qui ont nécessité d’importants sacrifices de la population algérienne depuis 1994 date du rééchelonnement, , car ayant accusé un retard dans les réformes micro-économiques et institutionnelles, et ce, bien que le niveau des réserves de change de plus de 140 milliards de dollars US , le stock de la dette tant intérieure qu’extérieure, ce dernier est en nette baisse, selon la Banque centrale d’Algérie, de 4,9 milliards de dollars, non pour des raisons de gouvernance interne, mais grâce à l’envolée du cours du pétrole.. Pour le gouvernement, le taux d’inflation a été de 1,6 % en 2005, 3% en 2006, à 3,5 % en 2007 et 4,5% en 2008 et une inflation selon l’ONS de plus de 6,1% au premier semestre 2009. Or, selon un document important relatif à une étude sur l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient, du centre de recherche américain, Casey Research en date du 6 mars 2008, le taux d’inflation en Algérie serait 12 % en 2007 et supérieur pour l’année 2008 selon cette étude, contre une moyenne de 7/8% au niveau de la région Mena. Car le besoin est historiquement daté et doit tenir compte de la structuration sociale, les ménages algériens ne mangeant pas des chiffres erronés mais étant confrontés à la dure réalité quotidienne. Ce processus inflationniste est amplifié par l’emprise de la sphère informelle, produit de la bureaucratie centrale et locale qui entretient des relations diffuses de corruption avec cette sphère, (expliquant que les rapports internationaux des trois dernières années 2005/2008 classent l’Algérie à un niveau de corruption élevé), qu’il s’agisse d’intégrer intelligemment, loin des mesures bureaucratiques peu efficaces, contrôlant 40 % de la masse monétaire en circulation avec une intermédiation financière informelle. Tout se traite en cash, alors que la base de l’économie moderne se fonde sur le crédit, et qu’au-delà de 100 dollars, la carte de crédit est souvent exigée. Cette sphère contrôle quatre segments-clefs : celui des fruits et légumes, de la viande, celui du poisson pour les marchandises locales et pour l’importation, le textile – chaussures (posant le problème du contrôle de la douane. Le constat en Algérie est l’absence d’une véritable concurrence, avec une tendance à la substitution d’un monopole d’Etat un monopole privé plus néfaste , faisant que les circuits entre le producteur et le consommateur (les grossistes informels) ont tendance à se rallonger, la marge commerciale pouvant représenter 2 à 3 fois le prix de production (surtout dans le domaine agricole), ce qui ne peut que décourager le producteur immédiat et l’orienter vers des activités spéculatives et fait que la politique d’encadrement des prix peut s’avérer d’une efficacité limitée, en fonction des moyens mis en œuvre, dans la mesure où le contrôle des prix repose sur le détaillant qui ne fait que répercuter ces surcroîts de distribution.

