Attailia fustige Nezzar

ATTAÏLIA FUSTIGE NEZZAR

Polémique… générale

Le Quotidien d’Oran, 5 septembre 2001

Le général à la retraite, Mohamed Attaïlia, a violemment critiqué le général Khaled Nezzar suite aux apparitions médiatiques de ce dernier, l’accusant de « porter atteinte à l’institution militaire ». Le général a porté l’estocade à Khaled Nezzar en indiquant aux médias arabes qu’il : « parle au nom de l’armée alors que le chef d’état-major, Mohamed Lamari, lui a demandé, par trois fois, de ne pas parler au nom de l’ANP », ajoutant que : « les déclarations de Nezzar affectent l’institution, l’armée et même sa personne ». Attaïlia l’enjoignant d’assumer ses responsabilités en tant qu’acteur et ancien responsable au sommet de l’Etat.

Partisan d’une réconciliation nationale « urgente » et d’une amnistie « totale » envers les groupes terroristes, principalement le GIA, Attaïlia révèle que: « l’institution militaire n’a pas accordé à Nezzar de procuration pour parler à sa place ou à endosser ses responsabilités, et beaucoup aimeraient voir Nezzar faire preuve de raison ». Ces déclarations ne font qu’ajouter une ambiguïté supplémentaire aux passes d’armes qui agitent la scène politique, avec comme toile de fond la campagne de déstabilisation qui vise l’armée algérienne et qui a vu sortir de leur réserve plusieurs anciens officiers supérieurs de l’armée, dont Nezzar, Attaïlia mais également le général Djouadi et Rachid Benyelles.

Depuis ses démêlés avec la justice française, l’ancien ministre de la Défense, Khaled Nezzar, s’est attelé à « défendre son honneur » contre les allégations de trois plaignants algériens, avérés être des militants islamistes, l’accusant de torture, et contre l’ancien sous-lieutenant Habib Souadia, qui l’avait diffamé lors d’une émission télévisée sur la cinquième chaîne française. Or, si la bataille juridique s’annonce déterminante pour Nezzar sur le sol français – la question des déplacements des militaires algériens à l’étranger y est sous-jacente -, celle, politique, commence à prendre des proportions inquiétantes. En appelant au regroupement des forces patriotiques et républicaines pour faire barrage à une éventuelle réintroduction de l’ex-FIS dans le jeu politique, Nezzar avait donné une coloration politique à ses interventions. Selon des observateurs avertis : « Il est naturel qu’au regard du statut de Khaled Nezzar (ex-ministre de la Défense jusqu’en 1993 et chef d’état-major), la solidarité de la République doit être entière vis-à-vis de son action même si c’est, avant tout, un combat personnel que mène le général ». En d’autres termes, la latitude de mouvement de Khaled Nezzar lui est propre même si ces observateurs n’excluent pas le fait que Nezzar ait consulté ses pairs avant de s’avancer politiquement, voire même le président Bouteflika, comme pourrait en témoigner son passage tonitruant à une ENTV cadenassée depuis des mois par la présidence.

D’ailleurs, le général Attaïlia en profite pour enfoncer davantage le clou en remettant au goût du jour le clivage éradicateur-réconciliateur qu’on croyait révolu : « Qu’on arrête les morts et les massacres, ajouta-t-il, nous sommes désespérés. Des Algériens qui tuent d’autres Algériens, c’est une bataille familiale et un véritable drame ». Faisant une promotion exacerbée de la réconciliation nationale comme étant un passage obligé, et son corollaire, une amnistie générale pour les terroristes du GIA, et évoquant ses liens étroits avec le président Bouteflika, sous-entendu qu’il est lui aussi « habilité » à faire des déclarations de cet acabit, Attaïlia, en tant qu’ancien militaire de rang, ne fait rendre que plus illisible une lecture cohérente des évènements actuels. Même si la sortie de Attaïlia n’a rien de surprenant puisqu’aussi bien Abdelkader Boukhamkham, ex-dirigeant du FIS, que le député islamiste, Ahcène Laribi, se sont inscrits dans la campagne qui veut « abattre » le général Nezzar et, par projection, les dirigeants politiques et militaires qui avaient pris leurs responsabilités en janvier 1992.

Mounir B.

 

 

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