Un week-end d’affrontements

Un week-end d’affrontements

Mohand Maokli, Le Quotidien d’Oran, 16 mars 2002

Les affrontements qui avaient débuté au début de la semaine dernière dans la ville des genêts ont atteint jeudi un degré de violence indescriptible à Tizi-Ouzou et se sont d’ailleurs propagés à la localité de Tizi Rached.

Les groupes de manifestants armés de projectiles et de cocktails Molotov ont mené un interminable face-à-face avec les gendarmes devant leur groupement mais aussi avec les CNS au niveau du boulevard Abane Ramdane, la rue Lamali Ahmed, la rue Houari Boumediène ainsi que le lotissement Bouziz et le boulevard Stiti pour la première fois. Ces affrontements qui ont entraîné des dégâts notamment au niveau des édifices publics, dont la tour de la direction régionale de la CNEP et ce qui restait du mur d’enceinte de la Sonelgaz, ont également fait plus de trente blessés parmi les manifestants. Deux d’entre eux ont été atteints au thorax par des grenades lacrymogènes. On signale également des brûlures dues aux cocktails Molotov chez au moins quinze éléments de la CNS et cela dans la seule journée de jeudi, dans la ville des genêts. Au cours de la même journée à Tizi Rached, l’émeute qui avait débuté la veille a dégénéré. Le renfort de la gendarmerie a opté pour des poursuites interminables des jeunes manifestants dans les rangs desquels on dénombre sept blessés.

Hier, la situation s’était apaisée quelque peu dans la ville des genêts bien que des affrontements avec les gendarmes soient enregistrés devant le premier rond-point. D’autre part, une tentative d’incursion et d’incendie du siège de la Sonelgaz a été avortée par les éléments de la CNS. Dans l’après-midi, on a appris un début d’échauffourées dans la ville d’Azazga qui aurait fait sept blessés parmi les manifestants. Par ailleurs, les travailleurs de la Sonelgaz ont décidé d’entamer une grève illimitée à l’échelle de la wilaya pour protester contre le «harcèlement» dont ils font l’objet depuis des mois, leurs locaux étant à chaque fois la cible des manifestants. Ils ont cependant décidé d’assurer un service minimum qui se limitera aux urgences des services hospitaliers.

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Bejaia

Emeutes à Akbou…

Z. Mehdaoui

La ville d’Akbou (50 km de Bejaïa) a vécu jeudi passé, au rythme des affrontements avec la police, et cela durant toute la journée. L’agence Sonelgaz, les contributions, un dépôt appartenant à l’ONCV, ainsi que le tribunal de la localité récemment rénové, ont été saccagés puis incendiés. Tout a commencé quand les délégués des «archs» de la localité ont voulu «rebaptiser» le lycée Hafsa, au nom de Haroun Ahmed, un militant de la cause amazighe natif de la région, incarcéré de 1976 à 1986 pour «délit d’opinion», et qui est décédé des suites d’une longue maladie. C’est lorsque la police a voulu empêcher les «archs» d’arracher la pancarte où est inscrit «lycée Hafsa», que les hostilités ont commencé. Les groupes de jeunes venus assister à la «cérémonie» s’organisèrent, et les affrontements commencèrent, pour atteindre plusieurs quartiers de la ville. Selon des sources médicales, une dizaine de «manifestants» ont «transité» par l’hôpital d’Akbou, pour diverses blessures notamment à la tête. Par ailleurs deux «mineurs» arrêtés par la police lors des émeutes, ont été relâchés, avons-nous appris d’une source sécuritaire. Hier, la tension planait toujours dans cette région de la vallée de la soummam. Les stigmates des affrontements de la veille étaient toujours visibles, néanmoins le calme est revenu, en cette journée de prière. La matinée a été vécue sans «heurts», mais dans l’après-midi des affrontements sporadiques et de faible intensité nous ont été signalés, entre les émeutiers qui ne décolèrent pas, et les CNS dépêchés sur les lieux.

A El Kseur, qui a été le théâtre d’affrontements avec la police et la gendarmerie durant plusieurs jours, le calme est revenu hier, mais la tension est toujours vive. Un meeting populaire devait être animé par Ali Gherbi hier en début de soirée. Enfin notons que le comité populaire s’est réuni hier au théâtre régional de Bejaïa (TRB), pour se prononcer semble-t-il, publiquement sur le discours du président de la république.