On ne peut invoquer, pour expliquer l’inflation, uniquement les effets des augmentations au niveau de la Fonction publique en 2008 , (le montant étant estimé à environ 170 milliards de dinars annuellement, soit environ 1,8 milliard d’euros, somme dérisoire ) , la baisse du cours du pétrole , pour preuve, le cours du pétrole a atteint un cours entre 110 /140 dollars , les salaires ayant stagné à une période et l’inflation relativement maîtrisée, ou l’extérieur car avec la crise mondiale nous constatons une déflation (baisse de l’activité, chômage, baisse des prix ) alors qu’ en Algérie nous assistons à une stagflation ( récession , chômage et hausse des prix ) . Dans les pays émergents, certes le taux d’inflation est relativement élevé comme en Chine, Inde, Brésil ou la Russie , mais le taux de croissance est supérieur à la moyenne mondiale. Se pose la question face à la déflation (baisse des prix au niveau mondial,) pourquoi le consommateur algérien n’en bénéfice pas ? La raison essentielle de la non répercussion de cette baisse des prix au niveau mondial est que la banque centrale d’Algérie a dévalué simultanément ( et c’est un paradoxe puisque la cotation de ces monnaies n’évolue pas dans le même sens) le dinar par rapport à la fois au dollar et à l’euro . Cela explique la faiblesse du pouvoir d’achat, le Smig étant à 120 euros contre une moyenne de 150/200 au Maroc et en Tunisie ce qui implique d’analyser les liens dialectiques entre la concentration du revenu source d’injustice sociale au profit de couches spéculatives au détriment à la fois des producteurs de richesses et de la majorité des ménages algériens et le processus d’accumulation du capital. Paradoxalement, la crise du logement (même marmite, même charges) et des distribution de revenus sans création de valeur au nom de la solidarité (bien que la destination des transferts sociaux ne concerne pas toujours les plus défavorisées) permettent à une famille de disposer de plusieurs revenus reportant dans le temps provisoirement les tensions sociales dans la mesure où toute Nation ne distribue que ce qui a été préalablement produit. Si le processus inflationniste continue à ce rythme entre 2009/2010, cela aura des incidences sur le taux d’intérêt des banques qui devraient le relever au moins de deux à trois points par rapport aux taux d’inflation réel, si elles veulent éviter la faillite. Où, alors l’Etat devra recourir à nouveau à leur assainissement qui a coûté entre 2002/2008 au Trésor plus de 5 milliards de dollars US. Cela freinerait à terme le taux d’investissement utile, la plupart des opérateurs économiques préférant se réfugier soit dans les activités et spéculatives à court terme actuellement dominantes

