Attentat ou message ?
Le Jeune Indépendant, 30 août 2001
34 personnes ont été blessées dans un attentat à lexplosif au pied de la
Casbah, quartier interdit hier, aux forces de lordre qui, à tort ou à
raison, percevaient sa population comme acquise aux groupes terroristes
durant les années de feu. Une Casbah qui, sans trop de bruit, sest
appliquée précocement cette fameuse réconciliation chantée à tue-tête au
plus haut niveau de la hiérarchie, mais qui se fait toujours désirer. Une
Casbah sans haine mais sûrement objet de haines.
Lattentat qui vient surprendre les Algérois dans ce lieu hautement
symbolique aura peut-être lécho médiatique recherché. Un attentat destiné à
frapper limagination au moment où la scène politique tend à semballer, à
la veille dune rentrée houleuse avec la contestation en Kabylie, la lutte
âpre et feutrée sur la révision du texte constitutionnel et les prochaines
élections qui risquent de remodeler de fond en comble la carte politique du
pays et de voir fondre comme neige au soleil les clients des «quotas», dans
la mesure où lurne parle vrai. Donc même si lon ignore qui est derrière l
attentat, on ne peut sempêcher de penser quil est conçu pour faire
pression quelque part. Sil ne sagissait que de terroriser pour terroriser,
il aurait été plus «payant» de faire exploser la bombe quelques jours avant,
alors que le Festival international de la jeunesse battait son plein et que,
parmi les jeunes hôtes de lAlgérie, certains rôdaient dans lantique cité.
A ce moment-là, le piémont de la Casbah était bondé de monde avant l
opération «coup de poing» du début de la semaine contre les centaines de
«vendeurs à la sauvette» à la place des Martyrs. Les dégâts auraient été
autrement plus importants. En tout cas, cet attentat, en écho aux massacres
de civils dans louest du pays, vient compliquer une situation qui a
tendance à se fragiliser davantage avec lappel à la mobilisation des
«janviéristes» de lintérieur et de lextérieur, lancé par Khaled Nezzar,
dans sa récente conférence de presse. M. Z.