Emeutes à Souk Ahras après le meurtre d’un adolescent

EMEUTES A SOUK AHRAS APRES LE MEURTRE D’UN ADOLESCENT

Citoyens en colère

Par M. Rahmani, El Watan, 8 mai 2002

La cité populaire Ibn Rochd, un quartier périphérique de la ville de Souk Ahras communément appelé «108», a été, lundi vers 18 h 30, le point de départ d’une manifestation spontanée menée par des collégiens et quelques adultes après la mort violente d’un adolescent de 15 ans abattu par un homme armé. Très vite, les habitants ont accouru pour se joindre à la marche.

Arrivés en ville, les manifestants ont scandé des slogans hostiles au pouvoir : les «Houkouma haggara» et les «Berrouh beddam nafdik ya Chawki» fusaient de toutes parts pour s’amplifier sous les fenêtres de la résidence du wali, au centre-ville. Ensuite, ils se sont dirigés vers le siège de la sûreté de wilaya où un important dispositif de sécurité a été déployé. Un officier de police a négocié avec les meneurs qui ont finalement rebroussé chemin, non sans avoir au passage brisé, par des jets de pierres, les vitres des fenêtres d’un CEM tout proche. Le wali, le président de l’APC et le député FLN qui se sont déplacés pour rendre visite, le soir même, à la famille de la victime pour la soutenir et la rassurer quant à l’arrestation de l’auteur de cet acte criminel, ont réussi quelque peu à calmer les esprits et les manifestants se sont dispersés dans le calme tard dans la soirée. Le lendemain matin, la situation était de nouveau tendue, les commerçants qui ont ouvert leurs magasins ont dû les refermer vers 9 h et on sentait une atmosphère électrique. En effet, hier, tout a commencé au lycée Skanska, un établissement proche de la cité «108» où les manifestants ont tenté de faire sortir les élèves pour les amener à marcher avec eux. N’ayant pas réussi dans leur tentative, ils se sont rabattus sur l’amphithéâtre et les salles de cours qu’ils ont saccagés. Les casseurs se sont dirigés ensuite vers le centre universitaire où le même scénario a eu lieu. C’est à l’enterrement du petit Chawki que la situation a dégénéré. Plus d’un millier de personnes, armées pour la plupart de gourdins et de barres de fer, ont accompagné la dépouille mortelle vers le cimetière. Aux cris de colère et aux insultes proférées à l’égard du pouvoir répondaient les casseurs par des coups qu’ils portaient aux vitrines et aux enseignes lumineuses étatiques ou de particuliers. Au retour de l’enterrement, les marcheurs se sont arrêtés devant la maison d’arrêt qu’ils voulaient prendre d’assaut. Très vite, la police d’intervention est arrivée pour disperser la foule de manifestants à coups de bombes lacrymogènes. Cela n’a apparemment pas suffi et les manifestants se sont scindés en petits groupes pour harceler les forces de police. Selon nos informations, le coupable n’a pas encore été identifié et on n’a même pas retrouvé la douille de la balle qui a atteint le jeune adolescent, on ne saurait dire s’il s’agit d’un policier, d’un gendarme, d’un des agents des services de sécurité ou encore carrément d’un délinquant. Le seul indice relevé jusqu’à présent c’est la fille qui accompagnait l’auteur du crime qu’ont dit étudiante à l’université. Il convient de signaler que tard dans la soirée d’hier, le calme n’était pas encore revenu et la situation était toujours aussi tendue.