III- L INEFFICACITE DE LA DEPENSE PUBLIQUE

Comment avec une injection monétaire sans précédent depuis l’indépendance politique l’Algérie crée moins de 3% de richesses alors que dans les pays normaux ce montant devrait permettre un taux de croissance supérieur à 6/7% ? L’Algérie risque de revenir à la case départ si l’on a cette vision du passé que le développement s’assimile aux dépenses monétaires et aux réalisations physiques sans se préoccuper des impacts et des coûts. Et surtout, si l’on continue dans cette voie hasardeuse de l’assainissement répété des entreprises publiques, plus de 40 milliards de dollars US entre 1991/2008 et l’inefficacité des dépenses publiques conséquence d’un manque de cohérence et de visibilité dans la politique économique et sociale, avec la corruption socialisée qui engendre une démobilisation générale se répercutant sur la productivité globale La raison essentielle est la logique de l’accumulation biaisée. Car depuis 1986, l’Algérie est dans une interminable transition n’étant ni une économie étatisée, ni une véritable économie de marché concurrentielle, expliquant le peu d’efficacité tant de la régulation politique, sociale et économique. Au delà des données statistiques qui peuvent être trompeurs, il faut replacer la faiblesse de l’impact de la dépense publique à la mauvaise performance des dépenses d’investissement et de la gestion des dépenses publiques. C’est ce que souligne une étude de la Banque mondiale sur la revue des dépenses publiques en Algérie(septembre remis d’ailleurs au gouvernement algérien 2007), les déficiences observées dans son processus budgétaire et les goulets d’étranglement institutionnels ont systématiquement entraîné une mauvaise exécution des programmes d’investissement. Toutes ces insuffisances aboutissent à une mauvaise programmation, à la surestimation des dépenses et à de longs retards dans l’exécution des projets. Parmi les carences importantes observées, on peut citer : l’existence d’un décalage entre la planification budgétaire et les priorités sectorielles ; l’absence d’interventions efficaces dues à un morcellement du budget résultant de la séparation entre le budget d’investissement et le budget de fonctionnement (récurrent) ; des passifs éventuels potentiellement importants, des écarts considérables entre les budgets d’investissement approuvés et les budgets exécutés ; et des longs retards et des surcoûts pendant l’exécution des projets, ce qui témoigne de la faiblesse de la capacité d’exécution des organismes d’exécution. Concernant l’exécution, la lenteur dans l’exécution ne s’explique pas par un rationnement de la trésorerie, mais est due à la lourdeur des procédures lourdes qui empêchent la clôture rapide de la période de fin d’exercice pour l’arrêt du budget. L’enquête, « Evaluation et plan d’action », du FMI et la Banque mondiale montre que l’Algérie ne respecte que 5 des 16 principaux critères de référence et que le système de gestion budgétaire du pays a besoin d’être considérablement amélioré si moins de 7 des critères de référence sont remplis. La performance de l’Algérie est particulièrement mauvaise à toutes les différentes étapes de la formulation, de l’exécution du budget, de l’établissement de rapports et de la passation des marchés. Les importations ,plus particulièrement celles liées aux projets dans les secteurs du transport et des travaux public, augmenteront plus rapidement que les exportations, une analyse des coûts démontrant que les projets sont extrêmement coûteux. De nombreuses décisions de projet ne sont pas fondées sur des analyses socioéconomiques. Ni les ministères d’exécution, ni le ministère des Finances n’ont suffisamment de capacités techniques pour superviser la qualité de ces études, se bornant au contrôle financier effectué par le ministère des Finances, le suivi technique (ou physique) exercé par les entités d’exécution étant inconnu ou au mieux insuffisant. Les résultats des projets et programmes ne font pas l’objet d’un suivi régulier. Il n’existe aucune évaluation a posteriori permettant de comparer ce qui était prévu avec ce qui a été réalisé et encore moins de comparer le coût avantage ou l’efficacité avec la situation réelle toujours selon ce rapport. Pourtant, le non respect de normes minimales – dans l’analyse du ratio coûts avantages, rentabilité sociale et profils des projets a de graves conséquences en termes de ressources gaspillées, de duplication des activités et de problèmes de passations de marchés. Comme l’a montré l’analyse du PSRE, le système algérien des investissements publics comporte plusieurs lacunes. Premièrement, les coûts des projets sont importants. Deuxièmement, la préparation technique du personnel d’exécution et la qualité des projets sont généralement faibles et inégales, les projets contribuant ainsi faiblement à l’atteinte des objectifs stratégiques sectoriels. Troisièmement, de nombreuses faiblesses trouvent leur origine dans l’urgence qui accompagne la préparation de projet à cette échelle – non des moindres, la myriade de demandes spécifiques auxquelles les projets sont supposés répondre et le chevauchement des responsabilités entre les diverses autorités et parties prenantes (25 commissions ministérielles et 48 commissions de wilaya dans le cas du PSRE). Dans ce rapport, il est clairement explicité que les enjeux institutionnels et de gouvernance contribuent aussi largement à limiter la réussite en particulier dans les domaines de la santé et l’eau et surtout dans l’éducation et le transport, pour ce rapport. Cela renvoie à la faiblesse des réformes institutionnelles et micro-économiques, bien que les réformes macro-économiques sont relativement satisfaisantes mais éphémères, l’Algérie possédant l’une des économies les moins diversifiées parmi les pays à revenus intermédiaires et les pays producteurs de pétrole.

IV- AVEC UN TAUX DE CROISSANCE DE 2/3% PEUT ON CREER TROIS MILLIONS D EMPLOIS ENTRE 2009/2013 ?

Le rapport en date du 22 avril 2009 du FMI est inquiétant pour l’Algérie remettant en cause les prévisions gouvernementales de création de trois millions d’emplois entre 2009/2013 ce qui est dans ces circonstances une impossibilité économique et ce pour trois raisons fondamentales :

1.- Première raison, la croissance de la population active, c’est-à-dire que le flux annuel de demandes d’emplois et une réduction dut aux de chômage actuel implique un taux de croissance selon l’avis unanime des organismes internationaux entre 7/8% sur plusieurs années cumulées, taux d’ailleurs confirmé officiellement à maintes reprises par le gouvernement algérien, pour atténuer à terme les tensions sociales. En effet la population en âge de travailler augmente chaque année de près de 3,4%. La pression sur le marché du travail est le fait des jeunes qui représentent 50% de la population active. La production et les exportations hors hydrocarbures y compris les services marchands, liées à l’approfondissement de la réforme globale sont la condition sine qua non pour la création d’emplois durables existant d’ailleurs un sureffectif au niveau des administrations et de certaines sphères économiques étatiques en comparaison avec des pays semblables.

2. Deuxième raison, nous savons que le taux de croissance du PIB a été officiellement de 1,6% en 2006, moins de 2% en 2007, inférieur à 3% en 2008, et selon les prévisions d’octobre 2009 du FMI sera à 2,2% en 2009 et 3,7% en 2010. Pour l’Algérie cette performance est dérisoire comparée à la dépense publique dont les prévisions officielles 2004/2009 sont passées successivement de 55 milliards de dollars en 2004, à 100 milliards de dollars en 2005 (inclus le Sud et les hauts plateaux) puis sans explications à 140 milliards de dollars fin 2006 et selon les déclarations de l’ex chef du gouvernement Abdelaziz Belkhadem en conseil du gouvernement courant 2007( repris par l’APS) à plus de 200 milliards de dollars . Comparé aux dépenses sur la population, des pays similaires en voie de développant dépensant le 1/3 de l’Algérie ont des taux de croissance plus importants, comme le note le dernier rapport du FMI, deux pays du Maghreb non dotés d’hydrocarbures réalisant une croissance meilleure sans pour autant faire appel à des plans de relance , le Maroc, réalisant une croissance positive de plus de 5%, et la Tunisie plus de 4% et pour 2010 l’Algérie sera en dessous de la moyenne africaine (4%) Le taux de croissance économique en Algérie reste en dessous de la moyenne des pays africains idem pour les pays exportateurs de pétrole, qui serait supérieur à 5,1% en 2010 .Or les politiques et les économistes savent qu’un taux de croissance se calculent par rapport à la période précédente et qu’un taux même positif par rapport à un taux faible l’année précédente donne toujours un taux faible en termes relatifs. C’est que pour l’Algérie ces dépenses non proportionnelles aux impacts, ont été rendues possible essentiellement grâce aux recettes exceptionnelles des hydrocarbures entre 2007/2008 dont le cours moyen pour 2007 a été de 75/77 dollars et 100/110 dollars pour 2008. Qu’en sera-t-il si le cours stagnent à 60/70 dollars à prix constants au cours un euro 1,28 dollar car avec le dérapage à plus de 1,45 dollar un euro, 70 dollars donne par rapport au 01 janvier 2009 moins de 60 dollars en termes de parités euros , 80% de nos importations se faisant hors zone dollars dont 60% pour la zone euro . Par ailleurs, Sonatrach et Sonelgaz absorbent pour leurs nouveaux investissements entre 2009/2013, à un cours de 60/70 dollars 40/50% des recettes des hydrocarbures laissant 60/50% pour le reste de l’économie.

3.-Troisième raison. Il existe des lois économiques universelles applicables à tous les pays : le taux d’emploi dépend du taux de croissance et des structures des taux de productivité. On ne crée pas des emplois par des lois et décrets : c’est l’entreprise qui crée l’emploi. Il s’ensuit qu’avec un taux de croissance de 2/3%, l’Algérie évitera les licenciements massifs, comme cela se passe de par le monde. Or, Sonatrach ne créant pas d’emploi est déjà en sureffectifs, pour créer trois millions d’emplois, il faudra un taux de croissance entre 2009/2013 de 6/7% minimum par an. Avec les taux de croissance 2/3%, l’on pourrait créer moins de 50% du programme à moins que le gouvernement ait des solutions innovatrices loin des actions de distribution de salaires fictifs au nom de la solidarité ou des milliers de jeunes s’adonnent temporairement à désherber les routes ou à faire et refaire des trottoirs. D’autant plus que selon le dernier rapport de l’AND (l’Agence nationale de développement de l’investissement -ANDI), pour les projets déposés projets (à ne pas confondre avec les réalisations qui entre 2000/2008 représentent moins de 20% du total déposé) concernent un seul secteur plus de 70%: les transports de personnes et de marchandises. Et que sur les projets agréées par l’ANDI – donc ouvrant droit à d’importantes mesures de soutien de l’Etat- sont concentrés au niveau d’une dizaine de wilaya du nord du pays. Plus inquiétant, sur tous les dossiers présentés, moins de 150 sont des investissements étrangers se concentrant surtout au niveau BTPH et les services avec une rentabilité à court terme, et donc étant attiré par les réserves de change étant sur d’être payé. Ainsi, les résultats des organismes chargés de l’emploi (ANDI l’ANSEJ, le CNAC-) sont mitigés malgré les nombreux avantages accordés.

IV CONCLUSION : EVITER L’ILLUSION DUNE ANALYSE FINANCIERE

Paradoxe, le PIB environ 140 milliards de dollars selon les sources du FMI, est presque l’équivalent des réserves de change dues à des facteurs exogènes. Il y a donc risque de tensions sociales croissantes avec ces faibles taux de croissance, tensions sociales plus accrues en cas en cas de baisse des recettes des hydrocarbures des ressources financières, certes avec les réserves de change actuelles et si le cours se maintient entre 60/70 dollars, ne posant pas de problèmes pour trois années 2009/2011. Mais qu’en sera t-on pour les générations futures avec l’épuisement de cette ressource éphémère deux scénarios (16 ans selon l’AIE et 25 ans pour le gouvernement c’est à dire demain) et que sont les 144 milliards de dollars de réserves de change, une goutte dans l’océan des bulles financières mondiales et uniquement comparé à l’Allemagne plus de 1500 milliards de dollars d’exportation annuelle hors hydrocarbures ? On ne crée pas d’emplois qui ne peuvent qu’être fictifs pour une paix sociale éphémère par décrets ou des actes administratifs (volontarisme étatique). C’est l’entreprise et son fondement la valorisation du savoir (loin de la rente) tenant compte des nouvelles mutations technologiques et d’un changement structurel des postes de travail, qui est la dynamique de la croissance et donc de la création d’emplois à valeur ajoutée. La technique connue des économistes (triangularisation du tableau d’échange interindustriel) permet de démontrer que les hydrocarbures irriguent l’ensemble de l’économie et le segment hors hydrocarbures l’est à plus de 80% sur le total des 5/6% hors hydrocarbures de taux de croissance invoqué par les officiels, restant aux seules véritables entreprises une participation réelle inférieure à 10% du total du produit intérieur brut ( PIB). Evitons d’induire en erreur l’opinion publique car nous sommes à l’ère d’Internet, le monde étant devenu une maison en verre.

Cependant existent des possibilités pour augmenter le taux de croissance en Algérie qui recèlent d’importantes potentialités malgré la crise, d’au moins de deux points, supposant une nouvelle gouvernance stratégique des institutions et des entreprises. Cela suppose une profonde mutation systémique loin des intérêts de la rente, le blocage essentiel de l’investissement local et étranger source de création de valeur, comme je l’ai montré dans plusieurs contributions étant le terrorisme bureaucratique, l’instabilité juridique, produit de la démarche administrative autoritaire, qui se nourrit du manque de visibilité et de cohérence dans la réforme globale. En bref, le dernier rapport du FMI du 02 octobre 2009 qui fait suite à l’ensemble des autres rapports internationaux entre 2008/2009 est inquiétant pour le devenir du pays contrastant avec les bilans euphoriques de certains responsables déconnectés des réalités économiques et sociales . Un sursaut national s’impose car il y va de la sécurité nationale.

NB- Abderrahmane Mebtoul a dirigé avec une équipe pluridisciplinaire (économistes, sociologues, démographes) entre janvier 2006 et mai 2007 une importante audit pour les pouvoirs publics algériens: « Face aux mutations mondiales, propositions d’une politique de l’emploi et des salaires pour l’Algérie entre 2008/2012 « (5 volumes 925 pages)

 

03-10-2009